Aéroport de Liège et d’Ostende: le délire wallon et l’opportunisme flamand

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Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

La Wallonie prête à se tirer une balle dans le pied en bridant le développement de son aéroport de fret par une décision… de fonctionnaires délégués. La Flandre n’hésite pas, cyniquement, à inviter les opérateurs chez elle. Une métaphore du pays.

Certains dossiers jouent le rôle d’un révélateur des rapports de force et des états d’esprit. En Belgique, la saga autour de l’aéroport de Liège et l’appel du pied fait par l’aéroport d’Ostende fait indéniablement partie de ceux-ci: elle illustre les différences de vision entre les deux principales Régions du pays. Avec, en toile de fond, un retour aux concurrences économiques et aux tribalismes sur la scène internationale.

Or, donc, la majorité wallonne se divise depuis des semaines au sujet du renouvellement du permis d’environnement et d’exploitation de l’aéroport de Liège pour les vingt prochaines années. En clair, les fonctionnaires délégués de l’administration wallonne – oui, vous avez bien lu, les fonctionnaires délégués! – ont rendu un permis d’environnement/exploitation fin août qui limite les capacités de l’aéroport à 50.0000 mouvements par an et réduit la nuisance des avions tolérés sur le tarmac liégeois.

Si l’on peut comprendre le souci environnemental, il est quand même hallucinant de voir que la Région wallonne, bien mal en point, pourrait se tirer une balle dans le pied économique. Et ce, à l’initiative de… fonctionnaires délégués. Le sujet est évidemment devenu politique, mais la majorité wallonne s’écartèle – pour faire court – entre le MR et l’aile pragmatique du PS d’un côté, Ecolo et les partisans de l’écosocialisme de l’autre. Le pire, c’est que le gouvernement wallon doit se prononcer ce jeudi, faute de quoi… c’est l’avis des fonctionnaires délégués qui l’emportera. Kafka version namuroise.

C’est une métaphore du mal wallon: des partis qui peinent à s’entendre l’enjeu pourtant évident du redressement wallon, une administration qui sort de son lit et des acteurs économiques qui doivent se poser bien des questions. Que ce soit clair: bien sûr, l’enjeu de la qualité de la vie est important, mais pas comme ça, pas à travers une telle prise d’otage.

La réponse flamande n’est pas mal non plus, reflet d’un cynisme et d’un opportunisme que ne dénierait pas la N-VA. Donc, l’aéroport d’Ostende invite tout simplement les opérateurs liégeois à venir s’installer chez lui – et certains seraient tentés de le faire. “Les choses pourraient aller très vite si le bon sens ne prend pas le dessus”, souligne ainsi l’opérateur cargo Challenge, prêt à franchir le pas.

Cela en dit long sur l’harmonie de la vision économique intrarégionale et sur les griffes du lion flamand prêt à se saisir de toute opportunité. Le fédéralisme de coopération, on le sait, est devenu un fédéralisme de confrontation. Mais, encore une fois, ce serait la Wallonie qui donnerait le bâton pour se faire battre.

Et dire qu’une grande empoignade aura vraisemblablement lieu après les élections de 2024…

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