Les entreprises débutent l’année dans un grand stress

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Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

La reprise est abîmée par la poursuite de la crise sanitaire et l’explosion des coûts. Leurs représentants confient à “Trends-Tendances” leurs angoisses et leurs appels à l’actions concernant les pénuries de produits et les faillites.

Comme pour ne rien arranger, les pénuries de matières premières et de main-d’oeuvre continuent de perturber la relance post- covid. “Certaines entreprises affirment qu’elles sont rationnées comme en temps de guerre, souligne Olivier de Wasseige. Ou alors elles ne reçoivent pas ce qu’elles demandent et les prix explosent. Une entreprise agroalimentaire me disait récemment que l’huile, composante principale de sa production, a doublé ou triplé de prix. Ajoutez la pénurie de main-d’oeuvre qui ne fait qu’augmenter: nous étions au troisième trimestre 2021 à 39.700 emplois vacants alors que nous en étions à 31.700 au premier trimestre. La reprise est passée par là, cela fait 25% d’augmentation, c’est énorme! Nous misons beaucoup sur la réforme de l’accompagnement du Forem, mais certains points continuent à ne pas nous satisfaire.”

Les chiffres “positifs” des faillites sont-ils une lueur dans la grisaille? L’année 2021 se termine avec 12,8% de faillites en moins qu’en 2020 et 41,5% en moins qu’en 2019 grâce aux mesures de soutien et aux moratoires successifs, soulignait L’Echo. “Cela m’énerve, ce genre d’information, grince Pierre-Frédéric Nyst. C’est vraiment analyser un volcan en parlant d’une volute de fumée en sachant parfaitement qu’il va exploser. Des faillites, il va y en avoir. Cela sera-t-il un tsunami? Je ne sais pas, franchement. Mais le moratoire de fait – avec l’absence des poursuites de l’ONSS, de l’Inasti, des contributions et de la TVA – s’est terminé le 1er janvier. Vu la poursuite de la crise sanitaire, nous avons demandé que l’on prolonge ce moratoire. Mais on n’en parle pas et on se félicite des chiffres en se disant que tout va bien. C’est une catastrophe. Cela va être difficile pour ceux qui n’ont pas commencé à payer leurs charges. Et l’on devra aussi accompagner en douceur ceux qui n’ont plus la force de se relancer. Je suis d’ailleurs prêt à me battre pour eux.”

Ferait-on l’autruche? “Non, on a peur de donner un mauvais signal en minant la confiance. Mais il y a aussi le fait que pour les curateurs et les huissiers, on leur a retiré le pain de la bouche.”

Et pendant ce temps, la relance wallonne…

Les entreprises sont stressées, la rentrée s’annonce chahutée et l’urgent prend le pas sur le… tout aussi urgent. “C’est perturbant parce qu’à côté de cette gestion de crise, nous devons poursuivre le traitement des dossiers de fond qui demandent énormément de travail et dont personne ne parle, comme la transposition des directives européennes en droit wallon, notamment en matière environnementale, dit Olivier de Wasseige. Nous devons nous battre pour que la Wallonie ne soit pas encore plus dure que l’Europe dans ce domaine.”

Sans oublier cette lame de fond, fondamentale, à ne pas perdre de vue. “L’enjeu majeur qui vient se rajouter à tout cela, c’est le plan de relance de la Wallonie, conclut le patron de l’UWE. Indépendamment du covid ou des inondations, nous avons besoin de réformes structurelles pour changer de braquet en Wallonie. Au-delà de l’échéance de 2024 et de la fin des transferts nord-sud, on ne peut plus se louper. Nous avions sorti, il y a 14 mois, notre version du plan de relance pour dire que la Wallonie n’a plus de joker. Plus on avance, plus nous sommes persuadés que c’est vrai et que ce sera difficile. Nous avions une législature pour changer les choses, mais l’échéance ne cesse de se réduire pour prendre des mesures qui seront irréversibles.”

Derrière la rentrée de tous les dangers se cache une autre période, tout aussi délicate, sinon davantage. Du stress, toujours du stress.

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