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Le prix du gaz baisse, car il y en a… trop !

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

Je crois que c’est l’écrivain Daniel Pennac qui disait que “le pire dans le pire, c’est l’attente du pire”. Mais comme il a tellement raison !

On l’a vu durant ces derniers mois avec le prix du gaz. Regardez tous ces articles qui reprenaient l’expression WINTER IS COMING (le titre d’un feuilleton célèbre) pour nous annoncer un hiver rude et ultra cher pour notre portefeuille. Oui, sauf que pour le moment le prix du gaz est en très forte baisse. Moins de 40%, et cela ne fait pas UNE des médias. J’étais encore à table avec des dirigeants d’entreprise il y a deux jours, et sauf un seul d’entre eux, aucun n’était au courant que le prix du gaz est en forte baisse. Sans doute parce qu’à force d’être gavé de mauvaises nouvelles, on en arrive presque à penser que les bonnes nouvelles sont des FAKE NEWS.

Pourtant, comme le fait remarquer mon commentateur boursier préféré Marc Fiorentino, aussi étonnant que cela puisse paraître, il y a trop de gaz aujourd’hui. “Les stocks sont pleins à ras bord et l’Espagne, qui a le plus nombre de terminaux de traitement de gaz naturel liquéfié, a limité l’arrivée des cargos, car elle n’a plus de capacité de stockage”. Il y a donc trop de gaz et les prix se sont effondrés de 40%. Bizarre ? Non, prévoyant un hiver rude, l’Europe a acheté, mais vraiment acheté à tour de bras tout ce qu’elle pouvait acheter en matière de gaz disponible. Mais ce n’est pas l’unique raison de la baisse du prix du gaz. Il y a aussi le prix. Lorsque ce dernier augmente trop, c’est bête comme choux, la demande diminue. Et puis, comme l’économie européenne ralentit et que la saison est anormalement douce, la consommation de gaz diminue automatiquement, et les prix suivent à la baisse.

Marc Fiorentino n’est pas surpris. Il avait déjà annoncé cette décrue en aout dernier quand tout le monde annonçait la fin du monde et que les micros des médias ne cherchaient que des Cassandres pour nous annoncer Armagedon. Mais attention : si la baisse du prix du gaz est une bonne nouvelle, car elle signifie aussi la baisse du prix de l’électricité, il faut rester prudent. Le marché reste volatil et on n’est jamais à l’abri d’une remontée pour telle ou telle raison. En attendant, même les dirigeants de la Commission européenne le répètent, ce n’est pas cet hiver qui va poser problème, mais le suivant. Le gaz russe ne représentera alors qu’une très, très petite partie de notre stockage. Reste que cette peur d’un hiver douloureux permet aux citoyens d’avoir des gestes écoresponsables qu’ils n’auraient jamais accomplis sans cette peur au ventre. C’est une réelle opportunité pour accélérer le développement des énergies renouvelables.

Et si cet hiver se passe bien, ce sera aussi grâce à la solidarité intra-européenne. Le Wall Street Journal, journal de droite américaine, est admiratif de la manière dont les échanges de gaz se font à l’intérieur de l’Union européenne dans un but de coopération en fonction des demandes et des stocks locaux. L’Europe avait déjà augmenté sa crédibilité avec la pandémie. Souvenez-vous, à l’époque les commentateurs du court terme nous disaient que la Chine se débrouillait mieux que nous, et que finalement une dictature n’avait pas que de mauvais côtés. Foutaises ! Aujourd’hui, la Chine va mal. Elle est encore obligée de boucler des villes entières en raison de sa politique de zéro-covid. Les Chinois sont insuffisamment vaccinés et leur vaccin Made in China n’est pas très efficace. Mais ça, qui le dit ?

Répétons-le : c’est une bénédiction de vivre en Europe. Tout le monde l’oublie. Exactement comme l’écrivain Sylvain Tesson le disait à propos de nos amis français, “ils vivent au Paradis, mais se croient en enfer”.

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