Pourquoi une des familles d’AB InBev mise sur PaxFamilia

Les actionnaires de PaxFamilia: Stéphane Vermeire (BNP Paribas Fortis), Guillaume de Monie, Gaëtane Meurant et Guillaume Desclée (les trois fondateurs) et Valentine de Pret (famille de Pret). © PG
Sebastien Buron
Sebastien Buron Journaliste Trends-Tendances

Spécialisée dans la gestion patrimoniale en ligne, la jeune pousse lève un gros million d’euros auprès de BNP Paribas Fortis et de la famille de Pret, actionnaire de référence du géant mondial de la bière. Objectif: accélérer la croissance et gagner en autonomie.

S’il existe une catégorie de start-up belges qui réussissent à tirer leur épingle du jeu malgré la pandémie, PaxFamilia en fait assurément partie. Spécialisée dans les outils en ligne d’aide à la gestion patrimoniale, la plateforme vient de boucler une nouvelle levée de fonds de 1,4 million d’euros. Outre BNP Paribas Fortis, actionnaire historique de la jeune pousse, on retrouve dans le tour de table la famille de Pret, actionnaire belge de référence du géant mondial de la bière AB InBev.

Les moyens récoltés doivent permettre à la start-up fondée en 2018 d’accélérer la diffusion de son produit. “Cet argent frais doit nous permettre de continuer à investir dans notre croissance en offrant plus de fonctionnalités à un plus large spectre de conseillers, indique Guillaume Desclée, CEO et cofondateur de PaxFamilia. Cela passera notamment par une digitalisation de notre processus de vente, une gestion plus intégrée et encore plus sécurisée des données clients (arbre généalogique de la famille, contrat de mariage, immeubles, portefeuilles de titres, assurances, etc., ainsi que les éventuelles donations déjà réalisées, Ndlr), sans oublier une amélioration de l’expérience utilisateur.”

L’arrivée de la famille de Pret doit permettre à la start-up de s’émanciper de BNP Paribas Fortis.

250.000 familles

L’objectif est ambitieux: il s’agit de devenir l’interface patrimoniale de référence pour 250.000 familles d’ici cinq ans en Europe. Les moyens récoltés seront-ils suffisants? “Il est vrai que le budget ne nous donne pas beaucoup de marge d’erreur, reconnaît Guillaume Desclée. Mais c’est exactement le montant dont nous avons besoin maintenant. Nous voulons d’abord prouver que notre modèle fonctionne et réussir notre expansion. Après, nous aurons peut-être besoin de plus de capital. Nous avons des investisseurs sur lesquels nous pouvons compter. Plus que la levée de fonds, ce qui est important pour nous dans cette augmentation de capital, c’est l’association avec une famille qui incarne totalement les valeurs que nous portons et qui dispose d’une expertise très forte dans notre domaine d’activité. Et puis, PaxFamilia est une entreprise qui marche. Nous avons un beau produit qui s’impose dans le marché, et pas seulement en Belgique. Nos ventes explosent en France, par exemple.”

Depuis son lancement commercial en 2018, la solution est en effet utilisée par plus de 17.000 familles au travers de conseillers financiers (dont plus de 15.000 rien que chez BNP Paribas Fortis). Employant une vingtaine de personnes, l’entreprise est désormais dans le vert. “Notre chiffre d’affaires tourne autour du million d’euros et nous avons atteint le seuil de rentabilité l’an dernier”, confie Guillaume Desclée.

Un autre regard

Si ce dernier et les deux autres fondateurs (Gaëtane Meurant et Guillaume de Monie) restent actionnaires majoritaires, l’arrivée de la famille de Pret doit donc permettre à PaxFamilia de se déployer plus massivement auprès de toute une série de conseillers financiers: banques, Big Four, family offices, asset managers, fiduciaires, courtiers en assurance et autres gestionnaires patrimoniaux au Benelux et en France. Autrement dit, générer du volume.

“Nous ne voyons pas seulement dans PaxFamilia un investissement qui offre de belles perspectives, explique Valentine de Pret, une des trois filles d’Arnoud de Pret et nouvelle présidente du conseil d’administration de PaxFamilia. Nous sommes convaincus que le modèle répond à un vrai besoin de digitalisation en matière de planification familiale et successorale qui devrait devenir la norme. En tant que famille, nous sommes très organisés sur le plan patrimonial et nous valorisons très fort l’écosystème des conseillers. Un écosystème que nous connaissons bien et qui mérite d’être modernisé. Entrer dans PaxFamilia est pour nous une manière de démocratiser cette approche patrimoniale digitalisée, de faciliter le travail des conseillers et de rendre plus efficace.”

Pourtant, la famille n’a pas vraiment pour habitude d’investir dans des start-up, concède Valentine de Pret. “Nous ciblons plutôt les entreprises qui sont déjà plus avancées dans leur développement. Mais ici, nous entrons dans le capital d’une start-up qui a des bases vraiment solides. L’an dernier, elle a réalisé un résultat opérationnel positif. Les trois fondateurs sont très complémentaires. De plus, BNP Paribas Fortis est un partenaire de référence que nous apprécions beaucoup. Dans ce contexte, notre rôle sera surtout de faire évoluer la gouvernance de l’entreprise pour rééquilibrer la relation avec son actionnaire historique”, complète Valentine de Pret.

Ouverture graduelle

Depuis qu’elle a pris une participation de 25% du capital dans la société, BNP Paribas Fortis est en effet fort impliquée dans le développement de PaxFamilia. “La collaboration avec BNP Paribas Fortis nous a beaucoup apporté, confie Guillaume Desclée. Nous avons pu développer notre produit très rapidement.” Une collaboration dont se félicite également la banque au logo vert. “Nous sommes ravis d’avoir fait cet investissement dans PaxFamilia voici deux ans, souligne Stéphane Vermeire, general manager private banking & wealth management. Au lieu de développer une telle plateforme nous-mêmes, il a été plus efficace pour BNP Paribas Fortis de collaborer avec une fintech belge. Quant aux clients, ils sont ravis aussi. Ils nous remercient de leur avoir proposé ce genre de solution qui renforce nos banquiers privés dans leur rôle de conseillers. Et puis, toutes les banques parlent aujourd’hui de beyond banking (littéralement, service au-delà de la banque) et ont envie de se développer en dehors de la simple relation bancaire. PaxFamilia en est précisément un bel exemple.”

Mais l’arrivée de la famille de Pret dans le capital de la petite start-up a aussi pour but de rendre la solution bientôt disponible à d’autres institutions bancaires belges. En effet, “dès le départ, nous avons beaucoup contribué au développement de PaxFamilia, poursuit Stéphane Vermeire. Il était donc important de nous assurer une certaine forme d’exclusivité. Mais cette exclusivité va progressivement évoluer dans les années qui viennent pour pouvoir ouvrir graduellement la solution PaxFamilia à d’autres acteurs et l’aider à se développer à l’international.” De fait, complète Valentine de Pret, “notre arrivée correspond à cette volonté d’ouverture pour que PaxFamilia puisse continuer à innover et à croître de manière indépendante et dans l’intérêt des clients“. Autrement dit, s’émanciper du groupe BNP Paribas, “tout en laissant à celui-ci une longueur d’avance sur la concurrence”, conclut Guillaume Desclée.

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