Les déchets nucléaires empoisonnent les négociations Etat-Engie

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Le coût à prévoir pour leur traitement futur fait partie des noeuds qui retardent la décision concernant la prolongation de deux réacteurs nucléaires. On s’accorderait… sur une méthode de calcul?

Les négociations entre l’Etat fédéral et Engie pour la prolongation des deux réacteurs nucléaires de Doel 4 et Tihange 3 ne sont pas un long fleuve tranquille – c’est un euphémisme de l’écrire. Elles devaient se terminer le 31 décembre, mais ont dû être prolongées en ce début d’année, même si les deux acteurs se disent toujours déterminés à aboutir.

Parmi les points qui fâchent, la gestion future des déchets nucléaires revient sans cesse à l’avant-plan. Il est vrai que la méthode n’a pas encore été déterminée et que la définition du coût, dès lors, reste aléatoire.

Une facture contestée

Alors que l’on entrait dan la dernière ligne droite des discussions, mi-décembre, le CEO d’Engie, Thierry Saegeman, était sorti du bois pour la première fois. Avec des propos forts et la volonté d’infléchir la position de négociation de l’Etat fédéral.

L’opérateur menaçait ainsi de déposer un recours devant la Cours des marchés en cas de non-accord.

L’une des raisons du courroux d’Engie? La Commission des provisions nucléaires a récemment réévalué les provisions pour le démantèlement des centrales nucléaires belges et la gestion de l’aval du cycle du combustible usé. Une hausse de 2,9 milliards d’euros est avancée pour les provisions portées par Synatom et de 0,4 milliard pour celles portées par Electrabel, deux filiales d’Engie.

Ces 3,3 milliards se seraient ajoutés aux 14,5 milliards déjà provisionnés.

La Commission justifiait la hausse des provisions, entre autres, par les coûts de plus en plus grands liés au stockage de déchets nucléaires. Le groupe Engie avait proposé une augmentation de 900 millions d’euros et n’accepte pas les calculs de la CPN. Notre pays connaît déjà les provisions les plus élevées en Europe.

Les augmentations ne tiennent compte ni du comparatif et du contexte existants à l’échelle européenne, ni du fait que les provisions établies excéderont probablement les coûts de démantèlement et de gestion du combustible usé”, écrivait le groupe énergétique dans un communiqué diffusé le 20 décembre.

Une méthode de calcul

Le coût de la gestion future des déchets fait partie d’une large négociation dans laquelle on retrouve aussi la gestion partagée du risque de la prolongation des centrales au sein d’un outil de partenariat public-privé, mais aussi une visibilité fiscale en ce qui concerne la rente nucléaire et la taxation des surprofits.

Selon L’Echo ce mardi, il serait désormais question de “s’accorder sur une méthodologie de calcul de la facture de cette gestion des déchets, plutôt que sur un montant fixe“.

En Belgique, on le sait, rien n’est jamais simple et les accords sont souvent le fruit de mécanismes complexes… qui générent ensuite de nouvelles discussions.

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