Carte blanche

Les partis de la Vivaldi: tous coupables

J’accuse tous les membres du gouvernement de crime contre le climat et ce avec préméditation. Je les accuse en outre d’imprévoyance en ce qui concerne notre approvisionnement en électricité.

Mon réquisitoire se fonde sur le rapport publié le 21 juin par le Bureau Fédéral du Plan sur les perspectives économiques de la Belgique au cours de la période 2021-2026[1].

Ce rapport montre qu’en fermant définitivement, entre 2022 et 2025, nos sept centrales nucléaires qui produisent aujourd’hui 50% de notre électricité:

  1. les émissions de CO2 dues à la production d’électricité vont augmenter de 85% entre 2021 et 2026, soit un accroissement de 15,2 millions de tonnes de CO2;
  2. nous dépendrons en 2026 des importations d’électricité de façon systémique à hauteur de 9% du total de notre consommation annuelle, alors que ces importations devraient être nulles en 2021 (et que nous avons exporté plus de 2% de notre électricité en 2019);
  3. notre balance extérieure, positive de 1,5 milliards d’Euros en 2019 deviendra négative de 14 milliards en 2026.

Ce que ce rapport ne nous dit pas c’est que:

  1. ces émissions supplémentaires de CO2 proviendront des nouvelles centrales à gaz que le gouvernement à l’intention du subsidier. L’inverse du principe du “pollueur-payeur”;
  2. le besoin d’importation d’électricité se fera sentir surtout en hiver, à un moment où il est loin d’être garanti que nos voisins (Allemagne et France) auront des excédents exportables en l’absence d’électricité photovoltaïque;
  3. les importations supplémentaires de gaz naturel (sans doute de Russie) contribueront à accroitre le déficit de notre balance commerciale.

Ajoutons à cela que:

  • nous n’avons jamais été aussi dépendants de l’électricité qu’aujourd’hui pour faire fonctionner notre chauffage, nos réfrigérateurs, recharger nos téléphones portables ou les voitures électriques, accéder à l’internet, ouvrir les portes coulissantes des grands magasins, faire fonctionner les pompes à essence, les distributeurs de billets de banque, etc;
  • notre électricité est déjà l’une des plus chères d’Europe, et la sortie du nucléaire ne fera qu’augmenter la facture;
  • la sortie du nucléaire ne se fait pas pour des raisons de sûreté ou de sécurité mais pour des raisons idéologiques;
  • l’énergie nucléaire n’est pas, comme le prétendent certains opposants, une énergie du passé mais une énergie d’avenir comme le montrent les nombreux nouveaux concepts de réacteurs en développement dans le monde, en particulier celui des “Small Modular Reactors” (SMR) de puissance réduite, intrinsèquement sûrs et de coût compétitif.

Dans ces conditions, n’est-il pas raisonnable de garder en Belgique un minimum de compétence dans l’exploitation des centrales nucléaires en attendant ces nouveaux développements, et de maintenir en exploitation les centrales de Tihange 3 et Doel 4 comme le Rapport des Formateurs signé par Paul Magnette et Alexandre De Croo le 30 septembre 2020 en prévoit la possibilité?

Attendre novembre pour prendre cette décision est irresponsable et notre gouvernement s’en rendrait coupable sans circonstance atténuante.

La majorité des belges l’a bien compris puisque selon le baromètre RTL INFO- Ipsos – Le Soir de janvier il ressort que 47 % des belges sont contre la fermeture des centrales nucléaires en 2025, 27% sont pour, et 25% n’ont pas d’avis[2].

Pierre Goldschmidt, Ancien directeur général adjoint de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA).

[1]https://www.plan.be/uploaded/documents/202106241310210.FOR_MIDTERM_2126_12448_F.pdf

[2]https://www.rtl.be/info/belgique/societe/une-majorite-de-belges-est-opposee-a-la-fermeture-des-centrales-nucleaires-video–1269648.aspx

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