“Il est urgent de consommer moins de gaz naturel”

Un tronçon du gazoduc Power of Siberia de Gazprom, à la station d'Atamanskaya. © REUTERS/Maxim Shemetov
Daan Killemaes Economiste en chef de Trends Magazine (NL)

L’Europe sera confrontée à un hiver difficile de par le fait que la Russie réduit ses approvisionnements en gaz naturel. “La réponse de l’Union européenne à la crise énergétique est trop tiède. Il me manque un sentiment d’urgence chez les décideurs politiques”, déclare Mathieu Blondeel, expert en géopolitique de l’énergie à la Warwick Business School en Grande-Bretagne.

Comment les responsables politiques doivent-ils réagir à la pénurie imminente de gaz naturel ?

“Les PDG des géants français de l’énergie comme Total et Engie appellent à une réduction de la consommation en raison du risque de pénurie l’hiver prochain. Les politiciens doivent également prendre en compte ce message.”

La situation est-elle critique ?

“En été, les fournisseurs de gaz naturel profitent normalement des prix bas pour reconstituer leurs stocks pour l’hiver. Mais les prix sont déjà très élevés. Il n’y aura peut-être pas de pénurie physique cet hiver si l’industrie réduit sa consommation, mais nous courons un risque de prix exorbitants. Il est hors de question d’importer du GNL à grande échelle en provenance des États-Unis ou du Qatar à des prix moindres. La réduction de la demande est une priorité !

Grâce à Zeebrugge, la Belgique bénéficie d’un approvisionnement diversifié en gaz naturel.

“Oui, cela réduit notre risque d’un manque d’approvisionnement, mais le risque de hausse des prix reste très grand. En cas de pénurie, nous sommes également tenus d’envoyer du gaz naturel aux pays de l’UE qui en manquent. Cet arrangement va-t-il durer ? Au plus fort de la crise du Covid, il y avait une sorte de “nationalisme vaccinal”. Bientôt, vous aurez peut-être un nationalisme du gaz naturel.”

Cette crise va-t-elle s’éterniser ?

“La question cruciale est de savoir jusqu’à quel point notre population reste solidaire à payer le prix économique de notre soutien à l’Ukraine. À plus long terme, nous n’avons pas d’autre choix que d’investir dans les énergies renouvelables, la réduction de la consommation d’énergie et la diversification des approvisionnements énergétiques.”

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