Le Forem prépare aux nouveaux métiers de l’environnement
Le Centre de compétence Environnement, basé à Mons, proposera l’an prochain plus de 30.000 heures de formation sur les énergies renouvelables.
Quand on vous parle des métiers du futur, vous songez sans doute immédiatement aux robots et au numérique. Mais il y a un autre élément à retenir: la durabilité. “Demain, quel que soit votre domaine, vous ne pourrez pas développer de nouveaux produits sans y intégrer la dimension de la durabilité, déclarait récemment la rectrice de l’UNamur, Annick Castiaux, dans Trends-Tendances. Elle sera présente dans toutes les innovations et il faut y préparer les jeunes.”
Mais il n’est pas nécessaire d’attendre le futur. Aujourd’hui déjà, une offre d’emploi sur neuf diffusées par le Forem concerne la transition écologique. Elles visent en priorité le secteur de la construction mais touchent de plus en plus à tous les secteurs industriels.
L’institution avait heureusement anticipé ce besoin en créant le Centre de compétence Environnement, basé à Mons. Quelque 1.300 personnes (des demandeurs d’emploi, des étudiants mais aussi 400 travailleurs envoyés par leur employeur) s’y perfectionnent chaque année aux métiers de technicien frigoriste, de conseiller en énergie-industrie, de manager environnemental et bien d’autres. Nous avons visité ce centre et nous sommes attardés sur trois formations qui concernent trois profils différents: valoriste, technicien polyvalent en énergie renouvelable et manager en économie circulaire.
La valeur ajoutée du déchet
Premier acteur dans le processus de valorisation des déchets, le valoriste est chargé de trier les biens selon les matières (bois, métal, papier, plastique, etc.) afin de pouvoir les revendre. Et avec l’envolée des prix des matières premières, cela peut générer de belles recettes. A Mons, les stagiaires apprennent les gestes de ce nouveau métier de manière très pratique en s’attaquant au flux issu de la collecte des encombrants ménagers. Il s’agit de trier, bien sûr, mais aussi de déceler rapidement ce qui peut être réutilisé, le vieux meuble que l’on pourra customiser et celui qui sera désossé pour une valorisation bois. “Le métier de valoriste n’existe pas dans les parcours classiques, explique Christophe Miot, directeur du Plein Air, le centre de formation du CPAS de Mons, partenaire opérationnel du Forem dans ce module. Au départ, les gens n’ont souvent pas très envie de travailler dans le secteur du déchet. Mais très vite, ils voient que cela apporte une réelle valeur ajoutée et que la valorisation, c’est l’avenir.”
C’est d’autant plus vrai que le programme ne se limite pas au tri des matières. Il inclut désormais la valorisation des anciens appareils électroménagers. “Avec trois ou quatre anciennes machines à laver, on refait un appareil fonctionnel qui sera revendu dans des magasins de seconde main, poursuit Christophe Miot. Ils apprennent même à réparer les cartes électroniques de ces machines. Une nouvelle carte coûte 250 euros. Or, on peut changer quelques composants défectueux pour 5 ou 6 euros à peine.” Ce bagage doit permettre à des personnes peu qualifiées de trouver un emploi stable dans ce secteur en pleine évolution.
Les aides européennes (4,4 millions venant du Feder et du Fonds social européen) et wallonnes (3 millions) ont permis au Forem d’aménager le Centre de compétence et, surtout, de le doter d’équipements de pointe, afin de former les stagiaires avec du matériel comparable à celui qu’ils trouveront en entreprise. C’est vrai pour le métier de valoriste mais plus encore sans doute pour celui de technicien polyvalent en énergie renouvelable, qui travaille sur les pompes à chaleur, le solaire thermique, la biomasse, le photovoltaïque, la ventilation et, bientôt, l’hydrogène. “Cela correspond à une demande du marché, les entreprises cherchent aujourd’hui des profils polyvalents, explique Thomas Baudson, formateur en photovoltaïque et énergies renouvelables. Nous sommes convaincus que ce sont des métiers d’avenir et nous sentons d’ailleurs la motivation des apprenants pour ce secteur.” La crise énergétique que nous traversons ne va certainement pas inverser la tendance. Cette formation de technicien polyvalent démarrera l’an prochain et l’on ne s’inquiète pas trop pour son attractivité. “Nous organisions des formations spécifiques pour les poseurs de panneaux photovoltaïques, les techniciens en pompe à chaleur et d’autres métiers de ce type, explique Guy Hallard, directeur du Centre de compétence Environnement. Mais il y a aujourd’hui besoin d’une hybridation de ces métiers, car les gens utilisent plusieurs sources d’énergie renouvelable. Notre formation polyvalente permettra à ces personnes d’intégrer ensuite des équipes pluridisciplinaires qui travaillent sur le mix énergétique.” Cette formation intègre une mise à niveau (tous les stagiaires n’ont pas les mêmes connaissances techniques dans les différentes disciplines), des cours sur l’utilisation rationnelle de l’énergie et des stages en entreprise. Elle pourra être complétée, au second semestre 2023, par un cursus de “conseiller en énergie renouvelable“.
Plus qu’un concept
Le troisième métier mis en exergue lors notre visite est celui de manager en économie circulaire. “Il va y avoir 40.000 emplois à pourvoir dans l’économie circulaire, souligne Manuel Mengoni, responsable de la formation en économie circulaire au Centre de compétence Environnement. Les entreprises auront besoin de leaders pour assurer cette dynamique.” Le Forem a tenté d’y répondre en lançant cette formation il y a quatre ans et qui affiche un taux de remise à l’emploi de 90%. Elle s’adresse à des diplômés de l’enseignement supérieur, généralement dotés d’une expérience de management et qui souhaitent réorienter leur carrière. “La phrase que j’entends le plus, c’est ‘mon travail n’avait plus de sens’, concède Manuel Mengoni. Nous nous adressons à tous les secteurs d’activité et à tous les métiers. Nous formons des personnes qui étaient gestionnaires de projet, spécialistes produits, responsables des achats…” La formation s’étale sur sept mois (auxquels on ajoute trois mois de stage), elle brasse le fonctionnement des différents départements d’une entreprise et les techniques générales de l’économie circulaire (achats durables, écoconception, valorisation déchets et, bien sûr, logistique car le principe, c’est que les matériaux circulent). “Ce que nous faisons, en fait, c’est du management de l’innovation, poursuit notre interlocuteur. Nous partons d’un concept et nous voyons comment le mettre en pratique sur le terrain.” Au vu de l’ampleur des demandes pour cette formation (à peine de 10 à 15% des sollicitations sont retenues), le Centre de compétence envisage de développer des formations plus courtes, ciblées cette fois sur des métiers ou des secteurs.
S’il s’appuie sur le CPAS de Mons pour le métier de valoriste, le Centre de compétence assure lui-même, avec ses propres cadres, les autres formations. “Nous avons cependant des relations étroites avec le monde des entreprises, précise Guy Hallard. Il y a les stages, bien sûr, mais aussi de fréquentes concertations avec les fédérations professionnelles et les clusters pour que nos formations répondent au mieux aux besoins des entreprises.” Sur son antenne de Froyennes (Tournai), le Centre de compétence est allé jusqu’à organiser une formation de jointeur de fibres optiques directement avec Proximus. Les personnes formées ont ensuite de grandes chances de rejoindre les équipes de l’opérateur pour installer le réseau wallon de fibre optique.
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