Commerce mondial : “Il faut de la créativité”

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Après le nouvel échec de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) en décembre dernier lors de sa conférence de Buenos Aires, qui a enfoncé un clou dans le cercueil du commerce multilatéral au profit de traités bilatéraux (CETA, Mercosur, etc), des voix s’élèvent pour faire avancer le commerce mondial via des groupes à dimension variable, comme l’Europe le fait dans certains secteurs.

“Il faut de la créativité”, expose le ministre belge des Affaires étrangères Didier Reynders, présent ces mardi et mercredi à Sofia et à Genève pour un conseil informel Commerce des ministres de l’UE et des rencontres avec les dirigeants de l’OMC. Cette organisation appelée à réguler le commerce mondial est moribonde depuis l’échec des tentatives d’accords mondialisés au début des années 2000. Elle se voit désormais contournée par les traités bilatéraux que tentent de nouer entre eux les États ou les puissances régionales (Europe, Mercosur, ASEAN, etc.) Elle est aussi minée par le protectionnisme de l’administration Trump.

Or la multiplication d’accords bilatéraux risque de produire “un spaghetti inextricable” de tarifs douaniers et de normes de régulation, prévient le ministre belge.

A l’inverse, le multilatéralisme est présenté comme pouvant générer une plus grande stabilité commerciale et politique à long terme, voire tirer davantage de pays vers des normes de qualité élevées.

Mais puisqu’il est en panne, des voix européennes s’élèvent pour avancer par groupes à dimensions variables au sein de l’OMC, dans certains secteurs. “Il faudrait sans doute une masse critique de participants, mais sans nécessairement que tout le monde soit à bord, comme cela se fait déjà au niveau européen” à travers la zone euro, Schengen, les coopérations renforcées, etc. “On parlerait alors plutôt de plurilatéralisme”, selon M. Reynders, qui évoque un soutien assez large de pays européens à cette possibilité.

De telles initiatives devraient toutefois éviter de pénaliser ceux qui n’y participent pas, reconnaît-il.

La Belgique se montre aussi favorable à un renforcement du rôle de l’OMC dans la surveillance des accords bilatéraux, pour éviter que ces derniers ne divergent trop des préoccupations de l’Organisation internationale du Travail (OIT) ou des accords climatiques, et pour garder la possibilité de “réconcilier un jour” tous ces accords disparates.

Présent ce mercredi à Genève, siège de l’OMC, le ministre discutera avec les responsables de l’organisation du rôle de cette dernière dans la relation future entre l’UE et le Royaume-Uni. Il participera en outre à un débat avec les dirigeants de l’OMC ainsi qu’avec les ambassadeurs chinois, américain et européen, une occasion pour lui de tester la piste du plurilatéralisme à l’OMC.

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