Coronavirus/La question du jour: Pourquoi la note financière de la Belgique est sous tension?

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L’agence de rating Fitch estime que notre dette publique devrait remonter à environ 108% du PIB.

Hier, l’agence de notation Fitch a placé sous perspective négative la note financière du Royaume, laissant donc entendre que l’actuelle note, AA- (qui reste un excellent bulletin) pourrait être révisée à la baisse.

Rien de surprenant à cela puisque la plupart des finances publiques des pays développés sont durement sollicitées par la crise du coronavirus. Une crise qui n’empêche pas l’agence de la dette de faire calmement son marché, puisqu’elle a levé très facilement 8 milliards d’emprunt la semaine dernière.

Une opération qui sera suivie par d’autres, prévoit Fitch qui note que “la combinaison d’une forte réduction de l’activité économique et des mesures nécessaires pour faire face à la propagation de la pandémie entraînera une forte augmentation des emprunts du secteur public cette année.”

Certes, l’on ne sait pas encore avec exactitude quelle sera l’ampleur du choc sur nos finances publiques. Mais, rappelle Fitch, “les mesures discrétionnaires visant à combattre l’épidémie et à soutenir l’économie pendant les restrictions des activités normales s’élèveront à 8 à 10 milliards d’euros (environ 2 % du PIB de 2019), selon les estimations du FMI. Les allocations de chômage temporaires ont été augmentées et étendues (…) et un régime de soutien des revenus des travailleurs indépendants (…) sera rendu accessible aux entreprises qui ont dû rester fermées pendant au moins sept jours en mars ou avril. Les particuliers et les entreprises bénéficieront cette année de reports d’impôts et de cotisations de sécurité sociale, tandis que des subventions seront introduites pour les entreprises qui doivent fermer complètement. Les dépenses de santé vont également augmenter”.

Un déficit de 5,5% du PIB

Bref, ces diverses mesures devraient creuser le déficit public. Ce dernier devrait atteindre 5,5 % du PIB, ce qui serait conforme au chiffre enregistré en 2009 pendant la crise financière mondiale, note Fitch qui prévoit “ensuite que les fortes augmentations des dépenses publiques se résorberont en partie en 2021.”

La dette publique, qui était de 99,3 % l’année dernière, devrait atteindre 108 % cette année, soit son taux le plus élevé depuis 2000, puis redescendre à 107,5 % en 2021. On ajoutera toutefois que ce ratio est encore très hypothétique, puisque si nous avons une idée des dépenses engagées par l’Etat, nous en savons pas encore quel sera le montant du PIB cette année…

Enfin, l’agence de notation s’inquiète, évidement, de la capacité politique du pays à faire face à cette montée de l’endettement.

“Il existe un degré considérable d’incertitude quant aux paramètres de la politique budgétaire pour 2021 et au-delà, note Fitch. Le mandat du gouvernement actuel expire en octobre de cette année. Les négociations qui ont suivi les élections fédérales de mai 2019 n’ont pas abouti à un accord sur une coalition gouvernementale, et le risque existe que de nouvelles incertitudes politiques et économiques s’installent à l’automne”.

Une claire invitation à la formation rapide d’un gouvernement.

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