Clarisse Ramakers (Agoria): “Les entreprises ont des solutions pour répondre à la hausse du coût de l’énergie”
Face au choc actuel, Clarisse Ramakers, la directrice de la fédération des entreprises technologiques (Agoria) appelle surtout le monde politique à soutenir les innovations du secteur. La transition énergétique est la solution.
1. Quel est l’impact de cette hausse de la facture énergétique?
L’impact se situe à deux niveaux. L’augmentation en tant que telle est évidemment une charge pour nos entreprises. On ne sait pas encore la chiffrer mais c’est un coût important. Ensuite, il y a l’impact sur l’indexation des salaires du personnel: si l’on reste dans la situation actuelle, cette indexation sera d’environ 4%, ce qui représente 700 millions d’euros pour l’industrie technologique.
2. Le monde politique évoque un chèque de 200 euros pour la majorité des ménages, là où certains partis voulaient une baisse de la TVA. Quelle solution préconise votre secteur?
Les entreprises de notre secteur ont la volonté d’avoir une approche globale de la problématique de la consommation énergétique en amenant des propositions sur sa diminution. Il y a d’abord tout ce qui concerne la rénovation des bâtis. En isolant, bien sûr, mais aussi en utilisant des nouvelles technologies qui mesurent mieux cette consommation. Des logiciels particuliers, intégrant en partie l’intelligence artificielle, permettent de mieux anticiper les choix, ce qui est essentiel.
Par ailleurs, nos entreprises ont déjà fait beaucoup d’efforts pour réduire leurs émissions de CO2 et sont prêtes à travailler ensemble sur des périmètres territoriaux pour mettre en place des communautés d’énergie. Il s’agit de prendre l’énergie comme une ressource circulaire: certaines entreprises en produisent trop par rapport à leur consommation et d’autres peuvent la récupérer. Ce sont de nouvelles approches qui nécessitent des cadres légaux qui le permettent, bien sûr. Mais avec les nouvelles technologies, notre secteur apporte beaucoup de solutions à cette transition énergétique.
3. Vous ne parlez pas d’aide politique, vos entreprises comptent surtout sur elles-mêmes?
Oui, les entreprises ont décidé depuis un certain temps d’être des actrices de la transition énergétique. Elles sont innovantes. C’est une force pour la Wallonie, comme on le voit notamment avec John Cockerill qui s’est lancé dans l’hydrogène ou qui a l’ambition d’être autosuffisant d’ici quelques années grâce au photovoltaïque. Je ne connais aucune entreprise qui ne parle pas de cette transition. Toutes se rendent compte que si elles veulent continuer à attirer des talents, elles doivent se soucier de leur empreinte carbone car c’est une vraie préoccupation pour les jeunes qu’elles veulent recruter. Le politique doit toutefois prendre ses responsabilités en permettant aux grandes entreprises de participer aux communautés d’énergie. Le choc énergétique actuel démontre que la transition énergétique est la seule solution. Le gouverne- ment fédéral doit fixer un cap clair dans le cadre du débat sur la sortie du nucléaire et s’y tenir afin de donner des perspectives pour les investissements de nos entreprises.
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