Les vols privés menacés?
La chasse aux émetteurs de CO2 continue. Quelques élus Ecolo souhaitent taxer les vols en jets privés. Le ministre fédéral de la Mobilité, lui-même Ecolo, préfère que le sujet soit traité au niveau européen.
Le succès des vols privés, depuis plus d’un an, ne plaît pas à tout le monde. En Belgique, le parti Groen souhaite taxer ces vols au moins à 3.000 euros par trajet. Un élu français, Julien Bayou (Europe Ecologie-Les Verts) aimerait même interdire ce type de vols dans l’Hexagone, et envisage de déposer une proposition de loi à l’Assemblée nationale en octobre. Argument : les émissions de CO2 par passager sont bien plus élevées pour ces vols que celles des vols réguliers, et leur kérosène n’est pas taxé.
Le ministre fédéral de la mobilité, Georges Gilkinet (Ecolo), se montre aussi fort critique à l’égard de ces vols. Il envisage une régulation conforme aux objectifs de réduction des émissions de CO2.
Porter le débat au niveau européen
“Nous souhaitons porter le débat au niveau européen, lors de la prochaine réunion des ministres des transports de l’UE. Cela nous semble plus adéquat car c’est un souci transfrontalier” dit Pascal Devos, porte-parole du ministre.
Georges Gilkinet est sur la même longueur d’onde que son homologue français, Clément Beaune, ministre délégué aux transports, qui parle aussi de porter le dossier à la réunion européenne d’octobre. “Il y a un certain nombre de comportements qui ne passent plus” a expliqué le ministre français au quotidien le Parisien. “Je pense qu’on doit agir et réguler les vols en jet privé. Cela devient le symbole d’un effort à deux vitesses”. Le gouvernement français n’exclut pas une forme de taxation ou l’obligation, par les sociétés, de publier les déplacements en jets privés. Le gouvernement Borne, qui n’a pas de majorité absolue à l’Assemblée nationale, cherche à donner des gages de son engagement en matière environnementale.
Il y a vols privés et vols privés
Le sujet est délicat car il y a vols privés et vols privés. Parfois ce sont des vols médicaux, des avions affrétés par une équipe de football par exemple. Certaines destinations sont difficiles à atteindre en vol commercial. Les vols privés démarrent avec des monomoteurs pour arriver aux jets long courrier. Les gouvernements utilisent aussi des avions privés. Le cadre d’une réglementation est donc complexe.
Pister les jets des milliardaires
Les vols qui excitent le plus l’imagination sont ceux des jets des CEO fortunés ou des stars. Le sujet à la mode ces dernières semaines est de “pister” ces avions sur des applications comme Flightradar ou d’adsbexchange.
Elon Musk et Bernard Arnault font partie des patrons “pistés” sur divers sites et dénoncé, au nom des émissions de CO2. Tous les avions émettent leur position et les données sont d’accès public.
Beaucoup de jet privé sont toutefois loués ou en propriété partagée, il n’est donc pas possible de savoir s’ils transportent tel ou tel CEO ou vedette.
Le rapport qui tue
Un rapport publié en mai 2021 par l’ONG Transport&Environnement fournit une base pour ceux qui critiquent ces vols. “Notre rapport conclut que les jets privés sont 5 à 14 fois plus polluants que des avions commerciaux (par passager) et 50 fois plus polluants que les trains” indique le document. Qui préconise l’obligation de convertir les jets privés au zéro émission à partir de 2030.
“D’ici ce bannissement à mettre en place en 2030, une taxe sur les vols et le carburant devrait être imposé sur le jet utilisant des carburants fossiles, en fonction de la distance et du poids de l’avion, pour tenir compte de leur impact sur le climat.”
Georges-Louis dit non
Tout le monde ne voit pas ces mesures d’un bon oeil, et ne souhaitent pas ouvrir le débat. Le président du MR, George-Louis Bouchez a rejeté la proposition de Groen (taxation). “Cela semble être une nouvelle idée populiste qui marque les médias et ne change pas grand-chose à la problématique globale du climat”, a-t-il déclaré à notre confrère La Libre.
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