“Il faut amplifier les pensions complémentaires pour tous”

Bruno Colmant. © Belgaimage
Sebastien Buron
Sebastien Buron Journaliste Trends-Tendances

L’économiste Bruno Colmant se dit rassuré par le projet de réforme des pensions de la ministre Karine Lalieux quant à son volet relatif au second pilier qui devrait, selon lui, être davantage développé.

1. Vous avez été l’un des premiers, voici quelques mois, à monter au créneau pour contrer une éventuelle réforme des pensions complémentaires. Le projet de la ministre Karine Lalieux vous rassure-t-il à ce niveau-là ?

Je suis rassuré par la ministre qui se limitera à contrarier d’éventuels abus. Elle a raison de ne pas modifier la structure du second pilier car cela permet d’associer les employeurs à la constitution de pensions complémentaires. C’est aussi rassurant pour la pension libre complémentaire des indépendants. On voit clairement qu’il faut migrer vers un système de pension à deux étages : une pension légale qui évoluera tendanciellement vers un montant légèrement modulable et une pension complémentaire qui devra rester un stimulant rémunératoire attractif sous l’angle fiscal. On va se rapprocher des systèmes des pays nordiques.

2. Selon ses partenaires libéraux au sein du gouvernement fédéral qui l’ont fait sèchement savoir, le projet de la ministre semble difficilement finançable à terme. Un des leviers pour remédier à ce problème de financement, entre le nombre de personnes actives qui diminue inexorablement et celui des retraités qui ne cesse d’augmenter, ne consisterait-il pas à élargir le système des pensions complémentaires de manière à ce que tout le monde puisse y avoir accès ?

Le système des pensions doit conjuguer la responsabilisation individuelle et la solidarité propre à un Etat social. Il s’agit d’un système assurantiel qui doit respecter la méritocratie. Nonobstant son coût, qui m’est inconnu, je suis agréablement surpris par cette réforme, sa modularité et son souci de justice sociale, notamment vis-à-vis des femmes qui sont pénalisées par la situation actuelle. J’en tire un sentiment intuitif de sécurisation, ce qui est essentiel, car on ne recommence pas sa vie à l’âge de 65 ans. Concomitamment, il faut amplifier les pensions complémentaires pour tous par un système de capitalisation qui bénéficie d’avantages fiscaux.

3. Dans ce contexte, quel conseil donneriez-vous à un jeune indépendant qui veut préparer sa pension ?

Nombreux sont ceux qui sont illusionnés par le maintien de leurs revenus lors de leur prise de pension. Il faut donc, très jeune, investir pour le très long terme, c’est-à-dire se constituer une épargne en actions, même très modique lors des prochaines années. Il faut aussi utiliser toutes les possibilités fiscales en matière d’assurance-vie, d’épargne pension et de pension libre complémentaire. Il faut aussi souscrire une assurance de revenus garantis, qui octroie un revenu de remplacement lors d’un accident ou d’un handicap.

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