Le nouveau gouvernement de Liz Truss semble déjà être au point mort

Kwasi Kwarteng était rentré précipitamment vendredi matin de Washington où il assistait aux réunions annuelles du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale. © Belgaimage

Dès ses premières semaines d’existence, le nouveau gouvernement Truss a terni sa réputation et perdu la confiance de presque tous, en faisant s’envoler les taux d’intérêt et l’inflation, rendant ainsi un retour à la croissance bien plus difficile.

Il était censé inaugurer une ère de croissance économique, mais la déclaration du nouveau ministre britannique des finances, Kwasi Kwarteng, a marqué le début d’une crise. En annonçant une réduction d’impôts de 45 milliards de livres non encore financée et des mesures temporaires pour aider à payer la facture énergétique, il a effrayé les marchés financiers. Les investisseurs prenant peur, les rendements obligataires ont augmenté, obligeant la Banque d’Angleterre à déclarer qu’elle était prête à acheter des quantités illimitées d’obligations à long terme pour rétablir l’ordre sur les marchés. La livre est tombée à son plus bas niveau historique par rapport au dollar. Le Fonds monétaire international a condamné le plan de Kwarteng.

Truss et Kwarteng veulent – à juste titre – stimuler la croissance économique. Le ministre des finances a annoncé des réformes majeures : il veut accélérer les projets d’infrastructure et la construction de logements, ainsi que mener une politique d’immigration plus libérale. Avec cela, son gouvernement peut vraiment faire la différence. Mais les chances de succès se sont désormais fortement réduites.

L’une des raisons est d’ordre économique. La réaction du marché à ces mesures nuit à la croissance au lieu de la stimuler. Avec la faiblesse de la livre, le Royaume-Uni importe l’inflation, ce qui érode les revenus réels. La Banque d’Angleterre a déclaré sans équivoque qu’elle relèverait fortement ses taux d’intérêt en novembre. C’est une mauvaise nouvelle pour les personnes qui ont des prêts hypothécaires et pour le gouvernement, qui doit en conséquence payer plus d’intérêts sur la dette publique.

Une autre raison est l’incompétence de ce gouvernement. La croissance dépend de la stabilité politique, mais les mesures annoncées représentent un rejet complet de l’engagement de longue date des Tories en faveur de finances publiques saines. Les énormes réductions d’impôts proposées ne s’amortiraient jamais d’elles-mêmes. Le refus de ce gouvernement de voir la nécessité d’établir des relations plus constructives avec l’Union européenne, le plus grand partenaire commercial de la Grande-Bretagne, correspond à ce tableau.

Les amoureux du froid

Enfin, les Britanniques semblent être des amoureux de la croissance mais sont peu enclins à faire les sacrifices nécessaires pour y parvenir. Dans un sondage réalisé par The Economist, 53 % des personnes interrogées ont déclaré que “le gouvernement devrait dépenser davantage pour les soins de santé et les retraites, même si les infrastructures et la recherche en pâtissent”. Dans une enquête réalisée par le groupe de réflexion Demos, une grande partie de la population a déclaré qu’elle s’opposerait à l’ouverture d’une université ou d’un établissement d’enseignement supérieur dans sa ville si cela “attirait davantage de personnes venant d’ailleurs”.

Il semble donc que Mme Truss aura du mal à vendre à ses députés des mesures véritablement favorables à la croissance mais impopulaires, telles une augmentation de l’immigration, car six sur dix sont nés dans la même région que la circonscription qu’ils représentent. Ils risquent donc d’empocher les réductions d’impôts et de rejeter les réformes qu’ils sont censés financer.

(Trends-The Economist)

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