Céréales, olives, riz… ces produits que la sécheresse et la guerre rendent difficilement accessibles

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Alors que la guerre en Ukraine avait déjà provoqué des pénuries de céréales, la sécheresse qui touche sévèrement l’Europe va avoir des conséquences jusque dans nos assiettes. Et la liste des produits impactés ne fait que s’allonger… tour d’horizon.

Alors que la guerre en Ukraine a déjà engendré une augmentation fulgurante des prix des céréales (maïs, blé, colza, tournesol), la sécheresse qui frappe désormais de nombreux pays dans le monde va rendre de plus en plus de produits inaccessibles aux consommateurs.

Chez nous, Météo Belgique a évalué le mois de juillet à des niveaux de température légèrement supérieures à la normale (+ 1.2°C), des précipitations légèrement inférieures à la normale (- 20%) et une insolation supérieure à la normale (+ 30%). Mais ce sont l’Italie, l’Espagne et la France qui souffrent le plus en Europe actuellement. Et leur agriculture en subit logiquement les conséquences.

L’olive, la moutarde, les pois chiches … ces produits qui se raréfient déjà

En Italie, le pays connaît la pire sécheresse de son histoire depuis 70 ans. Une sécheresse qui se répercute dans la production de certaines denrées alimentaires, et notamment l’huile d’olive, le riz pour risotto et la passata (purée de tomates). La vallée du Pô, une importante zone agricole, voit ses exploitations souffrir des fortes chaleurs, qui pourraient provoquer un doublement des prix. La production d’huile d’olive va de manière globale baisser au niveau européen.

En effet, l’Espagne fait elle aussi face à un important manque d’eau, dans un pays où cette dernière se faisait déjà de plus en plus rare, et où l’agriculture intensive absorbe plus de 80% des ressources hydriques. La production d’huile d’olive pourrait là aussi en subir les conséquences. Tout comme en France, où les producteurs d’olives craignent une perte jusqu’à 80% de leurs récoltes dans la Drôme et l’Ardèche. Du jamais vu pour ces oliverons qui s’inquiètent du futur de la culture des olives dans le Sud de la France.

Toujours en France, les conséquences du réchauffement climatique se répercutent sur l’accès à d’autres produits alimentaires. Plus tôt dans l’année, c’est la moutarde de Dijon qui se faisait de plus en plus rare dans les rayons. Une grande partie des récoltes de graines canadiennes avait en effet été détruite à cause de la sécheresse qui a sévi l’an dernier sur les principales régions productrices. Le Canada étant le deuxième producteur mondial de graines de moutarde, avec une part de marché de 57% des exportations, le manque s’est vite fait ressentir dans l’Hexagone.

Autre graine victime du climat et de la guerre : le pois chiche. La Russie est en effet un des plus importants exportateurs au monde, représentant environ 25% du commerce mondial. L’Ukraine, également productrice de pois chiches, n’a pas pu aller au bout de ses récoltes. Enfin, face au manque d’eau, la plupart des agriculteurs américains – quatrième exportateur de pois chiches – ont préféré se tourner vers des cultures plus lucratives comme le blé ou le maïs.

Le lait, les pommes de terre et les abricots … les prochains sur la liste

Dernièrement, c’est la perspective d’une pénurie de lait qui inquiète en France. Dû, là encore, à la canicule, la production d’herbe a baissé de 21% au 20 juillet par rapport à la normale, selon le ministère de l’Agriculture français. Certains agriculteurs ont donc été contraints d’utiliser leurs réserves de fourrage destinées à l’hiver. Les vaches, qui pâtissent elles aussi de la chaleur, s’alimentent moins et produisent donc moins de lait. Par conséquent, les prix risquent d’augmenter, et ce sur l’ensemble des produits laitiers (yaourt, beurre, fromage…).

Et la liste pourrait encore s’allonger, les producteurs de pommes de terre, nombreux dans le Nord de la France, s’inquiètent également des conséquences de la sécheresse sur leurs plantations. En Espagne et en Italie, ce sont les exploitations d’abricots, de pêches et de poires qui pourraient voir leur rendement baisser par manque d’eau. L’eau, cet élément essentiel à notre alimentation et qui tend à se raréfier.

Alors que l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a lancé un appel pour récolter 172 millions de dollars afin d’aider les pays africains les plus sévèrement touchés, les Occidentaux risquent de rester focaliser sur leurs propres problèmes. Pourtant, la corne de l’Afrique est bien l’endroit où les populations risquent de souffrir le plus de la famine, quatre épicentres de sécheresse dans la région ayant été identifiés par l’ONU : Djibouti, l’Ethiopie, le Kenya et la Somalie. Plus de 16 millions de personnes devraient se trouver en situation de crise ou à des niveaux pires d’insécurité alimentaire aiguë dans ces régions.

Aurore Dessaigne

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