De Croo: “Pas de messages donnant approbation d’un changement de l’exposé du budget”

© Belga

Le Premier ministre Alexander De Croo a démenti avec force, mercredi matin à la Chambre, l’existence de messages WhatsApp qui auraient donné un feu vert de son cabinet à une modification de l’exposé général du budget 2023 de la secrétaire d’Etat Eva De Bleeker, ensuite poussée vers la sortie.

En commission Intérieur de la Chambre, le libéral a été attaqué frontalement par l’opposition. La N-VA et le Vlaams Belang étaient aux premiers rangs pour cet exercice, mais les critiques sont aussi venues du PTB, des Engagés et de DéFI, visant aussi bien le budget en lui-même que la communication du Premier ministre (davantage tournée vers les médias que vers l’assemblée, selon certains) et sa réaction à la révélation dans la presse de messages WhatsApp entre son cabinet et celui de la secrétaire d’Etat.

“Cela suffit. Nous demandons votre démission”, a lancé Sander Loones (N-VA), accusant le Premier ministre d’avoir menti à plusieurs reprises au sujet de ces messages. L’élu a martelé sa demande d’avoir un accès complet à cette discussion WhatsApp, ainsi qu’aux courriers électroniques entourant le budget, demandes auxquelles le Premier ministre n’a pas réagi.

“Sans preuve, il est impossible de vérifier vos propos”, a appuyé Catherine Fonck (Les Engagés).

Justifications

Alexander De Croo a quant à lui accusé l’opposition d’avoir perdu la bataille sur le contenu et de déplacer le débat sur un autre terrain. “Je n’entrerai pas dans ce jeu”, indique-t-il. Le libéral a affirmé ne “jamais avoir nié face au parlement l’existence de messages au sujet du budget” (affirmation qui a provoqué quelques remous dans la salle). Mais ces messages n’ont jamais servi à donner une approbation pour changer l’exposé général du budget ou pour en donner une version “fautive”, a-t-il assuré. “Ces messages n’existent pas. La modification de quelque chose d’aussi fondamental n’a jamais eu lieu via messages”.

Le Premier ministre a inlassablement répété que le budget 2023 tel que présenté début novembre par la désormais ex-secrétaire d’Etat ne respectait pas les décisions du gouvernement, et que cela lui avait été signalé. Pour rappel, il intégrait de manière pérenne une TVA à 6% sur l’énergie, sans tenir compte d’un mécanisme de modifications d’accises censé rendre cette mesure “budgétairement neutre”, selon le compromis de la Vivaldi. Conséquence: un bond dans le déficit attendu. Le Premier ministre avait ensuite parlé d’une “erreur matérielle” dans les documents, et la secrétaire d’Etat démissionnait le 18 novembre.

“C’est le gouvernement dans son ensemble qui fixe le cadre budgétaire. Le gouvernement décide, la secrétaire d’Etat exécute, et pas l’inverse“.

Insatisfaction face aux explications

“Je ne comprends toujours pas comment un budget sur lequel il n’y a pas d’accord, qui n’est pas conforme à la décision du gouvernement, peut être signé par deux vice-Premiers ministres, partir chez le Roi sans réaction de votre cabinet, y être signé et être envoyé au parlement”, a observé l’élue Les Engagés Catherine Fonck, rebondissant sur ces propos. “Quand on signe un budget c’est qu’on le valide, qu’il y a un accord”.

Dans les rangs de DéFI, Sophie Rohonyi a aussi fait part de son insatisfaction par rapport aux explications. “Ce que l’on attendait de vous, c’est d’assumer le fait qu’à un moment donné la responsabilité du gouvernement est de pouvoir corriger les chiffres de la secrétaire d’Etat, en corrigeant le budget, et non pas en la limogeant de manière assez violente”.

Des motions de méfiance ont été déposées par N-VA, VB, Jean-Marie Dedecker et le PTB, qui seront soumises au vote jeudi en plénière. Catherine Fonck (Les Engagés) a quant à elle introduit une motion demandant de transmettre à la Chambre toutes les communications électroniques concernées.

Partner Content