Essentiel vs. non essentiel: faire commerce à rayons bâchés

Jérémie Lempereur Journaliste Trends-Tendances - retail, distribution, luxe

Alors que la grande distribution déplore un cadeau fait aux grandes plateformes internationales, d’autres voient dans cette mesure la moindre des solidarités avec le petit commerce.

Depuis ce lundi et la fermeture des commerces jugés “non essentiels”, on assiste à des situations inédites dans les grandes surfaces. Ainsi, dans cet hypermarché Carrefour, la plupart des rayons non alimentaires – à l’exception des espaces livres, téléphonie et couture jugés essentiels – ont été condamnés. “Nous avons dû rendre certaines allées inaccessibles à l’aide de banderoles ou de bâches en plastique”, explique Aurélie Gerth, porte-parole de la chaîne.

En dehors des hypermarchés connus pour leur vaste espace non alimentaire, les formats de distribution plus compacts ont également dû adapter leur assortiment. “Dans nos supermarchés Market, nous vendons un peu de textile ainsi que quelques jouets que nous avons dû retirer”, explique la responsable. Une mesure que déplore l’enseigne. “Les clients sont déjà dans nos magasins pour faire leurs courses alimentaires, avance Aurélie Gerth. Nous avons pris toutes les mesures de sécurité nécessaires et allons déjà plus loin que ce qui nous est demandé en acceptant seulement un client par 15 m². Il faut bien se rendre compte que la fermeture de certains rayons profite aux grandes plateformes internationales qui ne paient pas de taxes en Belgique et ne créent aucun emploi chez nous.”

“Une forme de justice”

Du côté de l’Union des classes moyennes (UCM), on salue “une forme de justice à l’égard des petits commerçants”. Quant à savoir si cela avantage surtout les grands pure players internationaux (Amazon, Zalando, Bol.com, etc.), le président de l’organisation patronale, Pierre-Frédéric Nyst, confirme… mais ajoute : “Nous encourageons les petits commerces à faire un pas vers la digitalisation. Le click & collect (commande en ligne et retrait en magasin, Ndlr) est déjà une première étape”.

Essentiel vs. non essentiel: faire commerce à rayons bâchés
© Belgaimages

A la librairie bruxelloise Filigranes, on a profité du premier confinement pour se lancer dans la vente en ligne. “Nous sommes prêts”, assure son patron, Marc Filipson. La librairie reste néanmoins ouverte, le secteur du livre ayant été reconnu comme essentiel. “Je ne vois pas la différence entre autoriser un nombre maximum de clients par magasin et le click & collect qui fera venir plus de clients que jamais dans les rues, avec des files interminables”, affirme le responsable, qui a toutefois fermé l’espace jouets de sa librairie “par solidarité avec tous nos collègues qui vendent ces articles”.

Certains petits commerçants ne peuvent cependant pas “fermer un rayon” de manière aussi simple. Commercialisant un assortiment mélangé d’articles jugés essentiels et non essentiels, beaucoup se demandent de quelles aides ils pourront bénéficier s’ils décident de fermer boutique et de se centrer sur le click & collect. “Notre revendication, à l’UCM, est que le double droit passerelle soit accordé à tous les magasins fermés, explique Pierre-Frédéric Nyst. Mais cela n’est pour l’instant pas prévu dans les textes. Si ces commerçants ferment alors qu’ils n’y sont pas obligés, ils bénéficieront du simple droit passerelle de soutien à la reprise.”

Certains petits commerçants ne peuvent pas “fermer un rayon” de manière aussi simple…

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