Hydrogène: pourquoi une “gigafactory” à Seraing?

Electrolyseur pressurisé alcalin produit par John Cokerill. © PG
Vincent Genot
Vincent Genot Coordinateur online news

Implantée par le groupe John Cockerill, l’usine devrait être opérationnelle dans les cinq ans. Elle densifiera une filière de production d’hydrogène sur laquelle la Belgique et la Wallonie comptent beaucoup.

Depuis plusieurs années, le groupe John Cockerill revendique le titre de leader mondial de la production d’hydrogène par électrolyse de l’eau. Il fabrique pour ce faire des électrolyseurs, dans son usine chinoise, d’une capacité annuelle d’un gigawatt (d’où l’appellation “gigafactory”).

La technologie est désormais mature, le moment est donc venu de l’essaimer à travers le monde afin de pouvoir répondre à la hausse de la demande d’énergie verte. Le groupe planche sur l’installation de huit gigafactories en Chine, en Inde, aux Etats-Unis, au Moyen-Orient et bien sûr en Europe. L’une d’elles est déjà en cours de construction à Aspach (Alsace) et une seconde usine européenne devrait être réalisée d’ici 2027 à Seraing, sur le site de la maison mère, a annoncé L’Echo.

John Cockerill possède une longueur d’avance avec la technologie alcaline, reprise dans la plupart des grands développements actuels.

Une gigafactory représente un investissement de l’ordre de 120 à 150 millions d’euros. On comprend que John Cockerill ne puisse assumer seul les huit usines projetées. Les choix d’implantation sont donc liés certes à des zones géographiques opportunesmais aussi à la présence de partenaires potentiels. C’est le cas à Seraing avec un apport sous forme de prêts convertibles de la SRIW (30 millions), de la SFPI (25), de la Socofe (10) et vraisemblablement de Noshaq (10).

Ces gigafactories sont en outre reprises parmi les projets d’intérêt européen et dès lors éligibles à un financement par l’Union. En soi, cet investissement n’est pas un gros pourvoyeur de main-d’oeuvre. On parle de la création d’une centaine d’emplois directs. Ils viendront toutefois conforter les 250 postes déjà occupés dans le pôle hydrogène de John Cockerill, en particulier dans la R&D.

Ecosytème émergent

Pour l’instant, le groupe possède une longueur d’avance avec la technologie alcaline, reprise dans la plupart des grands développements actuels. L’ambition est bien entendu de conserver cette longueur d’avance, maintenant que la compétition s’accentue, en continuant à investir dans la recherche.

Par ailleurs, la gigafactory viendra consolider un écosystème émergent autour de l’hydrogène. C’est vrai au niveau européen avec le projet Hy2Tech qui vise à développer une chaîne de valeurs autour de la technologie de l’hydrogène mais aussi en Belgique? On songe aux projets Hyoffwind à Zeebrugge (production d’hydrogène en utilisant l’énergie offshore) ou Columbus à Charleroi (captation de CO2 et combinaison avec de l’hydrogène vert pour produire de l’e-methane) dans lesquels John Cockerill est également en première ligne mais aussi à la production d’hydrogène par pyrolyse développée à Mons par Materia Nova ou même par biomimétisme moléculaire de la photosynthèse de l’algue bleue (H2Win à Nivelles).

Chaîne de valeurs la plus large

Il existe également plusieurs projets d’utilisation de l’hydrogène dans le transport que ce soit pour les bus à l’aéroport de Liège ou des péniches entre les ports de Liège et d’Anvers. Bien entendu, le développement de ces projets nécessitera des infrastructures et des entreprises pour en produire les différents éléments. Le cluster Tweed essaie de rassembler les forces wallonnes en ce domaine, afin de constituer la chaîne de valeurs la plus large et cohérente possible.

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