Mais où est donc passée la récession ?

En trois mois, les prévisions sont passées du noir noir au gris clair. Et les craintes de grosses récessions induites par la flambée des prix s’estompent, mais ne disparaissent pas.

Un peu partout, les statistiques montrent que les économies occidentales ont résisté mieux que prévu à la guerre en Ukraine et à la flambée des prix. Ainsi, si l’Allemagne a enregistré un petit tassement de l’activité au quatrième trimestre (-0,2%), notre économie en revanche s’est portée mieux que prévu. Selon les premières projections de la Banque Nationale, l’activité est restée en territoire positif, avec une croissance de 0,1% pendant les trois derniers mois de l’année. Au final, la croissance du PIB de la Belgique atteint 3,1% sur l’ensemble de l’année 2022.

Cette révision vers le haut des statistiques est générale. Le Fonds monétaire international vient aussi de revoir ses positions ce mardi. L’économie mondiale, après avoir enregistré une croissance de 3,4% l’an dernier, devrait croître cette année de 2,9% (les précédentes projections du FMI ne tablaient que sur 2,7%). La croissance aux Etats-Unis, portée par la consommation des ménages et le plein emploi, devrait afficher 1,4% cette année, alors que les prévisions précédentes du FMI ne tablaient que sur 1%.

Un cafouillage statistique

Même sentient relativement positif pour la zone euro, dont la croissance a été revue à la hausse, à 0,7% en 2023 (la prévision précédente était de 0,5%). Ici, c’est le tassement rapide des prix de l’énergie et l’adaptation meilleure que prévu de la zone à la disparition des énergies fossiles russes qui explique en grande partie cette correction.

Même révision positive pour la Chine, dont la croissance cette année devrait atteindre 5,4%, alors que le FMI avait tablé sur 4,4% à l’automne.

Toutefois, comme le souligne Bernard Keppenne, le chief economist de CBC dans son blog, “entre le mea culpa du FMI, une inflation qui ne baisse pas en zone euro, quoi qu’on en pense, et une reprise en Chine qui semble se dessiner, il n’est pas simple de s’y retrouver.”

Car si la menace d’une récession, c’est-à-dire de deux trimestres consécutifs de croissance négative, s’éloigne, elle n’a pas disparu. Parmi les grandes interrogations, il y a, en Europe, la résistance des ménages et des entreprises à une inflation qui s’installe. Nous l’avons vu hier, l’inflation dans notre pays s’est transmise de l’énergie aux prix alimentaires. A cela s’ajoute la crainte d’un réveil des prix de l’énergie, car nul ne sait comment va réagir le marché du gaz au rebond de croissance de l’économie chinoise.

Et aux États-Unis, la grande interrogation concerne la résistance du marché immobilier, grand pourvoyeur de main d’oeuvre mais aussi source d’effet de richesse qui incite les ménages américains à consommer. Or, sur un an, en raison de la hausse des prix des matériaux et de la hausse des taux, le nombre de maisons vendues aux Etats-Unis a baissé de plus de 30%. Et les prix commencent à se tasser après 130 mois de hausses ininterrompues.

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