Rika Coppens, une “missionnaire du travail” Manager van het Jaar

Rikka Coppens (House of HR), Trends Manager de l'année 2022 © DEBBY TERMONIA
Alain Mouton Journaliste chez Trends  

Elue Manager de l’Année par nos confrères de “Trends”, Rika Coppens a de quoi être fière. Le groupe d’intérim et de recrutement House of HR croît plus vite que le marché, tant en termes organiques que par ses acquisitions. L’entreprise est le plus grand prestataire belge dans le domaine des ressources humaines, et le neuvième d’Europe.

Les collaborateurs de House of HR se qualifient eux-mêmes de “joyeux rebelles”, expression qui traduit entre autres leur très grande autonomie, leur décentralisation et leur esprit d’entreprise, caractéristique de la culture du groupe lui-même. L’image d’employés branchés et dynamiques est également conforme à la stratégie de marque employeur du prestataire de services de ressources humaines.

Il y a quelques années, Rika Coppens, la CEO, s’exprimait dans les colonnes de Trends en ces termes: “House of HR a résolument oeuvré à la rétention du personnel ces dernières années. Elle ne cesse de travailler sa marque employeur. Le nombre de ses acquisitions fait sa particularité. Chacune des entreprises rachetées a sa culture et ses habitudes propres. Faire en sorte que tous ces employés fonctionnent ensemble est un défi sur le plan des ressources humaines, mais offre aussi un potentiel énorme. Nous ne voulons pas d’une culture d’entreprise verticale.”

Valorisée à 3 milliards d’euros en 2022, House of HR a multiplié sa taille par 10 en 10 ans.

Cet esprit d’équipe s’est encore manifesté à l’occasion du festival House of Happy Rebels – sorte de Tomorrowland maison – organisé le 10 septembre dernier à Eindhoven. “Plusieurs entreprises membres de House of HR avaient souhaité voir tout le monde physiquement réuni, relate Rika Coppens. Nous tenions en outre à remercier les collaborateurs.”

Seize acquisitions en 2022

L’entreprise emploie 4.300 personnes et représente 50 marques. Ce large éventail s’explique par la stratégie de croissance mise en place sous la direction de Rika Coppens. Depuis la nomination de sa CEO, en 2017, la société sise à Roulers a enregistré une croissance organique de 8% l’an, soit jusqu’à 5% de plus que la concurrence. A cela s’ajoutent les acquisitions, au nombre de 16 rien qu’en 2022. La préférence va aux entreprises qui placent des profils spécialisés.

House of HR n’aime pas se comparer aux grands acteurs mondiaux comme Adecco ou Randstad, qui tirent toujours une part importante de leur chiffre d’affaires du placement massif d’employés. Les marques de House of HR n’ont aucune dififculté à rivaliser avec eux. L’entreprise est le plus grand prestataire belge dans le domaine des ressources humaines, et le neuvième d’Europe.

6.000 équivalents temps pleins

Les achats réalisés l’an passé montrent l’assise acquise par House of HR dans le segment spécialisé: citons notamment la française ABMI (services de consultance et d’ingénierie), la néerlandaise Agium (experts financiers), l’allemande Solcom (enrôlement dans l’informatique et l’ingénierie) et la française StaffMe (recrutement dans le numérique). Ces acquisitions feront passer les effectifs de plus de 3.000 équivalents temps plein en 2020 à plus de 6.000 cette année.

En termes de croissance, 2022 a été une année clé pour House of HR, dont l’acquisition d’une participation de 55% par l’américain Bain Capital, spécialisé en capital-investissement, a été annoncée l’été dernier. Les 45% restants sont détenus par la direction (25%), par Naxicap, le précédent actionnaire majoritaire, et par Conny Vandendriessche, la fondatrice du groupe.

Bien qu’elle ne soit pas encore achevée, l’opération sera la plus grande acquisition jamais réalisée en Belgique par un fonds de capital-investissement. Nul ne sait combien Bain Capital compte mettre sur la table mais en 2022, House of HR était valorisée à 3 milliards d’euros. Naxicap lui a permis de multiplier sa taille par 10 en 10 ans. La reprise du flambeau par Bain permettra au groupe de poursuivre cette croissance. Avec un chiffre d’affaires de 2,2 milliards d’euros en 2021 et des bureaux en Belgique, aux Pays-Bas, en France et en Allemagne, ainsi que des succursales en Pologne, en Roumanie, en Hongrie et en Espagne, entre autres, House of HR est d’ores et déjà un acteur européen de tout premier plan.

L’aura de Rika Coppens dans le monde des ressources humaines européen n’en est que plus intense. Selon Staffing Industry Analysts, spécialiste mondial des données dans la sphère des ressources humaines, la CEO fait partie des 50 femmes les plus influentes du secteur.

Je dis toujours que de chasseuse, je suis devenue braconnière, ou vice versa”.

Une fois son diplôme d’ingénieure commerciale (KU Leuven) en poche, Rika Coppens (49 ans) est entrée chez PricewaterhouseCoopers en tant qu’audit manager, avant d’embrasser une carrière de directeur financier dans diverses entreprises. “Je dis toujours que de chasseuse, je suis devenue braconnière, ou vice versa. J’ai notamment été CFO de Bureau van Dijck Computer Services et de Zenitel. J’ai ensuite intégré, à Breda, IFR Group, qui exploite plus de 2.000 stations-services au Benelux et en France. Je suis devenue CEO d’IFR en 2014, à l’arrivée d’un acteur du capital-investissement. En 2017, lorsque le groupe a fusionné avec une entreprise britannique, je suis partie et j’ai intégré House of HR.”

Facteur d’intégration

Conny Vandendriessche avait fait entrer Rika Coppens au conseil d’administration de House of HR dès 2016. Invitée ensuite à prendre la tête de l’entreprise, Rika Coppens a oeuvré à l’intégration du spécialiste du travail intérimaire Accent. La CEO manifeste un enthousiasme évident: “Il n’y a pas de meilleur job au monde que de donner du travail aux gens. Je dis toujours que nous changeons des vies. J’ai la naïveté de croire qu’il n’existe pas une seule personne à qui House of HR ne peut pas trouver un emploi. Je suis une missionnaire du travail. Le travail est un véritable facteur d’intégration ; il est gage de prospérité, et assure le bien-être de la famille.”

Rika Coppens dirigeait le groupe lorsque la pandémie de Covid-19 a éclaté. Le monde des ressources humaines a été frappé de plein fouet – quand l’économie s’arrête, c’est d’abord le recrutement, tout particulièrement dans le secteur de l’intérim, qui souffre. En fonction des secteurs, la demande a chuté de 35 à 65%.

Certains services de House of HR se sont donc totalement arrêtés. Comme Nowjobs, cette application axée sur le placement d’intérimaires dans l’horeca et l’événementiel, qui a dès lors décidé de se rabattre sur les segments du commerce de détail et de la livraison à domicile, entre autres. House of HR a également fourni des candidats à l’agriculture et à l’horticulture, secteurs auxquels les travailleurs étrangers n’avaient plus accès.

Efficacité numérique

Quelques mois à peine après la crise, les opérations avaient renoué à 80% avec les niveaux atteints avant la pandémie. Ce qui est en partie dû à la structure décentralisée du groupe, estime la direction. Les collaborateurs sont responsables de leur manière de fonctionner, au sujet de laquelle le siège central n’impose rien.

Son efficacité numérique a contribué à la relance des activités de l’entreprise. House of HR est en effet un pionnier dans ce domaine, et depuis longtemps. Lancée en 2014, son application Swop permet aux demandeurs d’emploi de postuler rapidement à l’aide de leur smartphone, sans avoir à écumer les sites internet et à envoyer C.V. et lettre de motivation.

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