L’automobile met les watts en Europe

L’électrification révolutionne le monde de l’automobile, notamment en Europe où les voitures à essence seront interdites à la vente en 2035.

La Chine pionnière

Le marché automobile européen a été fortement freiné en 2022 par les pénuries de puces électroniques. Mais les électriques, protégées par les constructeurs, ont bien résisté. Alors qu’elles représentaient moins de 2% des ventes en 2019, elles ont atteint 12,1% de parts de marché en 2022. Et l’année 2023 pourrait encore marquer une nouvelle accélération.

“La croissance des ventes d’électriques dépassera de loin celle du marché”, selon Al Bedwell, de LMC.

La Chine reste pionnière dans l’électrification de l’automobile, avec des politiques publiques très favorables jusqu’ici, et les ventes de voitures électriques (VE) y ont encore doublé en 2022. Mais elles pourraient ralentir en 2023, parallèlement à l’évolution de l’activité économique chinoise, selon les experts du cabinet LMC.

Le marché nord-américain, lui, tarde à prendre ce virage. Mais avec la multiplication des modèles à batterie chez Ford ou GM, notamment des pick-ups, la part d’électriques pourrait atteindre les 7% en 2023, avec 1,3 million de véhicules prévus, selon LMC.

Au total, une voiture vendue sur huit (12,5%) dans le monde pourrait être électrique en 2023.

Tesla leader

Tesla, le constructeur qui a initié la révolution électrique, continue d’être le plus gros vendeur mondial dans cette catégorie. La société d’Elon Musk a écoulé 1,3 million d’unités en 2022, son SUV Model Y en tête. Il prévoit une augmentation de 37% pour 2023, à 1,8 million d’unités.

Mais le Chinois BYD l’a dans sa ligne de mire: le constructeur a presque triplé ses ventes d’électriques en 2022 (à 900.000 unités) et compte se développer en Europe et en Amérique du Nord. Les fabricants chinois comme BYD ou NIO sont “les plus compétitifs du monde, travaillent plus dur et de façon plus intelligente”, a souligné Elon Musk lui-même fin janvier.

Les historiques du secteur comme Volkswagen (avec sa gamme ID mais aussi les marques Porsche, Audi ou Cupra) et le groupe Stellantis (Peugeot, Jeep) multiplient aussi les lancements de modèles électriques pour se positionner sur ce marché juteux. Les rois du luxe comme Rolls-Royce ou Ferrari prévoient de lancer bientôt leurs premiers modèles à batterie.

Seul Toyota continue de défendre les hybrides, les présentant comme une solution plus accessible et concrète pour la transition écologique.

Guerre des prix

Les voitures électriques restent en moyenne bien plus chères que leurs équivalents à essence, à partir de 35.000 euros, et donc inaccessibles à l’achat pour les classes moyennes, malgré de fortes subventions. Mais Tesla a annoncé début janvier des baisses de tarifs allant jusqu’à 20% en Europe et aux Etats-Unis, suivie par Ford.

En Europe, les constructeurs pourraient suivre la même voie, pour gagner des parts de marché mais surtout pour respecter des normes européennes d’émissions de CO2 de plus en plus exigeantes, selon l’analyste allemand Matthias Schmidt. “En 2022 il n’y avait pas assez de véhicules pour répondre à la demande. La situation pourrait s’inverser courant 2023 et les constructeurs devront +pousser+ leurs véhicules, et faire baisser les prix”, a commenté M. Schmidt.

Ils pourraient également réagir à l’arrivée des constructeurs chinois, qui en plus de proposer à tarif avantageux des électriques importées, envisagent désormais de les produire en Europe. Des modèles plus petits et moins chers, comme la Renault 5, doivent également arriver sur le marché dans les prochaines années.

Manque de bornes

La peur de la panne reste un des principaux facteurs qui empêche les automobilistes de passer à la voiture électrique. Leur autonomie est limitée à quelques centaines de kilomètres et les recharger peut prendre une vingtaine de minutes à plusieurs heures, selon la puissance de la borne.

Même si la plupart des recharges se font à domicile, le développement de réseaux de bornes pléthoriques et rapide est donc crucial pour les longs trajets, selon les représentants du secteur automobile.

L’UE aura besoin de 3,4 millions bornes de recharge en 2030, selon un rapport du cabinet McKinsey, avec des réseaux électriques mis à jour pour tenir le coup. Au total, cela pourrait représenter un coût de 240 milliards d’euros.

Derrière Tesla, des acteurs comme Fastned ou Ionity (qui rassemble BMW, Ford, Hyundai, Mercedes et Volkswagen) investissent pour mailler les bords de route.

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