Le “Green Friday”, contre l’hyperconsommation et les achats impulsifs

Au lendemain de Thanksgiving outre-Atlantique, la tradition commerciale du "Black Friday" lance les festivités d'achat de cadeaux (mais pas que), à un mois de Noël. © REUTERS

Il faut avoir vécu dans une caverne ces derniers jours pour ne pas être au courant que ce vendredi 23 novembre est le “Black Friday”, une tradition commerciale américaine débarquée il y a peu en Europe que des associations ont décidé de boycotter en lançant le “Green Friday”.

Promos à gogo affichées sur les vitrines des magasins, entendues à la radio ou envoyées par mails… Au lendemain de Thanksgiving outre-Atlantique, la tradition commerciale du “Black Friday” lance les festivités d’achat de cadeaux (mais pas que), à un mois de Noël. Depuis peu, de plus en plus de magasins physiques et d’e-shops ont sauté sur l’occasion pour introduire le concept en Europe. L’évènement commercial se transformant même petit à petit en “Black Week” avec des marques proposant des réductions sur quelques jours.

Et avec succès. Selon des chiffres de BeCommerce, l’association belge de la vente électronique, le “Black Friday” a eu un réel effet sur les ventes en ligne en 2017. Les e-shop ont engrangé leurs meilleurs résultats durant le dernier week-end de novembre. Selon les chiffres du syndicat neutre pour indépendants (SNI), un Belge sur deux a déclaré à la fédération du commerce et des services (Comeos) vouloir faire du shopping ce vendredi. Six commerçants sur dix ne participeront pas au “Black Friday” cette année, selon les chiffres de SNI.

Face à cette incitation à l’hyperconsommation et aux achats impulsifs souvent renvoyés à l’expéditeur (voir ci-après), des actions de sensibilisation s’organisent avec le Green Friday, initié en France en 2017. Dans l’Hexagone, le réseau Envie, qui regroupe une cinquantaine de structures engagées dans l’économie circulaire, est à l’initiative de cet événement “écocitoyen” avec cinq autres membres, dont Emmaüs et Ethiquable. L’ambition du mouvement, soutenu par la Ville de Paris, est d’encourager une consommation plus durable, plus responsable : réparer plutôt que jeter, acheter d’occasion ou local, allonger la durée de vie des produits… Les commerçants qui y participent reverseront 15% des ventes de vendredi à diverses associations.

Bien qu’aucun mouvement collectif du genre n’ait encore émergé en Belgique, l’initiative fait toutefois tache d’huile avec de nombreux commerces de proximité, épiceries ou magasins de seconde main qui proposent à leurs clients de réfléchir à leur consommation. Certains commerces rebaptisent l’évènement “fair Friday” et proposent à leurs clients d’arrondir leurs achats en faveur d’associations caritatives.

“Le Black Friday est un jour noir pour l’environnement”

L’ONG Greenpeace, de son côté, veut attirer l’attention sur le fait que le retour gratuit des colis génère de nombreux invendus qui finissent parfois à la broyeuse, en particulier à l’occasion de cette opération de super-promotions qu’est le “Black Friday”. “Plus on commande, plus on renvoie (…) chaque paquet a un impact sur le climat“, dénonce l’ONG environnementale. Elle pointe du doigt les comportements d’achat impulsifs en particulier chez les jeunes. Environ 30 % des articles réexpédiés par les clients déçus d’Amazon Allemagne finissent à la poubelle, a révélé une première enquête sur le sujet réalisée en juin par la télévision publique allemande (ZDF).

Greenpeace alerte tous les ans sur les dangers de cette action. L’ONG insiste notamment sur l’impact environnemental des biens de consommation textiles et électroniques, en tête des ventes lors du “Black Friday” l’an dernier. L’ONG cite notamment une enquête du cabinet de conseil McKinsey selon laquelle l’achat de vêtements a augmenté de 60% de plus qu’il y a quinze ans (la faute à la fast fashion) alors que 85 % des textiles achetés finissent à la déchetterie. “Le “Black Friday” est un jour noir pour l’environnement“, estime l’organisation. L’ONG lance cette année une campagne internationale intitulée “Faites quelque-chose”, qui invite à “ne rien acheter” vendredi, et à privilégier des activités durables.

Sans parler des conditions de travail des employés des grands groupes tel qu’Amazon, mis sous pression en cette période de fin d’année. En 2017, les salariés d’Amazon en Italie et en Allemagne avaient lancé un appel à la grève pour tirer la sonnette d’alarme quant à leurs conditions de travail à l’occasion du “Black Friday”. ” En Belgique, même si bpost assure être “opérationnellement prête à absorber le pic”, le retard accumulé lors de la grève du 12 novembre dernier pourrait bien ralentir les entreprises d’e-commerce dans leurs envois de commandes et frustrer pas mal de clients impatients.

Un peu d’histoire

Le “Black Friday” aurait vu le jour dans la seconde moitié du XXe siècle aux Etats-Unis, le lendemain de la Thanksgiving, qui est fêtée chaque année le quatrième jeudi du mois de novembre. Ce “vendredi noir” inaugure la période des achats de fin d’année. On attribue généralement l’origine du terme au langage comptable, lorsque les bilans étaient encore écrits à la main. Les comptes en perte étaient notés en rouge. Or, à l’approche des vacances, les revenus repartaient à la hausse, ce qui permettait de renouer avec la rentabilité, et les résultats positifs. Son appellation anglo-saxonne viendrait donc du fait de sortir les comptes de l’entreprise du rouge vers le noir (on parle d’encre), en vendant les surplus.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content