Quel est l’impact économique de la crise en novembre 2020 sur les différentes régions?
Il y a quelques jours, nous analysions l’évolution la situation des entreprises suite à la deuxième vague de la covid-19 en novembre. Voyons aujourd’hui comment cela se traduit au niveau régional.
Nous partons des derniers comptes annuels publiés par les entreprises du pays en 2018 et 2019, soit 461.991 comptes. Mais on ne retient que les entreprises encore actives aujourd’hui, soit 429.507, pour la réalisation de l’étude.
En marge
On notera que la ventilation est de 389.816 comptes publiés pour l’exercice 2019 et 72.175 comptes pour 2018. De celles qui ont publié leur exercice 2019, 4,57% (17.829) ne sont plus actives aujourd’hui. La proportion est de 20,30% (14.655) pour les autres. Ceci confirme à quel point l’indicateur de retard de publication des comptes annuels reste prédictif en matière de défaillance d’entreprises.
La représentativité régionale
On voit que 14,34% des entreprises de la Région Bruxelloise publient des comptes, alors que la région n’abrite que 12,91% des entreprises du pays. La région abrite donc proportionnellement plus de sociétés et associations qui doivent publier que ce que sa population d’entreprise ne représente. La région Flamande connaît la même surreprésentation : 61,38% d’entreprises avec comptes pour 55,77% des entreprises actives. En Région Wallonne, c’est l’inverse : 23,83% d’entreprises avec comptes pour 25,05% des entreprises du pays. Pour l’anecdote, ce sont les entreprises internationales qui sont le plus sous-représentées : 0,44% d’entreprises avec comptes publiés (en Belgique), pour 6,27% de la population totale.
L’évolution régionale
A Bruxelles, 59,89% des entreprises avaient une solvabilité supérieure à 25% selon leur dernier bilan. Elles ne sont plus que 54,01% aujourd’hui. C’est une baisse relative de 9,81%.
En Région Wallonne, on passe de 61,03% à 56,09%. Le taux de baisse est donc inférieur, à -8,10%.
En Région Flamande, on en comptait 70,39% sur bilan et on passe aujourd’hui à 62,91% ? La baisse relative est ici de 5,52%.
Le tissu économique du nord du pays est donc à la base nettement plus solide que pour les 2 autres régions, et résiste aussi nettement mieux à la crise.
Du côté plus sombre de l’analyse, on constate que la Région Bruxelloise abritait 18,67% d’entreprises avec une solvabilité négative sur bilan. Elles sont maintenant 26,47%. C’est une hausse de 41,78% !
En Région Wallonne, on partait de 15,65% des entreprises et on en est aujourd’hui à 21,48%. La hausse est ici de 37,20%.
En Région Flamande, il n’y en avait que 11,50%. On en est aujourd’hui à 15,77%, soit une hausse relative de 37,14%.
Dans le 3 régions donc, on voit qu’il y a parfois bien plus de 10% des entreprises qui sont en faillites virtuelle sur base des derniers comptes annuels et qu’on dépasse maintenant les 15% en Flandres, les 20% en Wallonie et même 25% à Bruxelles.
Il ne faut pas oublier que Bruxelles subit plus les conséquences de la crise par le simple fait qu’elle est une ville et qu’elle abrite le siège de beaucoup d’entreprises, y compris des grandes et moyennes qui ont leurs activités dans les autres régions. Les activités de services et de commerce y sont aussi proportionnellement bien plus présentes qu’ailleurs et on sait que ces activités sont bien plus impactées durant cette crise spécifique que la production et l’industrie par exemple.
Pour conclure
Le tissu économique est fortement impacté partout, mais ne sortira pas uniformément de la crise dans le même état. On voit ici tout le bénéfice d’avoir des capitaux propres solides pour affronter les tempêtes. Il y a donc une leçon à tirer de ceci pour les entrepreneurs et pour les gouvernements, qui fixent les règles du jeu : la capitalisation des entreprises est un enjeu capital et il faut toujours veiller à ce qu’elle soit suffisante pour assurer la pérennité du tissu économique. En matière d’économie, la qualité prime souvent sur la quantité. Il semble qu’on ait eu tendance à l’oublier ces dernières années. Le rappel est dès lors brutal aujourd’hui.
Pascal Flisch
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