Canada: une économie solide malgré les chocs

Mailys Chavagne
Mailys Chavagne Journaliste

Le Canada sera le premier adversaire des Diables rouges lors de la Coupe du monde de football. Huitième puissance économique mondiale en 2022, le Canada dispose d’atouts majeurs qui lui permettent de résister aux chocs mondiaux actuels tels que la guerre en Ukraine et la crise énergétique. Portrait de son économie.

Avec une population de 38,2 millions d’habitants et un PIB estimé à 2189 milliards de dollars en 2022, le Canada fait partie du top 10 des pays les plus riches au monde, selon un récent rapport du Fonds monétaire international (FMI). Après une période de fort ralentissement en 2020, en raison de la pandémie de Covid, l’économie canadienne a su rebondir. Elle a progressé à un taux estimé de 4,6% en 2021 et devrait enregistrer la plus forte croissance parmi les économies du G7 en 2022 et 2023. Un bilan plutôt positif dans un contexte de crise mondiale et d’inflation élevée…

Une économie résiliente

Outre un PIB encourageant, le Canada devrait également afficher le fardeau de la dette nette le plus faible du G7. Le ratio de la dette nette au PIB du Canada s’établit à 30,5% en 2022, alors que la moyenne des pays du G7 est, elle, de 95,6%.

Malgré les risques géopolitiques, la hausse de l’inflation et des taux d’intérêt, la fluctuation des prix…, “l’économie du Canada fait preuve de résilience”, se réjouit le FMI, qui salue les mesures prises par le gouvernement pour réduire le déficit et souligne le resserrement de la situation budgétaire au pays. L’institution financière salue également l’approche du gouvernement pour surmonter les défis liés au coût élevé de la vie et ainsi “protéger les ménages vulnérables contre les prix élevés du carburant et des aliments”.

Comment l’économie du Canada tire-t-elle son épingle du jeu? Contrairement à l’Europe, frappée de plein fouet par la crise en raison de sa dépendance au gaz russe, le Canada a des liens très limités avec les économies durement touchées par la guerre en Ukraine. “Le Canada est dès lors protégé d’impacts plus forts sur son économie”, explique l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Pour soutenir son économie, le Canada peut aussi compter sur les investissements publics et privés… et étrangers! Le pays se distingue en effet par sa fiscalité avantageuse (faible fardeau fiscal sur les nouveaux investissements et le plus bas taux d’imposition sur les sociétés) qui attire les investisseurs étrangers. Le gouvernement propose également toute une série de mesures et/ou programmes de soutien, dont notamment des déductions fiscales, un crédit d’impôt à l’investissement, un incitatif à l’investissement accéléré…

Autre atout: sa politique climatique. En soutenant les technologies vertes, le Canada espère faire progresser ses objectifs climatiques et ainsi dégager des volumes importants d’énergie à exporter. De quoi accroître davantage son marché à l’international.

Terre d’accueil pour les travailleurs étrangers

Si certains redoutent une possible récession, ainsi qu’une hausse du chômage dans les prochains mois, le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem tient un discours plus rassurant: si pertes d’emplois il y a, elles ne devraient pas être aussi importantes qu’autrefois. Pour preuve, le marché du travail canadien est demeuré vigoureux malgré les tensions – l’emploi a connu un rebond surprise avec un gain de 108.000 jobs en octobre, et le taux de chômage reste relativement bas et stable (5,2%). En 2021, le Canada a même eu le taux de croissance de l’emploi le plus élevé des pays du G7.

Il faut dire, le Canada possède une stratégie forte en matière d’emploi, notamment en raison de son statut de terre d’accueil pour les travailleurs étrangers. Le multiculturalisme et la diversité font en effet partie de l’image de marque du Canada. Un atout économique non négligeable: en plus d’augmenter la main-d’oeuvre, les immigrants contribuent à accroître le pouvoir d’achat global du pays, assurent la croissance de la population, apportent des compétences, une éducation ou des investissements non négligeables, comblent des lacunes importantes sur le marché de l’emploi…

L’année dernière, le Canada a accueilli plus de 405 000 nouveaux arrivant et espère poursuivre sur cette lancée. Les autorités prévoient l’installation de nombreux travailleurs étrangers sur le long terme, à savoir 465.000 résidents permanents en 2023, 485.000 en 2024 et 500.000 en 2025.

5 secteurs-clés de l’économie canadienne

Depuis plusieurs années, le secteur des services – qui s’étend du commerce aux transports, en passant par les activités financières et immobilières, la santé… – affiche une croissance constante. Néanmoins, l’économie pourrait être portée par cinq secteurs-clés, détaille l’économiste Douglas Porter dans un rapport de la Banque de Montréal:

  • Technologie: l’accélération de l’e-commerce, du télétravail, des activités numériques… bénéficie à ce secteur encore relativement petit qui connaît néanmoins une croissance fulgurante. Le secteur des technologies de l’information et des communications (TIC) est celui qui a connu la croissance la plus importante ces dernières années. De 2014 à 2019, les TIC ont progressé de 4,3 % par an, soit plus du double de la croissance globale (2,0 %).
  • Agriculture: En 2021, l’ensemble du système d’agriculture et d’agroalimentaire employait 2,1 millions de personnes, fournissait un emploi sur neuf au Canada, a généré 134,9 milliards de dollars (soit environ 6,8%) du PIB du Canada. Bien que le secteur ait souffert de la pandémie, “les conditions de l’industrie de l’élevage devraient s’améliorer considérablement au cours de l’année prochaine”, précise Douglas Porter.
  • Énergie: Le Canada est le cinquième producteur mondial de gaz naturel. Néanmoins, ses réserves pétrolières et gazières sont principalement enfouies dans le sous-sol de l’Alberta, une province sans accès direct à la mer. Il doit donc importer de grandes quantités de combustibles fossiles.
  • Industrie manufacturière: le secteur manufacturier est à l’origine d’environ 174 milliards de dollars, ce qui représente plus de 10% du PIB total du Canada. Et si le secteur a souffert de la pandémie, quelques points positifs pourraient relancer la croissance : notamment “un raccourcissement des chaînes d’approvisionnement ou encore l’accord USMCA qui vient d’être signé et qui contient des exigences de production nord-américaines qui devraient bénéficier légèrement au Canada”, toujours selon le rapport de la Banque de Montréal.
  • Construction: l’industrie de la construction pèse également dans l’économie puisqu’elle emploie environ 7% de la main-d’oeuvre canadienne. Et pour cause: les besoins en infrastructures augmentent, notamment en raison d’une forte immigration.

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