Relance économique: il manque 5.000 chauffeurs routiers en Belgique

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Selon une étude du cabinet britannique Transport Intelligence, il manque 400.000 chauffeurs routiers en Europe. Une pénurie qui touche également la Belgique. On fait le point avec Isabelle De Maegt, responsable du service informations auprès de la Fédération Royale Belge des transporteurs et des prestataires de services logistiques (Febetra).

Il manque 400.000 chauffeurs routiers en Europe, selon une étude du cabinet britannique Transport Intelligence (TI). Et quand on parle de L’Europe, ce n’est pas au sens large, d’après cette étude, tous les pays sont concernés: la Pologne serait en déficit de plus de 120.000 conducteurs, l’Allemagne de près de 60.000, et l’Espagne de 15.000. Avec des salaires plutôt bas et des conditions de travail compliquées, les transporteurs européens peinent à recruter. Une situation que connait la Belgique, comme le confirme Isabelle De Maegt, responsable du service informations auprès de Febetra.

On parle toujours de la pénurie des chauffeurs routiers en Europe, mais est-ce le cas en Belgique aussi ?

Isabelle De Maegt : Oui la Belgique souffre, tout comme le reste de l’Europe, d’un manque de chauffeurs routiers. Et vu la pyramide des âges, si on n’arrive pas à combler ce manque, cela va aller en empirant au fur et à mesure que les chauffeurs actuels partent à la retraite. Actuellement 42% des chauffeurs poids lourds ont plus de 50 ans, cela veut dire que 3 sur 4 prendront leur pension endéans les 15 ans.

La demande est plus forte que l’offre… Cette pénurie était moins visible au début de la crise sanitaire du coronavirus, car avec la fermeture de certains commerces, des routiers s’étaient retrouvés sans travail. Mais maintenant que nous sommes en pleine relance économique, ce manque est criant.

Selon vous, combien de chauffeurs routiers supplémentaires aurait-on besoin chez nous ?

Oui, on parle actuellement d’une pénurie de 5.000 chauffeurs routiers pour notre pays.

Quelles sont les raisons de ce désamour pour cette profession ?

Il semblerait que peu de chercheurs d’emploi soient attirés par ce débouché… Sans doute parce qu’ils sont nombreux à penser que ce métier est incompatible avec un bon équilibre vie privée/vie professionnelle. Bien sûr, il ne s’agit pas d’horaires de bureau tout au long de l’année, mais c’est faux de penser que ce n’est pas compatible avec une vie de famille. C’est d’ailleurs un constat que nous faisons souvent, et pas uniquement pour le transport.

Une autre constatation, mais celle-ci a été faite sur base d’enquête auprès de nos chauffeurs routiers : c’est le manque de considération qu’ils ressentent envers leur profession. Souvent, lorsqu’ils arrivent pour décharger, on les fait attendre très longtemps, ou ils n’ont pas accès aux sanitaires… Il n’y a qu’à voir certains parkings vétustes mis à leur disposition pour se rendre compte du manque de considération envers ce métier qui pourtant est essentiel pour notre économie.

Comment pourrait-on remédier à cela ?

Le secteur fait déjà pas mal d’efforts pour attirer de nombreux jeunes et moins jeunes vers la profession, car il faut bien souligner que ces formations ont un certain coût (de 5.000 à 6.000 euros je pense) si on passe par une auto-école, c’est pour cela que le fonds social a mis des aides en place afin d’en réduire le prix.

Il existe aussi une option “chauffeur poids lourds” dans certaines écoles, celle-ci est accessible à partir de la 5e humanité, et puis il y a aussi les formations qui s’organisent via le Forem par exemple. Dans ces deux derniers cas, nous mettons des véhicules à disposition des candidats chauffeurs routiers. Pour les écoles, nous intervenons en plus dans les frais de carburants.

Des campagnes d’informations sont aussi organisées pour revaloriser le secteur. Notamment pour pallier le manque de considération actuel pour la profession, nous organisons, en collaboration avec les Pays-Bas, la Journée du routier le 9 décembre. Nous demandons aux sociétés participantes de “dérouler le tapis rouge” aux chauffeurs qui viendront ce jour-là, ou d’organiser un petit quelque chose afin de les remercier.

Les femmes se tournent-elles vers cette profession, qui semble majoritairement masculine ?

Il y a aujourd’hui 2% de femmes chauffeurs routiers. Ce pourcentage augmente, mais bien trop lentement à notre goût. Doit-on encore rappeler qu’il n’est plus besoin d’être grand et baraqué pour exercer cette profession ? Avec les assistances à la conduite dont les camions actuels sont équipés, tout le monde peut les conduire, plus besoin de muscles.

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