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Pourquoi les Belges ne placent plus le travail au centre de leur vie ?

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

Il y a un vieux proverbe africain qui dit que lorsque le serpent mue, il est aveugle. C’est exactement ce qui se passe en ce moment pour le monde du travail et du salariat en particulier.

A force de ne parler que de Poutine et de nos factures d’énergie, on en oublie la période COVID. On est aveugle comme le serpent. Or, le covid a profondément transformé les mentalités des salariés à un tel point que les études et les sondages se succèdent et arrivent tous à la même conclusion : les salariés ont changé. Comme le font remarquer mes confrères du Figaro, les Français ne placent plus le travail au centre de leur vie. Remplacez Français par Belges est vous aurez une idée de ce qui se trame en ce moment sur le marché du travail qui, au passage, est passé d’un marché de sélection à un marché de séduction. Pour séduire un jeune aujourd’hui, il faut lui donner du sens, car il a un autre rapport au travail et ne souhaite plus avoir la même loyauté envers l’entreprise que ses parents. Sans doute parce que ce jeune estime que ses parents n’en ont pas été justement récompensés. Chez les jeunes, le 100% présentiel est à bannir. Pour eux, le présentéisme est obsolète, car le lieu de travail n’est plus le seul lieu pour se réaliser.

Quant aux travailleurs seniors qui pratiquent aussi le télétravail, eux ont du mal avec la nouvelle mode des bureaux partagés par roulement. Pour eux, cette nouvelle forme de travail sans intimité accentue plus l’individualisation des tâches. Ce que je vous dit ici, est le résultat d’enquêtes ou de sondages effectués en France, mais ces résultats sont certainement valables aussi en Belgique au vu de ce que j’entends lors de mes contacts quotidiens avec les employeurs.

D’autres experts en ressources humaines pensent même que nous sommes en train d’assister à une démission silencieuse de certains salariés, autrement dit, des personnes qui pour diverses raisons, font le strict minimum. En clair, le confinement a fait prendre conscience à ces salariés qu’ils n’ont qu’une santé et de manière excessive ou pas, ils pratiquent cette démission silencieuse qui ne dit pas son nom.

Pareille attitude peut venir d’un jeune, mais aussi d’un ex-bourreau du travail qui après le COVID se pose des questions sur son mode de travail et qui désormais veut se protéger en se mettant en retrait. C’est comme l’écrit le Figaro, une forme de “ ras-le-bol d’en faire toujours trop pour la même reconnaissance et la même paie“. Je ne sais pas si les employeurs qui écoutent cette chronique sont tous confrontés à ces phénomènes que je viens de décrire brièvement, mais une chose est certaine : la seule manière de ré-echanter le travail et d’éviter ce “quiet quitting”, autrement dit, cette démission silencieuse, c’est d’augmenter la qualité du management. D’avoir un encadrement qui s’intéresse plus à ses équipes, qui est plus en contact avec eux et pas des managers qui croulent sous les tâches de reporting. Quant au patron, c’est simple : il doit donner du sens à ses travailleurs, leur dire qu’elle est la finalité de leur job. Et surtout, le ou les patrons en question doivent se souvenir que “toute contrainte est une grâce” .

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