Carte blanche

L’adoption de hardwares et des technologies n’est pas complète: l’IT doit stimuler les objectifs industriels

Les entreprises ont été durement touchées par le confinement et la pandémie. Elles ont dû consentir de lourds investissements pour garantir leur continuité et permettre à leurs collaborateurs de travailler à distance. Et pourtant, cette assimilation s’est opérée moins vite qu’on ne le pense. Avant l’éclatement de la crise sanitaire, beaucoup d’entreprises n’avaient pas encore amorcé leur mutation numérique. Un an plus tard, beaucoup de chemin reste à parcourir. Si le télétravail s’installe de façon permanente, des investissements devront être consentis en se focalisant cette fois sur la sécurité, la flexibilité et le bien-être du personnel.

L’an dernier, la vente de micros-casques a été multipliée par huit – mais ce n’est qu’un des nombreux exemples de l’impact qu’a eu l’épidémie de Covid-19 sur nos méthodes de travail. Certaines entreprises ont pu profiter du fait qu’elles avaient déjà adopté le télétravail avant la crise sanitaire, mais pour la plupart, ce n’était, au mieux, qu’un vague projet dans un avenir sans cesse reporté aux calendes grecques. Jusqu’à ce que le nouveau coronavirus contraigne toutes les sociétés à s’y conformer. Travailler à domicile était souvent la seule option pour maintenir le personnel en activité et garantir la continuité des opérations envers la clientèle.

Gestion de crise

Le coronavirus a certainement accéléré ce processus, mais on aurait tort de croire que tout est terminé. Bien au contraire. En fait, la transition se répartit en plusieurs phases. Dans la première, juste après l’éclatement de la crise sanitaire, les entreprises furent confrontées à de nombreuses interrogations. Personne ne savait combien de temps durerait le confinement, ce qu’allait réclamer le marché, ou quels seraient les besoins des utilisateurs pour continuer à travailler. Bref, c’était le flou intégral.

Si le télétravail s’installe de façon permanente, des investissements devront être consentis en se focalisant cette fois sur la sécurité, la flexibilité et le bien-être du personnel.

Bien vite, les entreprises tirèrent la sonnette d’alarme et basculèrent dans la seconde phase, de gestion de crise. Elles investirent dans des solutions temporaires afin de permettre à chaque collaborateur de se remettre au travail, d’une façon ou d’une autre. Ceci enflamma les ventes de solutions hardwares spécifiques, avec les micros-casques en vedette. Sur l’entrefaite, beaucoup de patrons se mirent à réfléchir pour donner plus de structure à leurs activités. Mais chez les firmes fort éloignées de la numérisation, on observe un retard énorme. On est même surpris du nombre de travailleurs qui, après un an de confinement ou presque, ne disposent toujours pas de webcam pour se contacter par vidéoconférence.

Certes, l’accent ne porte aujourd’hui plus sur l’urgence en vue de garantir la continuité des opérations, mais sur ce qui est nécessaire pour que les collaborateurs adoptent la nouvelle méthode de travail avec autant de souplesse et de sécurité que possible. Et pour stimuler la communication, car les réunions d’équipe n’ont jamais été aussi importantes pour donner aux uns et aux autres l’impression qu’ils s’inscrivent dans la culture de l’entreprise et contribuent concrètement à ses résultats. Nous sommes par conséquent à la veille d’une 2e vague d’investissements, qui viendra probablement pour l’essentiel des départements des ressources humaines des sociétés. Celles-ci doivent s’interroger si elles veulent ou non une solution définitive pour le télétravail. Et si, un an après le début de la pandémie, elles considèrent l’infrastructure IT comme un stimulant pour leurs objectifs industriels ou plutôt comme un poste de coûts.

Bien-être et facilité d’emploi

Les firmes qui n’ont pas encore engrangé de grandes avancées en matière de mutation numérique doivent s’efforcer, dans les prochains mois, de combler l’écart avec les premiers de cordée, les early adopters. Bien-être et facilité d’emploi doivent être deux incitants de poids. Songeons à l’installation d’un amplificateur du signal Wi-Fi chez les collaborateurs qui utilisaient essentiellement leur réseau pour la télévision numérique, mais qui aujourd’hui doivent pouvoir compter sur une connexion stable et rapide à des fins professionnelles. Ou à des accessoires pour un travail plus simple et plus ergonomique, comme un second écran, une station d’accueil pour ordinateur portable et un clavier externe. Car soyons-en sûrs : il reste beaucoup d’investissements à consentir au niveau du matériel.

Ces nouveaux défis amènent certaines sociétés à opter pour le modèle “as-a-service”. Elles peuvent ainsi pourvoir à l’équipement complet des bureaux domestiques de leurs travailleurs : depuis la chaise ergonomique jusqu’à tous les périphériques informatiques. Cette solution est non seulement intéressante pour les entreprises dont les budgets sont serrés en raison de la crise sanitaire, mais elle leur apporte en outre la flexibilité qui s’avère si essentielle de nos jours. Car si un travailleur veut quitter la boîte au profit d’une autre, son patron tient sans doute à transférer sans délai tout son équipement à un collègue. Dans le modèle as-a-service, c’est l’entreprise partenaire spécialisée qui se charge de réinitialiser le matériel et de l’installer quelques jours plus tard, parfaitement reconditionné, au domicile du nouveau travailleur.

Poste de travail 1.5

Tandis que certaines firmes s’efforcent de résorber leur retard, les early adopters s’affairent déjà à de nouvelles perspectives. En particulier celles concernant les nouveaux logiciels et applications avec l’intelligence artificielle. Ici aussi, les fournisseurs de hardware ont un rôle à jouer, par exemple en réfléchissant à l’impact de cette technologie sur l’emploi des machines et périphériques. Ou en se faisant épauler par des partenaires spécialisés qui s’efforcent de répondre aux questions spécifiques des clients.

Enfin, les entreprises doivent tirer profit de leurs investissements initiaux en hardware, en permettant à leur personnel de travailler de partout. Le patron qui donne à ses collaborateurs tous les moyens de travailler à domicile doit déterminer quel rôle jouera le bureau à l’avenir. Dans beaucoup d’entreprises, les travailleurs n’auront plus besoin de leur bureau ; les postes de travail devront dès lors être aménagés de façon suffisamment souple pour permettre une présence alternée de chacun. Et lorsqu’il faudra inviter des collègues travaillant à domicile à participer à une vidéoconférence, des moniteurs et des webcams supplémentaires devront être installés dans les salles de réunion.

Jusqu’où les entreprises doivent-elles aller pour organiser le poste de travail 1.5 ? Cela dépendra d’une situation à l’autre, mais il est clair que la crise sanitaire a amorcé la pompe et qu’il reste un long chemin à parcourir. En revanche, il est illusoire de penser un jour revenir à la situation initiale…

Alexander Goes, Country Manager chez Centralpoint Belgique

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