L’économie belge, particulièrement sensible à l’inflation

Entre février 2021 et février 2022, selon l’indice harmonisé permettant une comparaison entre pays, les prix ont augmenté de 4,2 % en France, de 5,5 % en Allemagne, de 7,3 % aux Pays-Bas et de 9,5 % en Belgique, constate l’économiste Eric Dor (IESEG).

“L’inflation belge est supérieure à celle de tous les autres pays de la zone euro, à part l’Estonie et la Lituanie”, précise-t-il. Ainsi, la hausse du prix de l’électricité est de 4,9 % en France, et de 72,8 % en Belgique ; le prix du beurre a progressé de 1,3 % en France, et de 15 % en Belgique.

Il n’y a pas une seule explication à ces écarts. Déjà par le passé, la Banque nationale de Belgique avait été interpellée par la différence du niveau des prix entre la Belgique et les pays voisins. On avait cherché les raisons : l’indexation des salaires, la nécessité d’avoir des étiquettes spécifiques, une concurrence imparfaite dans certains secteurs, etc. Mais outre le niveau déjà élevé des prix, la hausse est également plus rapide chez nous. Une des explications réside encore dans la hausse des prix de l’énergie. “Dans l’énergie, nous payons en Belgique une gestion qui n’est pas un modèle, alors que l’effort budgétaire consenti en France pour alléger l’impact sur les ménages de la hausse des prix du gaz et de l’électricité est colossal”, souligne Eric Dor. Mais l’indexation automatique des salaires, qui répercute la hausse des prix plus rapidement, joue aussi un rôle. Et puis, comme le souligne Larry Fink, patron de BlackRock, le plus grand gestionnaire d’actifs au monde, “l’invasion russe de l’Ukraine a mis fin à la mondialisation que nous avons connue au cours des trois dernières décennies”. Or, la Belgique est une petite économie très ouverte qui souffre plus particulièrement lorsque le monde se ferme. De grandes économies comme la France ou l’Allemagne peuvent trouver plus facilement chez elles des produits de substitution aux produits importés.

Un taux “grotesque”

Cette inflation a évidemment un impact sur les taux. L’obligation à 10 ans de l’Etat belge est repassée au-dessus de 1 %. Les taux hypothécaires ont suivi : pour un taux fixe sur 20 ans, il faudrait, selon Guide-épargne.be, payer 2,1 % en moyenne alors que le tarif n’était que de 1,5 % fin de l’an dernier.

Mais c’est l’épargnant qui est le plus touché : “Le taux de l’épargne réglementée en Belgique est devenu grotesque. Avec 0,11 % sur le livret et une inflation de 9,5 %, un épargnant perd presque 10 % du pouvoir d’achat de son épargne en un an, souligne Eric Dor. Malgré cela, les encours restent importants parce que les gens qui ne souhaitent pas prendre de risque restent collés au livret (dont l’encours dépasse désormais 300 milliards)”. Ce flux dans les livrets est un problème pour les banques. Après Axa, ING, Argenta, BNPP Fortis à son tour va limiter les dépôts sur le livret (250.000 euros maximum) à partir d’avril parce que les banques qui déposent des liquidités auprès de la Banque nationale doivent payer un taux de 0,5 %. “Une partie de ces dépôts est exonérée mais tout nouveau dépôt se retrouve au moins temporairement parqué sur le compte courant de la BNB. Et les banques doivent payer une taxe de 0,5% sur ces liquidités”, explique Eric Dor.

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