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Pourquoi Google a peur de ChatGPT?

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

C’est au cours de cette chronique économique que nous avons été les premiers à vous parler de ChatGPT, une sorte d’intelligence artificielle tellement puissante qu’elle fait peur à certains. Et notamment à la ville de New York, qui vient d’interdire son utilisation dans les écoles de la ville.

Pour ceux et celles qui n’auraient pas entendu parler de ChatGPT, je rappelle que vous pouvez demander tout ou presque à cette IA et qu’elle vous répondra en quelques secondes. C’est vrai qu’elle peut faire les dissertations les plus difficiles à la place de l’élève ou résoudre, pour cet élève, les problèmes de maths les plus compliqués, et cela juste le temps de cligner de l’oeil. Mais cela, c’est un beau débat qui doit encore venir chez nous, sachant que les débats sociétaux américains finissent toujours par atterrir chez nous.

Mais moi, je suis responsable d’une chronique économique, et pas sociétale, même si les deux se rejoignent souvent. Ce qu’il est intéressant de comprendre, c’est pourquoi la direction de Google a émis un “code rouge” en interne comme réponse à cette intelligence artificielle. Se pourrait-il que le plus puissant moteur de recherche au monde ait peur de ChatGPT ? Je crois que c’est trop tôt pour le dire, et il faut parfois se méfier du buzz excessif autour d’une nouvelle découverte, comme ChatGPT, mais tout de même : Google a raison de rester méfiant. Pourquoi ? Mais parce que Microsoft (qui n’est pas quand même pas la PME du coin) a déjà investi 1 milliard de dollars dans ChatGPT. Et Microsoft vient aussi d’annoncer qu’elle allait intégrer ChatGPT dans son moteur de recherche Bing mais aussi dans la suite de produits Microsoft Office.

C’est donc une révolution qui se prépare en quelque sorte. Pourquoi ? Parce que toutes les entreprises du monde travaillent avec Microsoft Office. Désormais, comme l’explique la lettre d’information L’investisseur Tech, lorsque nous voudrons rédiger un email et que nous manquerons d’inspiration, hop, ChatGPT pourra le faire à notre place. Même chose si nous devons écrire quelque chose en Word, même chose encore si nous avons une présentation PowerPoint, la simple intégration de ChatGPT dans Microsoft Office, et son moteur de recherche Bing, pourra nous permettre de produire du contenu en quelques secondes, tout en allant chercher des données ou des images ou que sais-je encore pour l’insérer dans notre magnifique PowerPoint.

Avec des milliards d’utilisateurs dans le monde, Microsoft est donc sur le point d’intégrer un assistant d’intelligence artificielle avancé dans tous les PC du monde. Cela expliquerait que la rumeur veut que Microsoft puisse encore investir 10 milliards de dollars dans l’actionnariat de ChatGPT. C’est possible ! Mais alors direz-vous, en quoi est-ce un danger pour le moteur de recherche Google ? C’est un danger dans le sens où les recherches que nous faisons sur Google visent bien entendu à nous donner une réponse, mais chacun le sait les liens, qui arrivent en premier lieu, sont des liens d’entreprises, qui ont payé pour être mieux référencées, et donc arriver en première position.

Le moteur de recherche Google rend d’immenses services, c’est vrai, mais c’est aussi et d’abord une machine à chercher de la publicité. Maintenant, pensez à un moteur de recherche qui serait alimenté par ChatGPT, son fonctionnement serait différent. Dans ce modèle ce qui prime, c’est la réponse et il n’y a pas de place pour les annonceurs. ChatGPT fournit simplement la réponse sans nous diriger vers du contenu, payé par des annonceurs. Et c’est cette menace sur le modèle économique de Google qui expliquerait le “code rouge”, émis en interne, par la direction de Google.

Ceci dit, je ne m’inquiète pas encore trop pour Google, car ils ont les moyens de riposter et que ChatGPT n’en est qu’à ses débuts et que les résultats ne sont pas encore parfaits. Mais l’amateur de concurrence saine, que je suis, est heureux. Je sais bien que Peter Thiel, l’une des figures de la Silicon Valley, dit toujours que la concurrence, c’est pour les losers. Du point de vue patronal, il a mille fois raison, mais de notre point de vue de consommateur, il a tort.

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