Grèce-Wallonie: un même terreau pour l’extrême gauche?

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Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

La menace du PTB inquiète les milieux économiques wallons. Et pourtant, selon Pascal Delwit, le PTB ne représente pas un danger immédiat pour autant: “Accéder au pouvoir n’est pas un objectif pour lui, au-delà de participations ponctuelles à l’échelon local”.

La menace du PTB inquiète les milieux économiques wallons. En Grèce, le parti de gauche radicale Syriza était l’adversaire de l’Union européenne lors de la crise financière. Y a-t-il un parallèle à faire entre ces deux partis? “Ce sont des formations politiques aux filiations et aux profils idéologiques très différents”, nuance Pascal Delwit, politologue à l’ULB et spécialiste de l’extrême gauche. Syriza est une dissidence du parti communiste grec. Il est davantage proche de l’eurocommunisme tandis que le PC grec est davantage orthodoxe et proche de la ligne soviétique.

Le PTB se rapproche en fait plus du parti communiste grec que de Syriza. Initialement maoïste, le PTB a pris ses distances avec le PC chinois après le virage “libéral” de Deng Xiaoping dans les années 1980. “Depuis, le PTB a abandonné sa rhétorique antisoviétique, prolonge Pascal Delwit. S’il n’en parle pas beaucoup, il a toutefois tendance à mette en avant les aspects positifs de l’héritage soviétique. Il partage avec le parti communiste grec l’idée d’une forme de rupture, contrairement à Syriza.”

Pascal Delwit
Pascal Delwit© PG

Porteur de cette volonté révolutionnaire, le PTB ne représente pas un danger immédiat pour autant. “Accéder au pouvoir n’est pas un objectif pour lui, au-delà de participations ponctuelles à l’échelon local en Flandre, à Borgerhout et à Zelzate, souligne le politologue. En 2018, il a été décidé dans les instances du parti qu’il ne participerait pas à l’échelon régional ou fédéral.” Le dialogue avec le PS, durant l’été 2019, était purement symbolique. “Pour ce parti, il est plus facile de tenir une communication ultra-simpliste dans l’opposition que de participer au pouvoir”, souligne Pascal Delwit. En 2024, il se pourrait néanmoins que le PTB vise une participation à l’échelon local francophone, pas davantage. De quoi en faire trembler certains dans les régions de Liège ou de Charleroi.

Le PTB dispose par ailleurs d’un “pouvoir de chantage” susceptible de malmener la composition des gouvernements et d’influencer les partis traditionnels. Une capacité de nuisance, en somme. “Les sièges du PTB, ainsi que du Vlaams Belang, sont neutralisés lors de la formation d’une majorité, ce qui rend l’exercice toujours plus malaisé.” Par ailleurs, les positions tranchées du PTB influencent les autres partis, qui craignent de perdre des voix à son profit. C’est le cas du PS, bien sûr, parce qu’il est le plus proche électoralement. Mais cela vaut aussi pour Ecolo et même pour le MR, notamment en raison du discours très fort du PTB vis-à-vis de l’horeca et des indépendants notamment. “Ce n’est pas pour rien que les libéraux David Clarinval ou Denis Ducarme tiennent un discours fort à l’attention de ces milieux”, fait remarquer Pascal Delwit.

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