Pour l’instant, les finances russes se portent bien, selon la Banque centrale de Russie
Malgré la multiplication des sanctions, l’économie russe affiche un excédent record de la balance entre ses exportations et la valeur de ses importations au premier trimestre 2022. Les prix élevés de l’énergie et la poursuite des achats de gaz et de pétrole russes ont permis au pays de maintenir des exportations importantes. Ce qui montre les limites des sanctions économiques actuelles.
Selon l’estimation préliminaire de la Banque centrale de Russie, le pays enregistre un excédent de 58,2 milliards de dollars entre ses exportations de biens et de services et ses importations, de janvier à mars 2022. Des résultats qui ont permis à la Russie de multiplier par plus du double l’excédent de son compte courant de balance des paiements par rapport à 2021, sur la même période.
Et selon le schéma d’évaluation du compte courant, cet excédent n’a fait que croître au cours des derniers trimestres. En détails, au deuxième trimestre de 2021 (T2 2021), l’excédent du compte courant de la balance entre importations et exportations était de 17,5 milliards de dollars ; 35,5 milliards au T3 2021 ; 46,6 milliards au T4 2021 ; et enfin 58,2 milliards pour le T1 2022.
Cet excédent semble être favorisé par le maintien des prix élevés du gaz et du pétrole, qui permet à la Russie de réclamer un prix haut pour ses propres exportations. Un levier crucial pour une économie dont l’exportation d’énergie représente presque la moitié de son budget.
Le pétrole et le gaz naturel, 45% du budget fédéral russe
Selon l’IEA, l’Agence internationale de l’énergie, la Russie dépend fortement des revenus du pétrole et du gaz naturel, qui représentaient 45% du budget fédéral russe en 2021.
Le pays est en effet l’un des trois premiers producteurs de pétrole brut au monde, se disputant la première place avec l’Arabie saoudite et les États-Unis. En 2021, la production russe de pétrole a atteint 10,5 millions de barils par jour (bpj), soit 14% de l’offre mondiale totale. La Chine est le plus grand importateur de brut russe (1,6 million de bpj), mais les pays européens rassemblés dépassent ce volume, avec 2,4 millions de bpj.
La Russie est également le deuxième plus grand producteur de gaz naturel au monde, derrière les États-Unis ; possède les plus grandes réserves de gaz ; et est le premier exportateur de gaz du monde. En 2021, toujours selon l’IEA, la Russie a produit 762 milliards de mètres cubes de gaz naturel. Ce dernier représentait 45% des importations et près de 40% de la demande de gaz de l’Union européenne.
Ces chiffres, qui montrent en premier lieu la dépendance de l’économie russe à ses exportations d’énergie, révèlent aussi la part importante que possède l’UE sur ces exportations. Un résultat à double tranchant : si l’UE dispose d’un réel pouvoir de négociation en étant le plus gros “client” de la Russie en termes d’énergie, cela la rend également très dépendante.
L’énergie, le nerf de la guerre
Des derniers résultats qui peuvent surprendre au vu des sanctions économiques dont fait objet la Russie depuis le début de la guerre en Ukraine fin février. Mais on le sait, ces sanctions ne sont pas encore à leur maximum, et c’est d’ailleurs le principal point de tension dans les hautes sphères européennes.
A la dernière session plénière, le Parlement européen s’est prononcé en faveur d’un embargo total sur les importations de pétrole, charbon, combustible nucléaire et gaz en provenance de Russie. Une résolution adoptée par 513 voix pour, 22 contre et 19 abstentions. Mais une décision qui ne peut se faire sans l’approbation des Etats membres.
Un embargo qui semble difficile à envisager aujourd’hui, la Russie étant le premier fournisseur de l’UE pour le gaz naturel (41%), le pétrole (37%) et le charbon (19%), qui sont les principaux produits du mix énergétique de l’UE. Les importations russes représentant au total 24% du bouquet énergétique de l’UE en 2020.
Aurore Dessaigne
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