Les entreprises belges doivent s’attendre à une forte augmentation des coûts salariaux

Photo d'illustration © iStock

Le prestataire de services en ressources humaines SD Worx prévoit une forte augmentation des salaires et des coûts de la main d’oeuvre. Et ce, en raison d’une indexation des salaires sans précédent.

De fortes augmentations des salaires et des coûts de la main d’oeuvre” : voilà ce que prévoit le prestataire de services en ressources humaines SD Worx. Une projection mensuelle basée sur les chiffres provenant de l’inflation macro-économique du groupe, qui calcule plus d’un tiers des salaires du secteur privé en Belgique.

Selon ces prévisions, s’étalant jusqu’au 1er juillet 2023, l’organisme anticipe une indexation des salaires qui dépasserait les 12%. Tout en soulignant l’incertitude de ce chiffre, le prestataire affirme qu’il est “déjà clair” que la forte inflation des mois passés, et de ceux à venir, entraînera des indexations salariales “d’une rapidité et d’une ampleur sans précédent“. Sans précédent car sur la dernière décennie, le taux d’indexation moyen était inférieur à 2% par an.

L’indexation automatique des salaires en Belgique

Pour comprendre cette soudaine augmentation, il faut revenir sur le fonctionnement de l’indexation en Belgique. Notre pays dispose d’une indexation des salaires dite automatique. Lorsque les prix des biens et des services augmentent (inflation), les avantages sociaux, les salaires des fonctionnaires et ceux des travailleurs du secteur privé suivent automatiquement cette hausse. Une forte inflation entraîne donc une forte indexation des salaires et l’augmentation des coûts salariaux pour les employeurs. Logique.

Bien qu’il n’existe pas de système légal et général d’indexation des salaires en Belgique, dans presque tous les secteurs, ce lien existe. Le principe de l’indexation automatique est d’encaisser l’augmentation du coût de la vie causée, elle, par la hausse de l’inflation. A noter que chaque secteur suit ses propres accords, le calendrier et le pourcentage de l’indexation peuvent donc varier considérablement.

Le taux d’inflation le plus élevé depuis 40 ans

Vous l’auriez compris, cette hausse des salaires et des coûts salariaux proviennent donc de la montée de l’inflation. La Banque Nationale s’attend en effet à un taux d’inflation très élevé en 2022.

Comme expliqué précédemment, l’inflation est l’augmentation générale du niveau des prix des biens et des services. En 2021, l’inflation (exprimée par l’indice des prix à la consommation harmonisé) était déjà élevée avec une augmentation des prix de 3,2%. Cette année, le taux devrait atteindre plus du double. La Banque Nationale prévoit en effet un taux d’inflation de 7,4% pour 2022, et qui retomberait à 2,2% l’année suivante selon les projections.

SD Worx affirme que les derniers chiffres de l’inflation pour le mois de mars 2022 confortent ces prévisions. Avec un taux de 8,31%, on atteint le niveau le plus élevé depuis près de 40 ans. Soit depuis le mois de mars 1983, où le taux s’élevait à 8,92%.

Cette situation va donc fortement se répercuter sur les salaires et les coûts de la main d’oeuvre, mais à différent niveau selon les secteurs, comme l’explique Jean-Luc Vannieuwenhuyse, conseiller juridique de SD Worx:

Cette nouvelle semble rassurante car elle protège évidemment le pouvoir d’achat des salariés belges. Mais il y aura également une forte augmentation des coûts salariaux, avec des conséquences négatives pour la compétitivité des entreprises belges. Pour un certain nombre de secteurs tels que l’Horeca ou [les ouvriers de] la production alimentaire, il y aura une augmentation de plus de 8% au début de l’année prochaine, en plus de l’augmentation de 3% (au moins) de cette année. C’est sans précédent.

Le groupe précise que cette augmentation était constatée avant la guerre en Ukraine, mais que “l’Ukraine est venue augmenter une tendance qui était déjà présente“. Une tendance due à la raréfacation de certaines matières premières, déséquilibrant la balance de l’offre et de la demande et créant des tensions sur le marché.

Aurore Dessaigne

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content