Accord sur le budget: l’opposition déplore des mesures insuffisantes face à la crise énergétique
L’opposition francophone a regretté mardi l’absence de mesures suffisamment fortes pour permettre aux ménages et entreprises de faire face à l’explosion des factures d’énergie. Le gouvernement se contente de prolonger les mesures existantes, a-t-elle souligné. Quant aux syndicats et organisations patronales, les réactions ne se sont pas faites attendre.
“C’est une déception. Alors qu’il fallait bloquer les prix de l’énergie, on a des chèques divers qui ne vont pas résoudre les problèmes. C’est bien que l’on reconnaisse enfin, comme nous le demandions, la logique des surprofits mais ce qui est mis en oeuvre est insuffisant. On ne va pas vraiment toucher les gagnants de cette crise: les multinationales de l’énergie”, a expliqué le président du PTB, Raoul Hedebouw.
Le parti marxiste pointe aussi du doigt des économies dans les soins de santé, par une réduction de la norme de croissance, la défiscalisation d’une partie de l’indexation qui va, dit-il, réduire les recettes de la sécurité sociale, de trop faibles mesures fiscales touchant “le grand capital” et de trop maigres avancées sociales. “La première référence citée par le Premier ministre, c’est Ronald Reagan (“A government’s first duty is to protect the people, not run their lives”, a dit M. De Croo citant le président américain républicain). Comme référence politique et idéologique, c’est bizarre alors que la faillite de ses politiques a été démontrée“, a encore dit M. Hedebouw.
“Il n’y a toujours pas de vrai plafonnement des factures d’énergie. Cela crée des drames et alimente l’inflation“, a fait remarquer la cheffe de groupe des Engagés, Catherine Fonck, qui a aussi épinglé des économies dans les soins de santé alors que la crise du covid a durement exposé les soignants et dans des mesures bénéficiant aux familles comme les crédits-temps.
Les centristes déplorent également l’absence de grande réforme fiscale et du marché du travail. “On nous annonce des plans à venir alors qu’on est à 18 mois de la fin de la législature”, a-t-elle souligné.
“Le Premier ministre a eu des mots forts sur l’Ukraine que j’ai appréciés. Il faut se souvenir que l’on est dans cette situation parce que l’Europe est en guerre. Mais, pour le reste, j’ai entendu le service minimum. Il n’y a toujours pas de blocage des prix de l’énergie et de fixation des tarifs. Au lieu de cela, on nous offre un étal de mesures. Je ne dis pas que ce n’est pas bien mais personne n’imaginait qu’elles ne seraient pas prises, et elles ne compenseront pas l’effet qu’aurait eu un blocage des prix, alors même qu’elles coûtent cher et génèrent des injustices”, a dit le président de DéFI, François De Smet.
Du côté de l’opposition flamande, le président de la N-VA, Bart De Wever, a qualifié l’accord conclu par le gouvernement fédéral de “non budget” qui ne s’attaque à aucun problème structurel.
“La Belgique connaît le plus haut niveau de dépenses publiques, de pression fiscale et le plus grand déficit structurel de l’UE. Le gouvernement fait en sorte que par ce non budget nous recevrons encore ces trois prix avec un peu plus d’éclat. C’est totalement irresponsable”, a lancé M. De Wever sur Twitter.
Le gouvernement confirme que la loi de 96 sur les salaires sera appliquée
Le gouvernement fédéral a décidé mardi que la loi de 1996 sur la norme salariale sera respectée dans la perspective des négociations à venir sur un nouvel accord interprofessionnel entre syndicats et patronat. Le Premier ministre Alexander De Croo l’a confirmé mardi lors d’une conférence de presse à propos de l’accord budgétaire intervenu en fin de matinée.
Il y a quelques semaines, le Groupe des Dix – le plus haut niveau de la concertation entre les partenaires sociaux – a fait part de son désaccord sur la répartition de l’enveloppe bien-être. En réponse, le gouvernement a adressé un courrier confirmant son intention de dépenser intégralement cette enveloppe utilisée pour augmenter les prestations sociales. Mais, en contrepartie, la loi sur les salaires de 1996 sera également appliquée dans son intégralité, a confirmé le gouvernement. En d’autres termes : les salaires ne pourront pas augmenter davantage au-dessus de l’indexation tant que le handicap salarial avec les pays voisins n’aura pas été éliminé. Le Conseil Central de l’Économie doit encore déterminer la hauteur de ce handicap salarial.
D’autres réactions
Agoria regrette l’absence de solution structurelle pour les entreprises
Agoria salue le fait que le gouvernement fédéral ait voulu faire “quelque chose” contre la hausse des coûts salariaux et en faveur de la compétitivité des entreprises belges mais la fédération de l’industrie technologique regrette dans le même temps que l’exonération ponctuelle des cotisations patronales pendant six mois “n’apporte aucune solution structurelle.” Agoria déplore en outre que “pratiquement aucune avancée n’a été réalisée” au niveau du marché du travail, de la réforme fiscale, de la compétitivité et des retraites.
“Il reste également à voir si les mesures prises, telles que la limitation temporaire de la déductibilité des pertes reportées, la limitation de la déduction des intérêts notionnels et la réduction du système d’utilisation des droits d’auteur, ne nuisent pas davantage à l’attractivité de notre secteur”, pointe encore Agoria, qui en revanche “soutient pleinement l’accent sur la cybersécurité et la coopération renouvelée entre la défense et l’industrie”.
Le gouvernement confirme que la loi de 96 sur les salaires sera appliquée
Le gouvernement fédéral a décidé mardi que la loi de 1996 sur la norme salariale sera respectée dans la perspective des négociations à venir sur un nouvel accord interprofessionnel entre syndicats et patronat. Le Premier ministre Alexander De Croo l’a confirmé mardi lors d’une conférence de presse à propos de l’accord budgétaire intervenu en fin de matinée.
Il y a quelques semaines, le Groupe des Dix – le plus haut niveau de la concertation entre les partenaires sociaux – a fait part de son désaccord sur la répartition de l’enveloppe bien-être. En réponse, le gouvernement a adressé un courrier confirmant son intention de dépenser intégralement cette enveloppe utilisée pour augmenter les prestations sociales. Mais, en contrepartie, la loi sur les salaires de 1996 sera également appliquée dans son intégralité, a confirmé le gouvernement. En d’autres termes : les salaires ne pourront pas augmenter davantage au-dessus de l’indexation tant que le handicap salarial avec les pays voisins n’aura pas été éliminé. Le Conseil Central de l’Économie doit encore déterminer la hauteur de ce handicap salarial.
Le secteur technologique belge emploie directement 324.000 personnes et autant indirectement, rappelle l’organisation sectorielle, qui compte plus de 2.100 membres.
Du côté flamand, la fédération patronale Voka souligne que les coûts du travail vont gonfler de 21% entre 2022 et 2024, à quelque 32 milliards d’euros, et estime dès lors que l’effort du fédéral visant à alléger la facture des entreprises d’un milliard d’euros est trop faible.
Enfin, l’organisation de classes moyennes flamandes Unizo parle même d’un “cadeau empoisonné” et trouve problématique que l’exonération ponctuelle de cotisation sociale soit totalement prise en compte pour le calcul du handicap salarial. “C’est une modification de la loi salariale”, fustige-t-elle, appelant les partenaires sociaux à trouver des solutions pour les coûts salariaux élevés.
Les employeurs regrettent aussi la mise en place de plusieurs nouvelles taxes pour les entreprises, notamment une limitation des pertes qui peuvent être reportées, l’extinction du système des intérêts notionnels ou la réduction du champ d’application des droits d’auteur.
Le SNI déplore l’absence de tarif social pour les indépendants
Le syndicat Neutre pour Indépendants (SNI) se dit globalement satisfait des mesures annoncées par le gouvernement fédéral à l’issue de son conclave budgétaire, mais il déplore l’absence de l’annonce d’un tarif social pour les indépendants.
Ainsi, le SNI voit d’un bon oeil des réductions de charges patronales à hauteur d’un milliard d’euros. Durant les premier et deuxième trimestres, les coûts patronaux des indexations de salaires seront neutralisés, ce qui représente quelque 7% de réductions de charges. “Le salarié sera dès lors indexé, mais l’employeur ne payera pas de cotisations patronales sur cette indexation. C’était une revendication que nous portions depuis des mois pour atténuer l’impact sur les PME”, se réjouit le syndicat.
Le maintien du droit passerelle et du chômage temporaire ‘énergie’ ou la diminution des accises sur le gaz et l’électricité constituent également une autre salve de mesures positives, tout comme l’extension des flexi-jobs et du nombre maximal d’heures de travail des étudiants.
Toutefois, l’organisation de défense des indépendants regrette amèrement l’absence de l’annonce d’un tarif social pour les indépendants. “Il est totalement inacceptable, alors que plusieurs partenaires de la Vivaldi s’étaient engagés en ce sens avant le conclave, de ne pas voir se matérialiser cette mesure d’aide absolument vitale pour la survie même de très nombreuses entreprises. Les TPE (très petites entreprises, NDLR) et indépendants sont les acteurs économiques les plus vulnérables. Qu’attend donc le gouvernement ?”, s’interroge-t-elle.
Le SNI salue, par ailleurs, le fait que les secteurs énergétique, pétrolier et bancaire soient mis à contribution pour financer ces mesures.
Le secteur de l’événementiel satisfait de l’extension des flexi-jobs
L’extension du champ d’application des flexi-jobs au secteur de l’événementiel réjouit ce dernier, réagit l’organisation Event Confederation à l’accord budgétaire fédéral. Depuis la crise du Covid-19, ce secteur est en effet confronté à un manque cruel de travailleurs temporaires, qui a été particulièrement criant durant le printemps et l’été derniers, périodes traditionnellement les plus chargées.
“À une époque où de nombreuses personnes souhaitent gagner plus alors qu’en même temps l’offre d’emploi est très difficile à pourvoir, le statut de flexi-job peut être une solution”, estime l’Event Confederation. Cette solution permet en outre d’éliminer une discrimination intersectorielle, pointe l’organisation. Lors de grands événements, l’horeca avait ainsi déjà l’autorisation de travailler avec des flexis, alors que le secteur évènementiel ne l’était pas, pointe-t-elle. A l’entendre, cela a créé une concurrence déloyale entre différents employeurs pour des emplois ou des missions souvent similaires.
Le paquet de mesures visant à protéger les indépendants et les entrepreneurs est très nécessaire, appuie encore l’Event Confederation. “Hausse des coûts de l’énergie, augmentation des coûts de la main-d’oeuvre… le secteur de l’événementiel n’y échappe pas non plus. Une intervention avec soutien est et était nécessaire”, conclut-elle.