Les “marketplaces” au secours des petits commerçants?

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Jérémie Lempereur Journaliste Trends-Tendances - retail, distribution, luxe

Sous le feu des critiques, les grandes plateformes proposent aux petits commerces de vendre sur leurs sites, arguments commerciaux à la clé. Doivent-ils se laisser séduire?

On frappe beaucoup sur les grandes plateformes de commerce en ligne, accusées d’être les grandes gagnantes de la fermeture des commerces jugés “non essentiels”. Mais ces grandes plateformes sont aussi pour la plupart ce que l’on appelle des places de marché. Elles ouvrent leur site à des commerçants tiers.

En cette période particulière, plusieurs ont décidé de se mobiliser. Zalando annonce ainsi le lancement en Belgique, dès l’an prochain, de son nouveau programme Connected Retail. Actif aujourd’hui en Allemagne, aux Pays-Bas, en Espagne, Pologne et Suède, il permet déjà à environ 2.000 boutiques de mode de vendre leurs articles sur le site du géant allemand, ces articles devant être expédiés par les commerçants eux-mêmes depuis leurs points de vente.

Contrairement à la marketplace classique de Zalando, qui permet surtout à des marques de s’internationaliser dans des pays où elles ne possèdent pas forcément de boutiques, ce nouveau programme s’adresse aux magasins physiques, en ce compris les petits magasins de quartier, qui n’ont pas nécessairement de site d’e-commerce. Zalando laisse tomber la commission jusqu’à la fin du premier trimestre 2021 et garantit des paiements hebdomadaires. “Notre programme s’est déjà imposé comme une alternative intéressante pour de nombreux commerçants lors du premier confinement”, explique Sarah Thomas, porte-parole Benelux.

Je n’ai pas l’impression que les petits commerçants physiques y trouvent de l’intérêt.”

Damien Jacob, fondateur du cabinet conseil Retis

Fini le relationnel

Les petites boutiques de mode doivent-elles se laisser séduire par la pieuvre allemande de la mode? Fondateur du cabinet conseil en e-commerce Retis, Damien Jacob se montre assez sceptique. “Je n’ai pas l’impression que les petits commerçants physiques y trouvent de l’intérêt, dit-il. Ceux-ci vivent essentiellement sur base du relationnel. Or Zalando coupe tout ce lien. Par ailleurs, ils devront s’occuper de la logistique, avec les coûts que cela implique.” Pas évident quand on sait que les partenaires doivent s’aligner sur les conditions de la plateforme, à savoir la “gratuité” des livraisons et des retours.

Pour cet expert, quoi qu’il arrive, un commerçant revendeur qui déciderait de se lancer devra sélectionner avec soin les articles vendus sur la marketplace. “Il doit garder ses exclusivités, conseille Damien Jacob. Car la plateforme, après avoir collecté des données sur ses produits, n’aura aucun remord à vendre elle-même ceux qui fonctionnent le mieux.” En outre, le risque est que les clients ne retiennent absolument pas le nom du magasin, et qu’en termes de notoriété, cela ne profite en réalité qu’à Zalando. Du côté du groupe, on assure que les commerçants sont mis en avant et qu’il s’agit vraiment d’un prolongement de leur boutique physique.

“Pour les marques, la démarche peut être intéressante, reconnaît Damien Jacob. Mais aux petits commerçants revendeurs, je conseillerais de privilégier le click&collect, et d’éventuellement utiliser ce nouveau service pour écouler rapidement des fins de séries.”

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