L’intégration des personnes d’origine étrangère au coeur d’une conférence sur l’emploi
Une conférence sur l’emploi est organisée ces mardi et mercredi à Bruxelles sous l’égide du ministre de l’Emploi, Pierre-Yves Dermagne et de la secrétaire d’État à l’Égalité des genres, des chances et à la diversité, Sarah Schlitz. Pendant deux jours, politiques, syndicats et parties prenantes vont réfléchir et débattre autour de “l’intégration des personnes d’origine étrangère sur le marché du travail”.
“Nous constatons aujourd’hui que les principaux indicateurs du marché du travail tels que le taux d’activité et le taux d’emploi sont à des niveaux record même s’il reste encore du pain sur la planche pour atteindre un taux d’emploi de 80% selon l’objectif fixé par les gouvernements régionaux et le fédéral (d’ici 2030, NDLR). Et la position des personnes étrangères sur le marché du travail s’est également améliorée”, introduit M. Dermagne devant une assemblée tout ouïe et concentrée.
“Cependant, la situation reste à certains égards alarmante“, prévient-il. “Ainsi le taux d’emploi des personnes originaires de pays hors de l’UE, en Belgique, est le plus faible de l’Union: 53,6% en 2021 pour une moyenne de 63,4% dans l’Europe des 27. La différence de taux d’emploi entre Belges et non Européens, s’établit à 31%, il s’agit là d’un triste record.”
La crise du coronavirus n’a pas amélioré le tableau puisqu’elle a plus largement impacté les personnes d’origine étrangère, tandis que la relance a davantage profité aux personnes d’origine belge, selon le ministre.
Toute une série d’obstacles jonchent le parcours des migrants et des étrangers débarqués au Plat pays: la rigidité du marché du travail, la précarité des contrats, l’absence de maitrise des langues nationales, le problème des équivalences de diplômes, le statut des demandeurs d’asile, des femmes et des sans-papiers, … autant d’écueils à surmonter pour tenter de décrocher un emploi, dans un contexte économique difficile.
“Des goulots d’étranglement apparaissent dans certains secteurs et rendent les barrières un peu moins élevées”, constate encore M. Dermagne, formulant l’espoir de jours meilleurs pour les personnes d’origine étrangère dans un avenir proche.
“Nous devons créer des opportunités pour les groupes durement touchés par la crise, comme les personnes peu qualifiées, les migrants et les jeunes, tout en élargissant le marché du travail à des groupes qui étaient déjà sous représentés auparavant. Cela conduira à un marché du travail plus diversifié, dans lequel la lutte contre toutes les formes de discrimination est essentielle.”
Dans la lignée du discours politique, les syndicats avancent des pistes de réflexion, mais aussi des propositions concrètes: Il faudrait renforcer les services d’inspection du travail, s’attaquer à la discrimination sur le genre et l’origine (et donc ratifier la convention 190 de l’Organisation internationale du travail contre la violence et le harcèlement au travail), faciliter les plans d’actions positives dans les entreprises, durcir les règles contre le détachement et lutter contre le dumping social…, égrène Raf de Weerdt, secrétaire fédéral FGTB, au nom de tous les partenaires sociaux.
De son côté, Unia, le centre interfédéral pour l’égalité des chances, recommande d’intégrer la lutte contre la discrimination dans les plans de prévention au travail et permettre aux services d’inspection d’intervenir via des mesures de régularisation ou l’imposition de PV si nécessaire.
Cette conférence annuelle sur l’emploi est destinée à développer des plans sur mesure, dans une approche intégrée avec les partenaires sociaux et les organismes associés (Unia, SPF Emploi, Ciré, Conseil national du travail, …).
Mercredi, les groupes de travail (diversité, accès au marché du travail, conditions de travail, détachement et dumping social ainsi que genre) présenteront leurs travaux. Des débats avec les ministres régionaux compétents puis les partenaires sociaux compléteront le programme de l’après-midi avant la conclusion vers 16h50 du ministre Dermagne.