Liège Airport: les promesses d’emplois ne suffisent plus
Coup de frein pour Liege Airport: le permis d’environnement est renouvelé à condition de plafonner l’activité et de réduire progressivement le bruit occasionné par les vols de nuit. L’aéroport introduit un recours.
Ces fonctionnaires de la Région wallonne ont douché les espoirs de croissance de la direction de Liege Airport, subordonnant le renouvellement du permis d’environnement sur 20 ans de cette infrastructure à plusieurs conditions. Notamment un quasi gel des “mouvements” (décollages et atterrissages) à 50.000 par an (l’aéroport en comptait 45.000 l’an dernier). Et une réduction annuelle du quota de bruit nocturne à partir de 2024 (5% par an).
Le conseil d’administration de Liege Airport conteste ces deux conditions et annonce un recours. Elles lui paraissent néfastes à “l’activité et l’emploi et mettent en péril la viabilité de l’aéroport”. D’autres recours de riverains ne sont pas exclus. La Région aura 100 jours pour se prononcer. En 2021, lors des séances d’information pour le renouvellement de ce permis, Liege Airport avait présenté son plan Vision 2040, avec un doublement du fret à l’horizon 2040 (et 70.000 mouvements), promettant 7.400 emplois supplémentaires en plus des 16.600 existants.
S’opposer ou s’adapter
Cette décision représente un virage. Jusqu’ici, les pouvoirs publics régionaux ont fait du développement des aéroports wallons une stratégie pour accroître l’emploi. Une politique confrontée à l’opposition toujours plus forte des riverains, malgré des mesures compensatoires (rachats ou isolation de maisons). Le débat s’est élargi spectaculairement avec la pression de la lutte contre le réchauffement climatique, défavorable aux avions. “J’aurais été plus loin dans les mesures, car c’est le moment ou jamais de changer de cap, estime un expert qui souhaite demeurer anonyme. Avec le recours de l’aéroport, on va adopter la politique de l’autruche, ça coûtera plus qu’on ne le pense.”
Liege Airport ne s’oppose pas à toutes les conditions du permis, mais estime le niveau de réduction de bruit nocturne demandée inatteignable du fait de “l’évolution technologique du secteur et des cadences de disponibilité d’avions neufs sur le marché”. Il craint de perdre son atout d’aéroport accessible 24 h sur 24, avec peu de contraintes, et d’indisposer son gros client, Fedex, qui a fort réduit ses vols de nuit et pourrait être dissuadé de les redévelopper.
Le recours devrait être examiné par les ministres concernés, Willy Borsus (MR) pour l’économie et Céline Tellier (Ecolo) pour l’environnement, voire l’exécutif dans son ensemble, car le dossier est hautement politique. Les partis de la majorité wallonne peuvent aussi choisir de ne pas choisir, et laisser les conditions du permis s’appliquer.
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