“Netflix peut aider les opérateurs télécoms à créer de la valeur”

Reed Hastings, fondateur et CEO de Netflix. © REUTERS

Reed Hastings, le CEO de Netflix, était ce mercredi à Bruxelles pour défendre sa vision de la neutralité du Net… et pour faire quelques appels du pied aux opérateurs télécoms.

L’association européenne des opérateurs télécoms, ETNO, réunissait ce mercredi ses membres à Bozar, dans le centre de Bruxelles. Le lobby des opérateurs organise chaque année un sommet avec le Financial Times, rassemblant les dirigeants des principaux opérateurs européens et mondiaux. Le CEO de Netflix, Reed Hastings, y était invité en guest star, pour un exposé consacré à la neutralité du Net.

Le patron du service de streaming, qui vient de se lancer en Belgique, n’est pas en terrain conquis face aux opérateurs télécoms. Ceux-ci lui reprochent de consommer une quantité énorme de bande passante. “Lors de la mise en service de Netflix en Belgique, nous avons constaté un pic consommation comme nous n’en avions jamais vu auparavant”, souligne Dominique Leroy lors du même sommet. Aux Etats-Unis, à certaines heures de grande écoute, Netflix accaparerait jusqu’à 30% du trafic Internet. Cela a même poussé certains opérateurs américains à ralentir le site chez leurs clients, afin de forcer Netflix à conclure un accord financier avec eux.

“Internet est le jardin d’Eden”

L’argument des opérateurs est simple : vu la consommation dont le site est responsable, ils considèrent que Netflix doit contribuer aux investissements importants qu’ils consentent dans leurs réseaux pour que le consommateur final dispose d’une qualité vidéo irréprochable. Reed Hastings voit les choses tout à fait autrement. Il se repose sur la neutralité du Net, un principe renforcé en avril dernier par le Parlement européen. “Le principe de la neutralité du Net interdit toute forme de blocage de source de données, mais aussi toute forme de favoritisme pour quelque source que ce soit”, explique Reed Hastings à la tribune de Bozar. Selon le patron de Netflix, ce principe tient de la nature même du Net : “Internet est comme le jardin d’Eden. C’est un territoire libre, où chacun peut consommer du divertissement, des informations, interagir avec d’autres internautes… Internet est très différent des écosystèmes fermés traditionnels comme la télévision, où le consommateur a un choix limité de contenus.”

Au-delà de cette vision édulcorée du monde merveilleux du web, le patron de Netflix défend évidemment son bifteck. Les accords payants avec les opérateurs télécoms, sur le modèle de ceux conclus aux Etats-Unis, très peu pour lui. Voici son raisonnement : “Ce n’est pas Netflix qui consomme la bande passante des opérateurs. Ce sont les consommateurs qui utilisent notre service de streaming. Pour cela, ils payent déjà les opérateurs.” Conclusion de Reed Hastings : pourquoi Netflix devrait-il aussi participer ? Selon lui, Netflix ne doit pas être vu par les opérateurs comme une nouvelle source directe de revenus, mais plutôt comme une opportunité de proposer aux clients des “packs” télécoms plus costauds. En clair : de faire payer le consommateur plus cher.

Formules premium

“Netflix peut aider les opérateurs télécoms à créer de la valeur, assure Reed Hastings. Les clients qui veulent la meilleure qualité de streaming ou qui veulent pouvoir consommer Netflix sur plusieurs postes de télévision simultanément, seront intéressés par des formules premium proposées par les opérateurs. Cela pourrait, in fine, augmenter l’ARPU (NDLR, revenu moyen par utilisateur) des opérateurs.” Reed Hastings a notamment vanté les atouts de la 4K, le nouveau format vidéo de très haute définition présent sur les téléviseurs de dernière génération. Un format beaucoup plus lourd (et donc plus gourmand en bande passante), utilisé pour filmer la série TV Marco Polo, la prochaine superproduction d’un certain… Netflix.

Reed Hastings appelle donc les opérateurs à travailler main dans la main avec son entreprise. Tous les opérateurs ne sont pas insensibles à cet appel du pied. En France, Bouygues Telecom et Orange ont signé un accord avec Netflix afin de proposer le service directement sur leur box. Chez nous, Proximus fera de même d’ici la fin de l’année.

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