GSK annonce un plan de restructuration qui menace 720 emplois en Belgique

La direction de GlaxoSmithKline (GSK) a annoncé mercredi lors d’un conseil d’entreprise extraordinaire la mise en place d’un nouveau plan de transformation, prévu sur deux ans. Celui-ci impactera “au maximum” 720 personnes chez GSK Vaccines Belgique, majoritairement des cadres, indique l’entreprise. Quelque 215 contrats temporaires ne seront vraisemblablement pas renouvelés.

Le plan de transformation devrait concerner plusieurs départements de l’organisation Vaccines en Belgique, y compris les opérations de la R&D recherche et (développement), de la fabrication et du service qualité, ainsi que les fonctions globales de support.

Le nouveau programme doit préparer la séparation du groupe GSK en deux nouvelles entités: une nouvelle société de santé grand public (Consumer Healthcare) et “Le New GSK”, une société biopharmaceutique. Cette dernière aura une approche commune de R&D focalisée sur la science en relation avec le système immunitaire, l’utilisation de la génétique et des nouvelles technologies.

Le plan doit permettre à l’entreprise de “gagner en efficacité”, indique la direction. “La simplification de l’organisation rendra l’entreprise plus agile.” Ces changements doivent “maintenir sa position sur le long terme dans le domaine de la vaccinologie”.

GSK annonce également que, dans les prochaines années, elle augmentera ses investissements en R&D pour accélérer le développement et la mise sur le marché de nouveaux vaccins. La direction a l’intention d’investir plus de 500 millions d’euros en Belgique au cours des trois prochaines années.

La phase de consultation devrait être lancée dans les prochains jours. GSK entend “réduire au maximum la période d’incertitude, en concertation et collaboration avec les partenaires sociaux”, ajoute la direction.

GSK Vaccines est la plus grande société de vaccins au monde et leader en innovation scientifique. Avec un effectif de plus de 9.000 collaborateurs, elle est la plus grande entreprise pharmaceutique de Belgique.

La Belgique reste le coeur de la division vaccins de GSK

GSK a confirmé mercredi que la Belgique reste le coeur de sa division vaccins, souligne la direction à la suite de l’annonce d’un plan de transformation. Ce plan doit permettre à GSK Vaccines de maintenir sa position de leader à long terme, indique Elisabeth Van Damme, porte-parole de l’entreprise.

Lors d’un conseil d’entreprise extraordinaire, la direction de GSK a annoncé mercredi la mise en place d’un plan de transformation, prévu sur deux ans, qui concerne “un maximum” de 720 employés chez GSK Vaccines en Belgique, majoritairement des cadres. En outre, 215 contrats temporaires ne devraient pas être renouvelés.

Cette restructuration, qui s’appuie aussi sur plus de 500 millions d’euros d’investissements en Belgique au cours des trois prochaines années, doit accélérer le processus d’innovation et le développement des vaccins, améliorer les infrastructures de production et simplifier l’organisation de l’entreprise, détaille la direction.

“Même si la division se porte bien, GSK veut rester leader dans le domaine de la vaccinologie et se prépare pour l’avenir”, explique Elisabeth Van Damme. “Dans ce secteur, il est nécessaire de réfléchir à très long terme. Nous devons anticiper le futur.”

Malgré les suppressions d’emplois, la direction souligne l’importance et le rôle stratégique de la Belgique pour sa division vaccins. Le pays abrite le siège social mais également le centre historique de R&D (recherche et développement) des vaccins à Rixensart ainsi que le plus grand site de fabrication de vaccins au monde à Wavre. L’entreprise compte un effectif de quelque 9.500 personnes sur le territoire belge.

A la suite de ses annonces, les syndicats ont partagé leur crainte que cette restructuration soit la première d’un plan de transformation plus global, qui réduirait l’emploi ouvrier dans les prochaines années. “Ce n’est pas à l’ordre du jour”, réagit la porte-parole.

Les réactions:

Le monde politique wallon regrette “un coup rude pour l’emploi”

“C’est une situation extrêmement grave qui retient toute l’attention de notre gouvernement”, y a ainsi souligné le ministre wallon de l’Economie, Willy Borsus (MR) en assurant que l’exécutif fera tout pour réduire au maximum le nombre de licenciements. “Mais GSK, c’est aussi 500 millions d’investissement et 9.500 emplois. Notre réaction doit être adaptée”, a-t-il ajouté.

“C’est une annonce terrible. Chaque emploi sauvé sera une victoire”, a renchéri la ministre régionale de l’Emploi, la socialiste Christie Morreale.

Le gouvernement wallon aura un entretien, demain/jeudi après-midi, à l’Elysette, avec l’administrateur délégué de GSK avant une rencontre, vendredi, avec les représentants des travailleurs, a de son côté confirmé le ministre-président régional, Elio Di Rupo.

Une réaction rapide saluée par le député wallon Ecolo Manu Di Sabato, selon qui “il faut mobiliser l’ensemble des forces vives wallonnes tout en étant aux côté des travailleurs”, y compris ceux qui occupent un emploi indirect et “dont on parle moins”.

“La restructuration chez GSK est un séisme et un drame pour toute la Wallonie”, a pour sa part estimé André Antoine (cdH).

“Nous nous devons d’être du côté des travailleurs pour minimiser au maximum l’impact de la décision du management”, a quant à lui affirmé, sur Twitter, le chef de groupe du MR au parlement wallon, Jean-Paul Wahl.

Quant au PTB, il a rappelé le peu d’impôts que paie la multinationale. “GSK fait plus de 500 millions d’euros de bénéfices et la loi lui permet de limiter ses impôts à 0,1%. A quand une loi pour interdire à des boîtes comme #GSK de licencier? “, s’est ainsi interrogé, sur Twitter, le chef de file de l’extrême-gauche au parlement régional, Germain Mugemangango.

“Il faut mettre un terme à ces politiques qui donnent tous les droits aux multinationales et qui réduisent des êtres humains, celles et ceux qui ont créé les richesses, à des variables d’ajustement budgétaire”, a enchaîné le porte-parole du parti, Raoul Hedebouw.

Selon le PTB, sur un bénéfice de 516 millions d’euros en 2018, GSK a payé 555.000 euros d’impôts en Belgique. Ce montant correspond à un taux d’imposition réelle de 0,1% grâce à la “déduction pour revenus de brevets” qui prévoit que 80% des revenus issus des brevets soient exonérés d’impôts. Une mesure “inefficace” qui ne favorise pas les investissements dans la recherche et ne préserve même pas l’emploi, juge le parti.

“Il faut arrêter que les multinationales se croient tout permis. Nous réintroduirons notre proposition de loi visant à pouvoir interdire les licenciements des multinationales qui font des profits”, a enfin averti Raoul Hedebouw.

Le gouvernement wallon “mobilise ses moyens d’actions”

Ayant pris connaissance de l’annonce de GSK Vaccines d’un plan de restructuration, le gouvernement wallon a décidé de mobiliser ses moyens d’actions, a-t-il officiellement réagi mercredi après-midi.

Le ministre-président Elio Di Rupo, le ministre de l’Economie Willy Borsus et la ministre de l’Emploi et de la Formation Christie Morreale rencontreront dès ce jeudi la direction de GSK et ce vendredi les représentants des travailleurs à l’Elysette, a par ailleurs confirmé l’exécutif régional.

Le secteur du pharma et des biotech est le secteur n°1 en Wallonie en termes de valeur ajoutée. Il représente plus de 15.000 emplois directs, dont près de 4.000 dans des PME, et 27% des exportations wallonnes.

Ecolo est aux côtés des travailleurs pour préserver leurs droits

L’annonce d’un plan de restructuration chez GSK et la menace du licenciement de 720 travailleurs et du non-renouvellement de contrat pour 215 travailleurs de l’entreprise est une véritable tragédie pour les familles concernées et un très mauvais coup pour l’économie wallonne. Ecolo est bien sûr solidaire des travailleurs et refuse de se résigner face à cette situation et appellent à la mobilisation de toutes les forces politiques pour préserver un maximum d’emploi, pour garantir les droits des travailleuses et travailleurs concernés mais aussi pour confirmer l’ancrage wallon de l’entreprise.

“Il est particulièrement interpellant qu’une entreprise de pointe comme GSK, bénéficiant d’importants soutiens publics et réalisant des profits élevés, décide d’une mesure aussi radicale, même si elle est présentée comme une réorganisation interne et comme le résultat d’une volonté d’investissement dans la Recherche & Développement”, commente Manu Disabato, député wallon Ecolo. “Cela interroge à nouveau la conditionnalité des aides publiques au bénéfice de l’emploi apportées à ce type d’entreprise et la solidité de ses engagements sociétaux. En tant qu’écologistes, nous attendons que les autorités veillent au respect de ces principes”, ajoute Manu Disabato, qui a également interpellé ses collègues cet après-midi au cours de la séance plénière du Parlement de Wallonie.

Les écologistes veilleront également à s’assurer du respect des droits des travailleurs, que ce soit de façon collective, via l’application de la Loi Renault, ou individuelle, en matière de conditions de licenciement et d’accompagnement vers un autre emploi.

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