La Russie avertit l’Europe que le gaz sera beaucoup plus cher

Dimitri Medvedev

Dimitri Medvedev, actuel vice-président du Conseil de sécurité russe, a estimé que l’Europe allait bientôt payer 2.000 euros pour 1.000 mètres cubes de gaz, soit plus du double du prix actuel.

L’ancien président russe réagissait à la décision du chancelier allemand Olaf Scholz de ne pas autoriser, pour l’instant, les livraisons de gaz via le nouveau gazoduc Nord Stream 2 entre la Russie et l’Allemagne, la procédure d’approbation du gazoduc ayant été interrompue.

“Bienvenue dans une toute nouvelle réalité, où les Européens devront bientôt payer 2.000 euros pour 1.000 mètres cubes de gaz”, a tweeté M. Medvedev.

Le gaz naturel se négocie actuellement à 79 euros le mégawattheure en Europe, après avoir fortement augmenté dans un contexte d’escalade des tensions autour de l’Ukraine. Cela revient à 830 euros pour 1.000 mètres cubes de gaz.

La Commission ne s’attend pas à de graves problèmes d’approvisionnement gazier

Malgré l’aggravation du conflit dans l’est de l’Ukraine avec la Russie, la Commission européenne ne s’attend pourtant pas à de graves soucis d’approvisionnement en gaz pour l’Europe. “Nous ne sommes pas dans une situation où, du jour au lendemain, nous nous retrouverions sans gaz”, a assuré mardi un porte-parole de l’exécutif européen.

La reconnaissance par Moscou de l’indépendance des républiques autoproclamées de Donetsk et de Lougansk (est de l’Ukraine), ainsi que l’envoi annoncé de forces russes, déclenchaient mardi une série de sanctions de la part de l’Occident. Une riposte russe n’est pas exclue. Elle pourrait passer par la fermeture, partielle ou totale, des robinets gaziers vers l’Europe, encore qu’une telle mesure en coûterait aussi à Moscou.

Interrogée mardi lors du point presse quotidien, la Commission a rappelé que les réserves de gaz en Europe étaient actuellement remplies à 30% des capacités. Plusieurs pays approchés ces derniers mois par l’UE en raison des tensions russo-ukrainiennes seraient prêts à fournir du gaz naturel liquéfié, comme l’Azerbaïdjan, l’Égypte, le Nigeria ou la Norvège, d’autres (Japon, Corée du Sud) pourraient rediriger vers l’Europe des méthaniers qui leur sont destinés. Le week-end dernier, la présidente de la Commission Ursula von der Leyen avait encore affirmé que l’UE pouvait passer le reste de l’hiver sur ses réserves de gaz, même si les fournitures en provenance de Russie s’arrêtaient.

L’UE couvre près d’un quart (24%) de ses besoins en énergie grâce au gaz, dont 90% environ est importé. De ces importations, 40% proviennent du géant russe Gazprom.

L’Allemagne, par la voix de son chancelier Olaf Scholz, a annoncé mardi la suspension de la mise en service du nouveau gazoduc Nord Stream 2 reliant la Russie à l’Allemagne, ce qui na pas d’impact sur l’approvisionnement puisqu’il ne fonctionnait pas encore. Washington, qui avait multiplié les pressions sur Berlin, a “salué” cette décision, tandis que l’ancien président russe Dmitri Medvedev s’en moquait: “bienvenu dans le meilleur des mondes, où les Européens devront bientôt payer 2.000 euros pour mille mètres cubes de gaz”, a-t-il écrit sur Twitter.

Le gaz naturel se négocie actuellement autour de 80 euros/MWh en Europe, à la suite des fortes tensions autour de l’Ukraine, soit quelque 830 euros pour mille mètres cubes.

Dans ses importations gazières, la Belgique est dépendante à hauteur de 3 à 4% du gaz russe. Le président de la N-VA Bart De Wever a néanmoins bondi sur les déclarations de Dmitri Medvedev pour plaider à nouveau en faveur de la prolongation des deux plus récents réacteurs nucléaires belges. Le président du MR Georges-Louis Bouchez a fait de même: “Il faut quoi pour comprendre qu’augmenter sa dépendance au gaz est de la folie ? Prolongeons le nucléaire maintenant et établissons un mix énergétique qui garantisse notre indépendance, le climat et le prix”, a-t-il lancé sur Twitter.

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