Carte blanche

“La crise ou le risque : entre intérêts citoyens et politiques, la cohérence se perd”

Sommes-nous tous égaux, tenant compte des enjeux politiques ? La question est cruciale, pour mieux comprendre les indiscutables dysfonctionnements de notre très (trop ?) fameux Codeco ?

Une crise impactant la sécurité et/ou la santé des personnes est, par définition, générée par l’impossibilité (ou l’incapacité …) de gérer le risque à prendre en compte ! Il est sain et normal de basculer en gouvernance de crise lorsque le danger (à l’origine du risque) peut avoir un impact majeur sur l’intégrité physique des personnes. Ce basculement permet de, précisément, comprendre le danger, évaluer le risque et surtout évaluer les meilleurs outils de gestion à développer pour permettre une approche optimale de gestion, dans l’intérêt de la santé publique.

Les citoyens, que nous sommes, sont en droit de se poser des questions quant à l’incapacité des gouvernants à gérer ce risque. En effet, comment expliquer qu’après toutes ces “vagues”, toutes ces affirmations quant aux effets miraculeux des vaccins (pour rappel : “ Vaccin = Liberté ” en mars dernier), la majorité de nos pays européens soient toujours en phase de crise ? Une volonté de leur part de nous soumettre à une gouvernance plus dure ? Une cabale destinée à réduire la population mondiale ? Un putsch économique du Big Pharma pour prendre le contrôle du monde futur ? NON, le complotisme récurrent, véhiculé par certains, ne sert qu’à pointer les coupables idéaux de la crise que nous subissons tous depuis trop longtemps. Souvenez-vous de ces affirmations de nos gouvernants qui nous juraient la main sur le coeur que les vaccins allaient nous sortir de cette crise ! Malheureusement, et la majorité des scientifiques l’ont d’ailleurs confirmés, dès le printemps 2021 : ce n’est qu’un message politique, pas le moins du monde une réalité scientifique !

Mais alors pourquoil’avoir affirmé me direz-vous ? Parce-que, politiquement, il fallait démontrer que la gouvernance de crise était performante, que les gouvernants avaient LA solution qui permettait de donner des perspectives aux citoyens qui les ont élus ! Un peu comme s’il n’était pas envisageable d’avouer que les gouvernants de cette crise n’étaient pas des magiciens et qu’ils avaient répondu à l’attente de la population. Les enjeux personnels, pour certains, ne font pas bon ménage avec leur mandat de gestionnaire de crise. Les échéances électorales approchent, chez nos voisins ! Le baromètre de popularité s’affole, dans les régions et les communautés de notre pays. Et personne ne veut payer la note politique de cette crise, pas plus à gauche qu’au centre qu’à droite d’ailleurs ! Tous en coeur, depuis une année, ils ont affirmé toutes les hypothèses … et leur contraire ; en terme de gestion de ce risque et de cette crise … mais les impacts sur les citoyens ne font que durcir, alors qu’ils auraient plutôt dû s’assouplir !

La gestion d’une crise, tout comme les principes de gestion d’un risque d’ailleurs, demande une approche objective et cohérente. La méthodologie de gestion, quant à elle, nécessite une approche méthodique, précise, pondérée et surtout motivée, si le but est toutefois bien de fédérer un pays et ses 11 millions de citoyens à adhérer à sa pertinence et à son bien-fondé ; et là je parle bien de cohérence de gouvernance de celle-ci … pas de pertinence et de cohérence pour les enjeux politiques des gouvernants !

Ma conviction est que les mesures décidées par notre Codeco ne sont pas le fond du problème … Elles ne sont que la résultante d’une gouvernance de crise qui s’est trompé de but à atteindre ! Quand, en 24 heures, certains de nos gouvernants, sont capables … sans complexe … de prétendre tout et son contraire, on ne peut que confirmer que la gouvernance actuelle se trompe de crise et de risque : la priorité du Codeco est de gérer le risque et la crise politique, bien plus que la crise sanitaire et le risque COVID-19 !

Réjouissons-nous du fait que le Conseil d’Etat ait enfin tiré la sonnette d’alarme … Non, il n’est plus possible de décider tout et n’importe quoi, sans autre concertation que la concertation politique entre les acteurs du Codeco ! Sacrifier la culture et l’événementiel en général, en les pointant systématiquement du doigt comme étant des secteurs à risque majeur ? Faire réaliser des tests à ce secteur, pour évaluer leur capacité à maîtriser le risque, durant l’été dernier … et surtout ne jamais prendre en compte les résultats positifs de ceux-ci ? Exiger de ces secteurs un suicide économique sur l’autel de la crise actuelle ? Est-ce bien raisonnable et responsable comme gouvernance de crise ? La définition de principes de gestion précis et motivés, une méthodologie cohérente et dynamique qui prend en compte les impacts directs et indirects du plan de gestion de crise … et enfin et surtout : une communication claire, objective, motivée et structurée ! Voilà les ingrédients essentiels pour atteindre un seul et unique but : Sortir les citoyens et le pays d’une crise sanitaire … et non plus préserver les intérêts politiques des gouvernants !

Pour conclure, je me permets d’insister sur une faute grave qu’il est essentiel de rapidement corriger : Cessez, Messieurs les politiques, d’encourager la division de notre société ! Vous tentez, par une communication dangereuse, inconsciente et maladroite, de convaincre du bien-fondé de votre plan de gestion du risque et, sans préjuger de la pertinence de votre principe de gestion, encore une fois votre méthodologie est défaillante : On ne peut pas prétendre vouloir fédérer 11 millions de citoyens en même temps qu’on encourage à la stigmatisation de quelques millions d’entre eux : c’est juste logique, vous ne trouvez pas ?

Une carte blanche de Christophe Samyn, Expert en gestion de crise & gestion de risques

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