Sophie Wilmès : “La relocalisation, ce n’est pas une recette magique”

Sophie Wilmès.
Christophe De Caevel
Christophe De Caevel Journaliste Trends-Tendances

La ministre du Commerce extérieur Sophie Wilmès (MR) préfère parler d’autonomie stratégique que de relocalisation. Elle se réjouit par ailleurs du retour imminent des missions économiques.

TRENDS-TENDANCES Près d’un exportateur sur trois pense que les problèmes d’approvisionnement perdureront toujours en 2023, voire au-delà. Cela inquiète-t-il la ministre du Commerce extérieur?

SOPHIE WILMÈS Nous voyons à travers ce baromètre qu’une entreprise exportatrice sur deux a connu des problèmes d’approvisionnement et que beaucoup en connaissent encore. La reprise ne se passe pas sans heurt, toutes les usines ne redémarrent pas à plein et, dans certains pays, elles sont encore à l’arrêt à cause du Covid-19. Et comme, dans le même temps, vous avez des investissements massifs en Europe pour relancer l’économie, que la demande redémarre de manière plus soutenue qu’auparavant, vous avez une forme d’entonnoir de l’approvisionnement. Cela constitue un risque majeur pour la reprise économique.

En dépit des difficultés d’approvisionnement, l’idée d’une relocalisation des activités ne semble guère prisée par les entreprises. Est-ce un regret pour vous?

La relocalisation, ce n’est pas une recette magique. Je préfère parler d’autonomie stratégique, c’est-à-dire la capacité de l’Europe à développer en son sein les matières dont elle a besoin pour garantir son autonomie stratégique, à organiser des systèmes qui feront que l’on ne se retrouve plus pieds et poings liés par des décisions prises par d’autres pays. Cette autonomie, cela peut vouloir dire “relocaliser”, développer en Europe des capacités de production propres pour des produits très particuliers et à haute valeur ajoutée. Mais cela peut aussi être de la diversification dans des continents et des types d’entreprises différents et d’autres leviers dans une stratégie multi-facettes.

Dans les prochains mois, les entreprises exportatrices pourront à nouveau participer à des missions économiques. Qu’est-ce que cela va apporter?

Diverses études ont montré, et ce baromètre le confirme, que les entreprises se sont débrouillées avec du travail à distance et que parfois, cela améliore même l’efficacité. Je me réjouis des avancées dans la digitalisation durant cette période. Nous soutenons cela. Lors du dernier conclave budgétaire, nous avons pris des décisions tant sur la déductibilité renforcée pour les investissements dans le numérique et pour l’environnement que sur la digitalisation des certificats d’exportation, et pour fluidifier les formalités administratives qui restent, en Belgique, un frein aux exportations.

Le digital a donc permis de se débrouiller, d’entretenir des contacts. Mais ce n’est valable qu’un temps. Les gens ont besoin de se voir et d’interagir physiquement pour construire la confiance, pour dynamiser la créativité. Et à titre philosophique, je trouve que c’est une bonne nouvelle pour l’être humain.

Des missions économiques sont prévues au Royaume-Uni en mars, aux Etats-Unis – la première terre hors d’Europe à laquelle pensent les entreprises – en juin et au Japon en novembre. Pour une petite économie ouverte comme la nôtre, ce type de rendez-vous est crucial. Les gens doivent se rencontrer pour créer des opportunités commerciales.

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