Le taux d’intérêt belge à un niveau négatif: quelles conséquences pour vos finances ?

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Ce mercredi matin, le taux belge à dix ans est descendu pour la première fois à un niveau négatif. Cela signifie que le gouvernement belge peut emprunter de l’argent gratuitement à des investisseurs pour une période de dix ans. Quelles sont les conséquences ?

Tant aux États-Unis qu’en Europe, les banques centrales ont opéré un virage à 180 degrés ces derniers mois et semaines. Au lieu de rendre le crédit plus cher comme cela était prévu, elles s’efforcent une fois de plus de proposer des prêts gratuits aux ménages, aux entreprises et aux gouvernements. Cet argent bon marché doit permettre aux gouvernements de procéder aux investissements nécessaires dans les infrastructures, et aux entreprises et aux ménages d’investir et de consommer pour faire tourner l’économie.

Les banques centrales redoutent en effet la paralysie des flux commerciaux internationaux en raison des barrières douanières qui se dressent de tout côté et du ralentissement de la croissance économique mondiale. Au début de cette année, la référence allemande à dix ans a plongé en dessous de zéro. Aujourd’hui, la Belgique rejoint le club des pays “sûrs” auxquels les investisseurs sont prêts à prêter de l’argent sans exiger d’intérêts en retour.

Ce faisant, les marchés financiers ne font pas pression sur les informateurs pour qu’ils forment un gouvernement et mettent de l’ordre dans le budget. Le Trésor belge n’éprouve dès lors aucune difficulté à financer les prêts publics qui viennent à échéance. Bien au contraire. Mais malgré ses conséquences positives, cette décision apporte également son lot d’effets secondaires négatifs pour le consommateur belge.

1. Économiser rapporte moins

Le législateur belge a prévu que l’intérêt de base pour le compte d’épargne réglementé ne peut pas être inférieur à 0,01% et que la prime de fidélité ne peut pas descendre en dessous de 0,10%. Celle-ci est acquise au bout de douze mois. De nombreux comptes d’épargne offrent déjà le rendement minimum. Un par un, les livrets d’épargne spéciaux qui permettent de gagner encore plus à certaines conditions deviennent de moins en moins avantageux.

Ces dernières années, plusieurs banques ont refusé aux entreprises l’accès au compte d’épargne réglementé. KBC et BNP Paribas Fortis entre autres ont transféré l’épargne des sociétés des comptes d’épargne réglementés vers des comptes d’épargne non réglementés. Crelan les a imitées au mois de janvier.

Aux Pays-Bas, il arrive que les particuliers qui détiennent plus de 5 millions d’euros sur un compte d’épargne versent des intérêts à la banque et non l’inverse. En Belgique, aucune institution bancaire à notre connaissance n’a osé franchir ce pas. Certaines banques belges appliquent toutefois un taux d’intérêt négatif aux grandes entreprises pour garder en lieu sûr de grosses sommes d’argent.

Dans notre pays, les particuliers qui mettent de l’argent de côté voient leur pouvoir d’achat s’amenuiser car l’inflation est supérieure aux taux d’intérêt de l’épargne, mais leur banque ne leur réclame encore rien pour conserver leur bas de laine.

2. Emprunter ne sera pas forcément moins cher

Si le gouvernement belge peut emprunter à un taux avantageux, on pourrait s’attendre à ce que les entreprises et les ménages paient désormais moins d’intérêts sur leurs prêts. Mais cela est-il envisageable quand on sait que les intérêts sur un crédit immobilier ou auto sont déjà très faibles ?

De plus, un autre facteur s’est invité dans la partie depuis la semaine dernière puisqu’il est plus coûteux pour les banques de stocker les prêts dans leur bilan. La Banque nationale de Belgique (BNB) a en effet décidé que les banques doivent aménager un “coussin” plus épais pour couvrir d’éventuelles défaillances de prêts. Le régulateur du secteur financier a exhorté les banques à la prudence en matière de prêts, en particulier de crédits hypothécaires. Il craint que l’impact d’un effondrement des prix de l’immobilier ou d’une crise économique sur les banques n’entraîne des pertes d’emplois.

3. Nouvelle augmentation des frais bancaires

Le début de cette année a été marqué par une augmentation des frais bancaires. Les banques ne gagnent plus aussi facilement de l’argent avec le mécanisme de transformation de l’épargne en prêts. Les Belges laissent dormir énormément d’argent sur leur compte d’épargne parce qu’ils n’osent pas investir dans des actions, craignent que leur pension légale ne suffise pas, etc.

Les banques doivent s’assurer chaque jour que le rapport entre les crédits et les dépôts est en équilibre. L’épargne excédentaire doit être versée à la Banque centrale européenne (BCE) moyennant une pénalité de 0,4%. La BCE impose ce taux pour encourager les prêts et stimuler l’économie, mais celui-ci est dommageable pour les banques à qui il a coûté quelque 7,5 milliards d’euros en 2018.

Qui dit banque saine, dit rentabilité. Les institutions bancaires ne disposent que de quelques pistes pour augmenter leurs bénéfices : réduire leurs dépenses, facturer des frais plus élevés ou puiser dans d’autres sources de revenus, telles que la vente de fonds de placement ou d’assurances.

Traduction : virginie·dupont·sprl

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