Fonds “high yield”: Oui, on trouve encore du rendement !

Les actifs offrant un revenu régulier ne sont pour la plupart guère à portée de l’investisseur particulier : trop compliqués, lointains, volatils… Les fonds gérés par des professionnels s’imposent dès lors plus que jamais. Quelques pistes.

Compte tenu du précompte de 30 % qui frappe les dividendes, il serait logique de dédaigner les fonds de distribution au profit des fonds de capitalisation, la solution étant de vendre quelques parts de temps en temps. Ecueil : psychologiquement, la démarche rebute nombre d’épargnants. Par chance, plusieurs grands fonds internationaux offrent encore un rendement brut presque inespéré par les temps qui courent.

Priorité aux Américains

Où les gestionnaires de fonds trouvent-ils encore des rendements dignes de ce nom ? Réponse sur le terrain, avec l’emblématique JP Morgan Global Income, dont les actifs dépassent 23 milliards d’euros. Son dividende trimestriel (1,30 euro le 20 novembre) offre un rendement (brut) de 4,1 %. Pour garder le cap, il n’y a qu’une solution : se concentrer sur les actifs rémunérateurs. Démonstration avec les prêts hypothécaires américains. Ceux qui bénéficient d’une garantie gouvernementale (agency securitised) n’affichent aujourd’hui que 0,5 à 1 %. Par contre, ceux qui n’en bénéficient pas naviguent entre 3,5 et 4 %. Il n’y a donc pas à hésiter : on évacue les premiers au profit des seconds. Les agency securitised ont représenté jusqu’à une dizaine de pour cent du portefeuille. Aujourd’hui, c’est zéro ! Les prêts non agency securitised se situent à 7 %.

Le rendement serait-il pour le reste surtout tiré des actions, qui offrent jusqu’à 4 % sur les marchés émergents et même 5 % en Europe ? Le Global Income demeure fidèle à la Bourse, mais avec mesure : fonds immobiliers (REIT) compris, la part des actions dans le portefeuille est aujourd’hui de 34 %, presque au minimum historique. Il faut toutefois y ajouter 9 % d’actions privilégiées et 2 % d’obligations convertibles. Principaux titres en portefeuille : Taiwan Semiconductor, Prologis, Roche, Coca-Cola…

Ce sont donc les titres à revenu fixe qui accaparent la majorité des actifs, soit 52 %. Le haut rendement européen (qui offre entre 4 et 4,5 %) en représente 8 %, ce qui constitue un maximum historique. Autre petite surprise : la dette émergente (qui rapporte 5 à 5,5 %), souvent présentée comme incontournable pour les assoiffés de rendement, ne pèse ici que 2 %. Priorité au haut rendement américain, avec pas moins de 28 % des actifs totaux. Encore cette proportion est-elle proche de son minimum historique, car elle a naguère dépassé la moitié ! Ces obligations high yield offrent toujours des rendements de l’ordre de 5,5 à 6 %. Les gestionnaires du JP Morgan Global Income se veulent visiblement assez prudents, avec une exposition mesurée sur les marchés émergents et en Bourse. Le fonds affiche un return de 4,38 % sur 10 ans et de 1,42 % sur trois ans.

Petites signatures, gros revenus

Comment les fonds de rendement ont-ils traversé cette fort difficile année 2020 ? Tournons-nous cette fois vers le Global High Income Opportunities de Capital Group. Responsable des placements à revenu fixe, Rob Neithart explique : “On a (en début d’année) assisté à une vague de vente aussi massive que rapide sur les marchés émergents du haut rendement. Surtout des crédits libellés en dollar qui sont devenus meilleur marché que ceux exprimés en devise locale. Nous en avons profité pour nous tourner vers les rendements plus attrayants offerts par les actifs affichant un rating moins élevé. Nous avons toutefois fait partiellement marche arrière après le rebond des marchés.”

Le fonds est essentiellement tourné vers les obligations à haut rendement des pays émergents. Le risque de change est cependant largement couvert. De toute manière, insiste le gestionnaire, 80 % environ des actifs émergents détenus par le fonds sont exprimés en devises fortes, dollar pour l’essentiel. On trouve, parmi les 10 premiers postes du portefeuille, des obligations émises par le Honduras, le Pérou, Abu Dhabi, ou encore la Turquie. En tête : un emprunt du Mexique affichant 8,5 %, un taux toutefois dépassé par les 9,88 % du groupe américain Gogo. Un quart du portefeuille affiche la notation BBB, le minimum de la qualité investment, tandis que moins de 10 % se situe au-dessus et… deux tiers en dessous (ou est sans rating). Il n’y a pas de miracle quand on vise le haut rendement ! Lequel ressort encore à une moyenne de 6,3 % sur le portefeuille, soit 1 % de moins qu’en 2019. Assez volatile, la valeur de l’action a récemment reflué, mais sans tomber en dessous de son niveau initial.

Durable… et plus stable

Chantre de l’architecture ouverte, Deutsche Bank Belgique propose traditionnellement tant des fonds maison que des fonds de tiers. Sur le terrain du rendement, la banque met en avant le JP Morgan Global Income présenté ci-dessus, ainsi que le Global Multi Asset Income du groupe Fidelity. Comme le fonds du groupe Capital, le second est plutôt investi en obligations sur les marchés émergents. Le fonds maison orienté vers le rendement est le DWS Top Dividend, qui pèse 2,5 milliards d’euros. Il a un petit frère “durable” depuis l’été 2017 : le DWS Invest ESG Equity Income. Ce sont des fonds investis en actions alors que les fonds de tiers retenus sont mixtes. “Quand on construit le portefeuille d’un fonds axé sur le rendement, on choisit tout naturellement des actions payant des dividendes élevés, avertit Damien le Maire, responsable de la sélection et de la gestion des fonds. Cela signifie des secteurs comme la finance ou encore l’énergie, dont le rendement atteint 6 %, plutôt que la technologie avec 1 %. Mais au niveau des cours, à l’issue des 11 premiers mois de l’année, la tech affichait +36 % (en dollar) et l’énergie -33 %… Ce dernier secteur ne représente toutefois que 7 % du portefeuille du fonds Top Dividend”.

Le cours du Top Dividend a dès lors concédé un repli de 8 % à fin novembre. Cela, c’est du court terme et tel n’est pas l’horizon d’un investissement, souligne toutefois Damien le Maire. “Quand on achète aujourd’hui un fonds de dividendes, on acquiert des actions affichant des valorisations fort correctes par rapport à certains segments de marché surachetés ces derniers temps.” Le portefeuille est composé de grandes capitalisations classiques comme Taiwan Semiconductor, Unilever, Verizon, Nestlé, ou encore Allianz et Roche. On relève toutefois, en deuxième et troisième position, NextEra Energy et Newmont Corp, une des principaux producteurs d’or de la planète.

Contrairement au précédent, l’ESG Equity Income est étale en 2020 au niveau du cours. Ce fonds ESG, qui répond donc à des critères d’environnement, sociaux et de gouvernance, s’avère fort logiquement plus défensif, puisqu’investi dans des secteurs peu cycliques. Le top 10 de son portefeuille est cependant très semblable au précédent, y compris avec Newmont Corp. Nestlé en est absent, mais on y relève Procter & Gamble et PepsiCo. Logiquement, le rendement du petit frère ESG est par contre inférieur à celui du Top Dividend, soit 2,2 % brut au lieu de 3,3 %.

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