L’humano-robot: cette lubie persistante de l’être humain

© Sergei Savostyanov/TASS/Sipa USA

Zora, Sophia, Grace, Talos, Atlas et maintenant le Tesla Bot annoncé par Elon Musk… Les robots humanoïdes roulent des mécatroniques aux portes d’un futur plus ou moins proche et pavés d’intentions plus ou moins claires. Pour aider les seniors. Ou soulager l’humain des tâches les plus lourdes et dangereuses… Mais avant cela, il faudrait que l’humano-robot tienne debout. Au propre comme au figuré.

Le buzz

Le 18 août, Elon Musk révélait urbi et orbi sa nouvelle toquade: Tesla Bot, un robot humanoïde de 1m72 pour 56 kg, avec une tête bardée d’intelligence artificielle et de huit caméras, pouvant se déplacer à 8 km/h et porter une charge de 20 kg… Le milliardaire n’en a pourtant pas exhibé le moindre boulon. En effet, le premier prototype de sa nouvelle créature ne serait pas visible avant fin 2022 au mieux. Car la communauté scientifique doute que le magnat soit capable d’arriver aussi vite à ses fins, alors qu’un projet comme l’Atlas, de Boston Dynamics, est en développement depuis 10 ans. Seul mérite du buzz éclair de Musk: rebrancher la lumière sur cette lubie persistante de l’être humain à vouloir se créer des avatars ou des auxiliaires techno-puissants.

Pour faire quoi?

Robot vient du mot tchèque “robota” signifiant “corvée”. Tout robot est donc là pour se substituer à l’homme dans l’accomplissement de ses tâches les plus fastidieuses, éprouvantes, répétitives, dangereuses. Les développements actuels, dopés par le potentiel de l’intelligence artificielle, explorent des pistes multiples. Un Musk affiche l’ambition de “créer une révolution économique” en remplaçant l’homme par le robot dans le travail physique. Les petits Zora (27 cm) de la société ostendaise Zorabots ou Grace (Hanson Robotics) sont, eux, déjà opérationnels dans l’assistance aux seniors et patients isolés. Grace est même spécifiquement orientée vers les seniors isolés par la pandémie de covid. Mais certains rêvent déjà en secret à des applications sur des terrains plus dangereux, comme la sécurité, les secours d’urgence, voire les opérations militaires.

L'humano-robot: cette lubie persistante de l'être humain

18 mètres

La taille de Gundam, le plus grand robot humanoïde du monde (photo ci-dessus), inauguré fin 2020 à Yokohama. Réplique géante d’un héros de série d’animation, le bidule pèse 25 tonnes et sera “visitable” dès 2022.

Debout!

On se calme, Terminator… Pour l’heure, il reste encore un fameux paquet de verrous techno-scientifiques à faire sauter. Ne fût-ce que parvenir au zero moment point, c’est-à-dire le point d’équilibre nécessaire à un bipède pour tenir debout, marcher, courir… Les humano-bots pourvus “d’actionneurs” à la place des muscles humains n’affichent pas notre souplesse naturelle nous permettant d’exécuter des mouvements rapides et d’absorber les chocs. Deuxième écueil: toute cette mécatronique de précision conjuguée au système d’intelligence artificielle s’avère hypervorace en énergie. Que le robot soit un avatar (piloté à distance) ou autonome, aucune batterie ne lui permet, à ce stade, d’être actif longtemps.

Inventer une robot-éthique

Dernier défi, socio-philosophique. Comment considérer le robot humanoïde? Quelles limites lui fixer? Selon quel code éthique? Rien n’est clair. “Les limites du robot doivent être fixées par l’être humain, assurent Fabrice Goffin et Thomas Deblieck, patrons de Zorabots, dont les mini-robots assistent en milieu médical des aides-soignants dans leurs tâches répétitives. Notre Zora n’est pas un outil ou objet médical. Ses applications ont été développées sur base des demandes du personnel. Mais il est vrai que sa présence, son look et son interaction avec les patients brisent leur solitude.” Un aspect qu’épingle Sacha Stojanovic, de la société de robotique Meanwhile: “Les interactions sociales doivent exister exclusivement entre humains. Un robot, fût-il humanoïde, est une machine qui doit être au service des personnes pour leur faciliter la vie. Non pour créer de l’humanité”. Débats et recherches sont loin d’être clos.

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