“Dis-moi quelle playlist tu écoutes et Spotify te dira quoi acheter”

© REUTERS/Dado Ruvic

Spotify lance la “playlist targeting”, un nouveau système de ciblage publicitaire de ses utilisateurs gratuits.

Le 1er mai prochain, le service de streaming musical Spotify lancera la “playlist targeting.” Ce nouveau système permet aux annonceurs de diffuser leur publicité en fonction de la tonalité des playlists (listes thématiques de titres musicaux) écoutées sur la plateforme.

Lorsqu’un utilisateur de Spotify, bénéficiant de l’écoute gratuite (avec pub), lance une des playlists préenregistrées sur le site (plus d’un milliard selon Spotify), il signifie plus ou moins la nature de son activité ou de son état d’esprit. Écouter une liste musicale intitulée “Garde la forme” ou “Dynamique” indique la volonté de bouger, danser ou faire du sport. A contrario, une playlist “Chill” ou “Calme” est synonyme d’un moment de détente… Cette activité ou cet état d’esprit seront intégrés par les annonceurs comme des informations précieuses à part entière, pour distiller leurs spots. Le but ? Délivrer le bon message, à la bonne personne, au bon moment.

“First party data”

Outre la musique, Spotify s’engage aussi à mettre à disposition des annonceurs d’autres informations personnelles concernant les utilisateurs : l’âge, le sexe, le lieu géographique, la langue parlée ou encore l’heure et le support d’écoute. L’ensemble de ces “first party data” (informations récoltées par Spotify au moment de l’inscription en ligne, par des outils analytiques rattachés au site,…) permettront d’appréhender encore mieux les comportements des utilisateurs. Afin d’affiner les spots publicitaires, et les exploiter au maximum.

Si une jeune femme écoute en fin de journée une playlist “Running” sur son smartphone, il est fort à parier qu’un annonceur sportif lui fasse, entre deux chansons, une offre alléchante pour des articles féminins de sport, ou un abonnement à une salle de gym. Un système de pub personnalisée donc, censé rendre service aux utilisateurs, las d’entendre des annonces aux antipodes de leurs envies ou besoins.

Pour les plus réfractaires, voulant éviter ce ciblage publicitaire, deux solutions sont néanmoins possibles. Devenir utilisateur “premium”, c’est-à-dire payer la somme de 9,99 euros par mois. Ou passer à la concurrence.

Un marché en pleine expansion

En 2014, selon la Fédération internationale de l’industrie phonographique (Ifpi), les revenus de la musique enregistrée provenaient à parts égales des ventes de disques (46 %) et des ventes numériques (46 %). Un chiffre qui s’explique notamment par l’augmentation du streaming musical mondial, découlant lui-même des développements des smartphones et tablettes. D’après Frances Moore, directrice générale de l’Ifpi, “le streaming domine aujourd’hui de façon flagrante le marché numérique, si bien que ce dernier constituera un jour la majorité des ventes de musique.”

Dans un tel marché, pas étonnant de voir fleurir différentes plateformes. Beats, Deezer, Qobuz, Google Music, ou encore Tidal (lancée par le rappeur Jay-Z) sont nées pour profiter de ce business en plein essor. Chacune optant pour un système d’utilisation propre, afin de se démarquer : catalogue allant de 20 à 35 millions de titres, encodages mp3 ou flac, montant des royalties aux artistes, offre gratuite illimitée ou avec période de test…

En introduisant la “playlist targeting”, Spotify souhaite donc optimiser ses revenus publicitaires. Tout en réaffirmant sa stratégie, basée sur la coexistence de l’offre d’écoute gratuite illimitée et du “premium.”

Augustin Lippens

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