La “dönerflation” secoue l’Allemagne

© Getty

Va-t-on plafonner le prix du kebab en Allemagne ? La question secoue le pays.

La “dönerflation” – soit la hausse rapide du prix des kebabs- inquiète l’Allemagne, surtout les jeunes pour qui c’est l’un des plats les plus consommés.

Si le terme “dönerflation” peut passer pour un simple jeu de mots, la question n’a rien d’anecdotique puisque cette industrie est estimée à 7 milliards d’euros. Ce plat, composé d’une galette de pain garnie de viande finement tranchée et de légumes, a été introduit par des immigrants turcs en Allemagne. Avec succès, puisque des millions en sont consommés chaque jour, dont 400 000 rien qu’à Berlin. Une ville où c’est même devenu une institution au même titre que la “currywurst”.

Sa popularité doit beaucoup à son prix qui est resté très longtemps démocratique. Sauf qu’en deux ans, il est passé du simple au double. Ainsi, alors qu’il ne coûtait, en moyenne, qu’entre 3 et 4 euros en 2022, il n’est aujourd’hui plus rare de payer 10 euros (en moyenne le prix se situe entre 7 et 10 euros).

La grogne est telle face à ce doublement du prix du döner, qu’elle a poussé Olaf Scholz à s’expliquer sur les réseaux sociaux.

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Pour lui, cette explosion des prix est due à la hausse des salaires et des coûts énergétiques, résultant du sevrage du gaz russe suite à l’invasion de l’Ukraine par Vladimir Poutine. Ce que confirment les vendeurs de kebab. Dans The Guardian, l’un d’eux confie qu’ils ont “l’un d’eux confie qu’ils ont “été contraints d’augmenter le prix en raison de l’explosion des prix des loyers, de l’énergie et des denrées alimentaires. Les gens pensent que nous les trompons, mais nous n’avons aucun contrôle sur ce phénomène.”

Un prix plafonné pour le döner ?

Pour éviter que cette hausse ne continue à grimper, Die Linke, un parti d’extrême gauche, propose un « Dönerpreisbremse », un plafond sur le prix du döner. “Pour éviter que la nourriture devienne un produit de luxe”, il préconise de plafonner le prix du döner à 4,90 euros et même à 2,90 euros pour les jeunes. Ce plafond serait également assorti de “bons pour des kebabs”. D’après les calculs du parti, la mesure coûterait tout de même près de 4 milliards d’euros (3,9 exactement), précise le Bild.

Le parti de gauche n’est pas le seul à aborder officiellement le sujet. Hanna Steinmüller, députée des Verts, un parti qui prône pourtant plutôt un régime végétarien, a abordé cette question au parlement.

Une utopie ?

En attendant, Olaf Scholz a officiellement douché les espoirs et refusé toute idée de plafonnement des prix. Pour lui, il est impossible de contrôler les prix des produits alimentaires dans une économie de marché. Il rajoute qu’un plafonnement est surtout inutile. L’inflation commence déjà à baisser et il salue au passage le “bon travail de la Banque centrale européenne”.

Cette position non interventionniste est partagée par le reste de l’Europe. Pour beaucoup d’économistes, instaurer un contrôle des prix des produits alimentaires n’est rien d’autre qu’une hérésie. Ce qui fait que même si beaucoup y ont pensé au plus fort du pic de l’inflation, peu d’états sont passés à l’acte. Seules la Hongrie et la Croatie ont mis en place de tels systèmes, chacune avec des résultats très différents. La Hongrie a ainsi plafonné, durant un certain temps, le prix des côtes de porc, des escalopes de poulet, de l’huile de tournesol, des pâtes ou encore du pain.

Le résultat a été selon Les Echos, une inflation alimentaire atteignait 49,6 % à son pic et des pénuries. La Croatie, elle s’en est mieux sortie puisqu’elle est parvenue à limiter l’inflation à 20%. Mais son adoption au 1er janvier 2023 de l’euro a probablement joué.

Les espoirs déçus d’un prix plafonné pour le döner n’ont pas pour autant découragé certains jeunes Allemands. Ils ont simplement changé leur fusil d’épaule. Ils réclament désormais le retour d’une certaine Angela Merkel. Le pouvoir d’influence du döner n’a décidément pas de limites.

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