Frédéric Rouvez, CEO d’Exki: “Il y a plein de citoyens prêts à se battre”

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Frédéric Rouvez, le cofondateur d’Exki, a lancé un appel à la mobilisation de la société belge contre le Covid-19. Un énorme succès sur les réseaux sociaux, mais un coup d’épée dans l’eau du côté des sphères gouvernementales.

Votre carte blanche fait le buzz depuis quelques jours. Avez-vous eu un retour de la part du monde politique ?

Non. J’étais sur le plateau de RTL-TVI en compagnie de deux ministres et d’un président de parti. Ils m’ont dit qu’ils avaient lu mon texte, c’est tout. Aucune sollicitation de leur part. Cela m’attriste car prendre conscience et ne rien faire, c’est pour moi la pire des choses…

L’expert Marius Gilbert était présent lui aussi. Il estime que mes propos viennent trop tard. Ça me choque. Il sera trop tard le jour où nous serons tous morts. D’ici-là, nous pouvons agir. C’est cela mon message, même si je comprends que passer à l’action ne soit pas le rôle d’un expert, fût-il aussi brillant que Marius Gilbert. Ma carte blanche a été partagée 500.000 fois en un week-end sur les réseaux sociaux, cela veut quand même dire quelque chose ! Il y a plein de citoyens qui sont prêts à se battre.

2. Le gouvernement n’a pas pris ces mesures de gaieté de coeur, mais parce que les chiffres de l’épidémie sont très inquiétants dans notre pays. Ne partagez-vous pas cette inquiétude ?

Je n’ai pas lancé un appel à la contrebande. Nous devons bien entendu respecter les règles, les gestes barrières. La profession s’est mobilisée pour cela, les restaurateurs ont investi pour protéger leurs clients, ils ont consciencieusement noté les coordonnées des convives, comme on le leur demandait. Et pour quelle récompense, aujourd’hui ? Les restos sont accusés d’être le principal lieu de contamination… Certes, il y a sans doute, ici comme ailleurs, des brebis galeuses, qui méritent d’être sanctionnées. Mais pourquoi pénaliser tout le secteur ?

Les hôpitaux sont débordés, le personnel soignant est exténué. Mais nous pouvons réfléchir à d’autres solutions. Gérer les flux dans les centres de testing, ce n’est pas le job d’un directeur d’hôpital. Confions plutôt cela au personnel des aéroports, habitué à administrer ce genre de choses. Mobilisons les bonnes volontés – en Belgique, elles sont nombreuses.

3. On a présenté votre sortie comme un “coup de gueule”. Mais n’est-ce pas surtout une main tendue ?

Tout à fait. Au soir de l’annonce des mesures, comme beaucoup de Belges, j’étais abattu, en colère. La colère traduit l’existence d’une grande énergie, qui peut se muer en énergie positive. C’est cela, le but de ma démarche. On nous dit que nous sommes en guerre contre le virus ; si nous sommes en guerre, mobilisons les troupes et organisons la résistance. Nous en sommes parfaitement capables. Et surtout, nous avons tous envie d’être utiles.

Il n’y a jamais eu autant de solidarité qu’au mois de mars de cette année. Des particuliers, des associations, des entreprises, se sont mis à coudre ou à produire des masques et d’autres éléments de protection. Pourquoi ne pas s’être appuyé sur cette mobilisation pour construire une réponse efficace, à laquelle les citoyens auraient largement adhéré ? Pour paraphraser Winston Churchill, nous sommes prêts à verser du sang, de la sueur et des larmes quand la cause le justifie ; les gens ont envie d’entendre de tels messages, ils veulent qu’on leur demande d’agir, de se mobiliser dans un effort collectif.

Propos recueillis par Christophe De Caevel

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