Carte blanche

Il est temps de changer les normes alimentaires pour lutter contre le changement climatique

Il est temps de changer les normes alimentaires pour lutter contre le changement climatique: l’UE doit subventionner les boissons végétales dans les écoles belges.

Nous sommes au coeur d’une crise climatique d’origine humaine (1). Le système alimentaire mondial est responsable d’un tiers de toutes les émissions causées par l’homme (2), dont environ 50 % proviennent du secteur animal (3). Pourtant, l’UE a actuellement prévu de dépenser 95 millions d’euros pour 2022/2023 afin de subventionner le lait de vache issu de l’élevage industriel dans les écoles. Et ce, bien que des alternatives riches en nutriments et plus respectueuses de l’environnement soient désormais largement disponibles.

L’UE s’est engagée à être le moteur de la lutte mondiale contre le changement climatique. Les dirigeants européens aspirent à faire de l’Europe la première économie mondiale à devenir neutre sur le plan climatique d’ici à 2050. Le dernier rapport du GIEC souligne l’importance des régimes alimentaires à base de plantes comme mesure concrète de réduction des émissions pour atténuer le changement climatique. Le groupe d’experts des Nations unies sur le climat invite également les responsables politiques à supprimer les barrières et les obstacles existants et à mettre en place des incitations, des politiques et des réglementations pour promouvoir et accélérer la transition. Enseigner à nos enfants des habitudes alimentaires durables est essentiel pour favoriser la transition.

Le programme européen de distribution de fruits, légumes et lait dans les écoles subventionne la fourniture de ces produits à des millions d’enfants en Belgique et dans l’UE. Dans sa forme actuelle, il s’agit d’un exemple de réglementation et de subvention qui maintient les normes existantes avec l’objectif explicite d’encourager et d’apprendre à des générations de personnes à consommer du lait au moment où les habitudes alimentaires des enfants se forment.

Emna Everard, fondatrice et CEO de Kazidomi, ajoute : “Une transition vers une alimentation plus végétale doit être encouragée pour de nombreuses raisons qui ne font plus débat aujourd’hui. Cependant, des idées reçues freinent le développement de l’alimentation végétale. Infondées, ces idées doivent être adressées dès le plus jeune âge afin d’encourager une alimentation plus saine, plus durable et plus juste. Il faut briser les mythes et informer.

Le public fera alors les bons choix, j’en suis certaine. Aujourd’hui encore beaucoup de personnes se trouvent perdues à cause de certaines informations fausses et non scientifiques sur l’alimentation qui sont pour la plupart tout simplement désuètes et en inadéquation totale avec les connaissances scientifiques actuelles.”

Cette évolution de la société, qui voit de nombreux jeunes adopter des régimes à base de plantes pour des raisons médicales, sanitaires, environnementales et éthiques, devrait être reconnue et encouragée par le système scolaire européen. Ces changements alimentaires subtils devraient commencer à l’école, en raison de l’influence considérable que les habitudes alimentaires développées pendant l’enfance ont sur les choix alimentaires des enfants plus tard dans la vie.

L’ouverture du programme de l’UE à des alternatives végétales enrichies ne signifie aucun sacrifice pour la nutrition des enfants. Compte tenu des preuves scientifiques, de l’urgence climatique et du rôle important que jouent les écoles dans la définition des normes, il est primordial que les écoles enseignent et encouragent les habitudes alimentaires à base de plantes. Et les gens sont d’accord. 65 % des Belges pensent qu’en initiant les enfants à l’alimentation végétale à l’école, nous pourrions poser les bases d’un mode de vie durable. (4)

La consultation publique de la Commission européenne sur le programme scolaire, clôturée en juillet dernier a récolté plus de 71.000 signatures. Cela montre un vrai intérêt de la population européenne et la volonté qu’un changement soit opéré. En ouvrant la voie à l’inclusion des boissons végétales enrichies dans le programme scolaire de l’UE, l’UE offrirait une plus grande liberté de choix aux écoliers et encouragerait des habitudes alimentaires basées sur les plantes. En participant à la consultation publique, chacun pouvait faire entendre sa voix et contribuer à façonner la législation et à soutenir la transition vers une alimentation végétale. Pour que l’UE puisse tenir son engagement à long terme de décarboniser le secteur alimentaire, les alternatives végétales ne peuvent plus être exclues.

“Nous pouvons également souligner que l’industrie laitière peut avoir de nombreux impacts environnementaux négatifs. Le plus connu étant les émissions de gaz à effet de serre générées qui sont très souvent largement supérieures à celles liées à la production de laits végétaux. Ceci sans compter la pollution des eaux et sols ou encore le dégradation du bien-être animal.”, conclut Emna Everard.

Il est nécessaire d’inclure les boissons végétales enrichies dans le programme scolaire afin de:

  • refléter la nécessité de transformer le système alimentaire et de supprimer les obstacles structurels qui entravent le passage à une alimentation à base de plantes
  • veiller à ce que les enfants qui ne peuvent ou ne veulent pas boire de lait de vache pour des raisons médicales, éthiques, environnementales, religieuses ou autres aient accès à des boissons à base de plantes dans les mêmes conditions que ceux qui consomment du lait et des produits laitiers
  • promouvoir des régimes alimentaires sains à base de plantes, conformément au nouveau programme de santé publique de l’UE
  • aider les enfants à élargir leur palette de goûts en développant des modes d’alimentation sains et durables et faciliter le changement sociétal.

La normalisation des boissons végétales enrichies dans les écoles est une étape logique, qui doit être franchie dans l’intérêt des personnes et de la planète.

Emna Everard, Fondatrice et CEO de Kazidomi

(1) IPCC, 2019, Sixth Assessment Report; Summary for Policymakers (https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg1/downloads/report/IPCC_AR6_WGI_SPM.pdf)

(2) Crippa, M., Solazzo, E., Guizzardi, D., Monforti-Ferrario, F., Tubiello, F. N., & Leip, A. J. N. F. (2021). Food systems are responsible for a third of global anthropogenic GHG emissions. Nature Food, 2(3), 198-209. https://doi.org/10.1038/s43016-021-00225-9

(3) Poore, J., & Nemecek, T. (2018). Reducing food’s environmental impacts through producers and consumers. Science, 360(6392), 987-992. https://doi.org/10.1126/science.aaq0216

(4) Une enquête menée en avril 2022 par Statista pour le compte de Oatly. L’enquête a été menée aux Pays-Bas, en Espagne, en Belgique, en Allemagne, en Autriche, en Finlande et en Suède. En Belgique, un échantillon représentatif de 1.000 personnes a participé.

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