Les conservateurs britanniques inquiets après la volte-face du gouvernement

Le ministre des Finances Kwasi Kwarteng et Liz Truss, Première ministre. © Belgaimage

Habituellement c’est une grande messe qui permet de resserrer les rangs. Mais les conservateurs britanniques réunis pour leur congrès annuel à Birmingham faisaient grise mine lundi, inquiets et désorientés après la volte-face du gouvernement sur une baisse d’impôts très contestée.

Ce congrès est le premier sous la direction de Liz Truss, Première ministre depuis moins d’un mois et déjà fragilisée. Dans l’enceinte du centre de conférence “c’est très agité, je dois dire”, lâche Graham Burgess, un élu local du sud de l’Angleterre. Habituée des congrès des conservateurs depuis “de nombreuses années”, Sarah Smith, autre élue locale du sud de l’Angleterre constate une ambiance “pas très enjouée”, “bien plus nerveuse” que les autres congrès qu’elle a connus.

Au coeur des conversations, le spectaculaire revirement du ministre des Finances Kwasi Kwarteng qui a annoncé lundi matin qu’il renonçait finalement à supprimer la plus haute tranche d’imposition à 45%, une mesure annoncée le 23 septembre dans le cadre de son “mini-budget”, qui avait suscité de nombreuses critiques.

Cette mesure était une “très très grave erreur” estime Graham Burgess. “On doit essayer d’aller de l’avant et essayer de restaurer foi et confiance dans le véritable conservatisme”, ajoute-t-il, regrettant le talent oratoire de l’ex-Premier ministre Boris Johnson, emporté cet été par les scandales à répétition. Cette mesure aurait profité à ceux gagnant plus de 150.000 livres sterling (171.000 euros) par an, en pleine crise du coût de la vie.

Ce sont les petites gens qui ont fait ce parti, ce sont les petites gens qui les ont élus, ils doivent se rappeler qui les a placés là avant tout“, poursuit Graham Burgess. “Je suis préoccupé”, lâche cet homme affable, “j’espère qu’ils vont réaliser ce qu’ils ont fait et arranger les choses, le plus tôt sera le mieux”, sans quoi, dans deux ans “les conservateurs seront cuits”.

L’horizon des prochaines élections générales de 2024 approche en effet à grands pas, l’opposition travailliste est dans une forme inédite depuis la fin des années 1990 et l’avènement de Tony Blair, avec une avance de 33 points selon une récente étude YouGov.

“Le mal est fait”

Au pouvoir depuis à peine un mois, Liz Truss tiendra-t-elle à la tête du parti d’ici là ? “Les prochains mois le diront”, souffle-t-il, “je ne sais pas”. “Deux ans, c’est long en politique”, veut quant à lui croire Nick Warren, un conservateur de 24 ans plein d’espoir quant à la capacité de Liz Truss à rebondir. “On peut changer beaucoup de choses” d’ici aux prochaines élections”, dit-il.

Après la volte-face sur la plus haute tranche d’imposition, “le mal est fait”, mais “c’est une bonne chose qu’elle ait écouté le pays et ce que les gens veulent”. Même si, selon lui, “ce n’était pas la bonne politique” du moment.

“On a des problèmes en termes de direction”, tranche Sapna Chadha, une militante de 49 ans. “Qui annonce quelque chose comme ça et change de cap d’un jour sur l’autre ?”, s’étonne-t-elle, “on ne s’en sortirait jamais comme ça” dans le monde des affaires.

Cette volte-face fait aussi des déçus. Helen Mayer, 50 ans, qui se décrit comme une partisane du libre-échange, explique que sur les groupes Whatsapp de ce courant, la mesure hautement controversée “aurait pu être défendue”. “Je veux entendre Liz avancer des idées pour la croissance. Je veux voir la fin” de choses comme l’objectif de la neutralité carbone à l’horizon 2050, “qui ne feront que nous ruiner”, explique-t-elle, avançant des idées répandues dans une frange du parti plus préoccupé par l’économie que par l’environnement.

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