Christie Morreale: “Le Forem n’est pas un guichet mais un lieu de solutions”

© Frédéric Sierakowski (Isopix)
Christophe De Caevel
Christophe De Caevel Journaliste Trends-Tendances

La réforme de l’accompagnement des chômeurs entrera en vigueur en 2022. Elle peut utilement soutenir la relance économique en Wallonie.

1. Le Parlement wallon vient de voter la réforme du Forem. Elle prévoit, dites-vous, un accompagnement sur mesure des demandeurs d’emploi. Qu’est-ce que cela va leur apporter?

Les 194.000 demandeurs d’emploi de Wallonie vivent des situations très différentes. Il y avait pourtant une forme d’automaticité des démarches d’accompagnement, qui enfermait les travailleurs du Forem. Avec l’administratrice générale Marie-Kristine Vanbockestal, nous avons réfléchi à des formules beaucoup plus souples pour répondre aux différents profils. Le Forem n’est pas un guichet mais un lieu où l’on propose des solutions, où l’on est proactif pour ramener les gens vers l’emploi. Les agents vont travailler plus finement sur les compétences des demandeurs d’emploi, pour éviter qu’ils ne se positionnent sur des types de métier sans avoir les qualifications requises ou, à l’inverse, pour certifier des compétences acquises par l’expérience. Le Forem a beaucoup investi dans ces outils qui permettront de mieux matcher les profils aux offres d’emploi.

2. Pour les agents du Forem, ce sera parfois carrément un nouveau métier. Des formations sont-elles prévues à cet effet?

Bien sûr, un énorme plan de formation est prévu. Je suis consciente que le changement peut déstabiliser mais nous évoluons vers des pratiques professionnelles qui, je pense, seront plus valorisantes pour les agents. Le conseiller- référent sera plus impliqué, plus valorisé dans le parcours du demandeur d’emploi. C’est important pour lui de connaître le suivi des démarches initiées, de savoir si le plan de formation a bien été mis en route, etc. Je reviens d’une visite au Danemark. Là, les accompagnateurs préparent les entretiens d’embauche et, après, ils rappellent pour savoir comment cela a été. L’opposition dit que cela rajoute de la pression sur le demandeur d’emploi. Je pense au contraire que c’est stimulant de savoir qu’un agent s’intéresse à son cas, qu’on n’est pas seul livré à soi-même. Le marché du travail est concurrentiel et ardu, il faut aider les demandeurs d’emploi à trouver les pistes de solution en fonction de leur profil.

3. L’objectif est-il aussi d’accélérer la prise en charge, pour que les demandeurs d’emploi soient réellement accompagnés dès le premier jour de leur inscription?

L’objectif est d’aller vers une prise en charge plus rapide. C’est nécessaire car il y a une forme de culpabilisation du demandeur d’emploi, dont l’image de soi peut très vite se dévaloriser. On ne se rend pas toujours bien compte combien ces démarches peuvent être impressionnantes, avec ces grands bâtiments, ce jargon des conseillers-référents, etc. Le demandeur d’emploi peut très vite se sentir abandonné, il faut le connecter rapidement aux différentes pistes de formation ou de travail et éviter qu’il ne loupe des démarches par timidité, manque d’initiative ou autre.

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